aires marines protégées (suite)
La France vise à protéger au moins 30 % de son territoire terrestre et marin d’ici à 2030, avec 10 % placés sous protection forte.
Pour la première fois, la France se dote d’une stratégie unifiée pour la métropole et les outre-mer qui reconnaît le lien évident entre les enjeux terrestres et marins. Elle concerne tous les types statutaires d’aires protégées, et s’intéresse tant à leur création qu’à leur gestion. « Cette stratégie est construite sur la continuité écologique terre-mer afin de constituer un réseau cohérent d’aires protégées », explique Bérangère Abba, secrétaire d’État à la Biodiversité.
La stratégie nationale pour les aires protégées s’attache à mettre en œuvre des objectifs et des actions clairement définis. « Cette stratégie s’accompagne de cibles et d’actions concrètes, ce qui n’était pas le cas des stratégies précédentes. Elle est construite pour être évaluable, avec des indicateurs bien définis », note Sophie-Dorothée Duron, adjointe du directeur de l’eau et de la biodiversité au sein du ministère de la Transition écologique.
Parmi les grands objectifs figure la mise en œuvre de zones de protection forte, espaces géographiques dans lesquels les activités humaines susceptibles de compromettre la biodiversité sont supprimées ou significativement limitées. Leur sélection doit être rapidement menée. « Le parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis a prévu sur deux ans une action approfondie pour identifier les zones de protection forte, c’est ce type d’action qu’il faudra mener partout », pointe François Gauthiez, directeur de l’appui aux stratégies pour la biodiversité à l’Office français de la biodiversité (OFB).
Au-delà de la définition de ces zones, les acteurs doivent être attentifs à la gestion effective des espaces protégés : « La quantité – la superficie des aires protégées – doit aller de pair avec la qualité, l’efficacité de la gestion ainsi que la représentativité écologique du réseau d’aires protégées », souligne Maud Lelièvre, présidente du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
« Il faut des actions de gestion efficientes et réelles », complète Dominique Godefroy, vice-président de l’Association nationale des élus du littoral (Anel). « La question des moyens se pose. L’accès aux programmes européens de financement doit être amélioré. Un autre axe consiste à montrer que les aires protégées sont des leviers pour l’ensemble de l’économie. C’est un changement de paradigme qui ouvre la voie à d’autres modes de financement. »
Pour ce faire, la stratégie nationale des aires protégées s’appuiera sur trois plans d’actions dont le premier s’achève en 2023. L’OFB pilote ou copilote près de la moitié des actions qui en découlent. « Nous passons d’une stratégie de l’État à une stratégie de la nation ou chacun participe, les collectivités, les usagers du milieu, les gestionnaires », décrypte Michel Sommier, directeur des parcs et aires protégées à l’OFB.
Dans cet esprit, les conseils de gestion des parcs naturels marins, réunissant tous les acteurs de la mer, seront impliqués pour porter des propositions dans les parcs.
Au niveau financier, 11 millions d’euros supplémentaires sur trois ans pour les aires protégées ont été inscrits dans les projets de loi de finances et 60 millions d’euros leur seront dévolus dans le cadre du plan France relance. Un effort inédit auquel s’ajoute le maintien de 40 postes au profit des gestionnaires d’aires protégées.
LE MARIN