« Changement climatique défi le plus vital au développement de l’Afrique » COP 27 en Egypte Oct 2022
In Témoignages – Journal fondé le 5 mai 1944
par le Dr Raymond Vergès
30 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2021. Le thème des Perspectives économiques en Afrique 2022 est comme une préparation à la prochaine Conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP27, dite « COP africaine » car elle aura lieu en Égypte en novembre 2022. Voilà cinq ans que cette Conférence des Nations unies sur le climat n’a pas eu lieu en Afrique – depuis la COP22 à Marrakech, alors que le continent n’a de cesse d’être confronté à une hausse alarmante des catastrophes climatiques.
Le thème des Perspectives économiques en Afrique de cette année est : « Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique », pour mettre en relief la menace grandissante sur les personnes et leurs moyens de subsistance en Afrique et faire écho à celui des Assemblées annuelles 2002 du Groupe de la Banque africaine de développement. C’est pourquoi l’édition 2002 du rapport est lancée à l’occasion de ces Assemblées, à Accra, au Ghana.
« Aujourd’hui, le changement climatique est le défi le plus vital qui se pose au développement de l’Afrique », a souligné l’économiste en chef par intérim et vice-président de la Banque, Kevin Urama.
« Trouver des politiques qui aident à s’adapter au climat et à réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en poursuivant le développement social et économique, est l’un des défis politiques les plus aigus de notre époque. Et d’ajouter : « Le rapport 2022 des Perspectives économiques en Afrique esquisse des options politiques – fondées sur des données probantes – à même d’impulser une croissance inclusive, tout en renforçant la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique. »
Conséquences de la guerre en Ukraine
A lire ces Perspectives économiques en Afrique, la pandémie et la guerre entre la Russie et l’Ukraine risquent, à l’évidence, de laisser une empreinte durable – sur une décennie. Pendant ce temps, en Afrique, quelque 30 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2021, une année qui a enregistré la perte de 22 millions d’emplois, causée par la pandémie. La tendance devrait se poursuivre au cours du second semestre de 2022, de même qu’en 2023. Ce sont 1,8 million de personnes supplémentaires qui pourraient plonger dans l’extrême pauvreté sur le continent africain en 2022, à cause des répercussions économiques liées à la guerre entre la Russie et l’Ukraine – un chiffre qui pourrait augmenter encore de 2,1 millions en 2023.
Entre 5 et 15% du PIB perdu à cause du changement climatique
Le continent aurait ainsi besoin de 432 milliards de dollars de financements supplémentaires pour 2020-2022, d’après les calculs. Financer les Contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays africains, c’est-à-dire leurs engagements à participer à l’action collective sur le changement climatique après 2020, requerrait quelque 1 600 milliards de dollars entre 2022 et 2030.
L’Afrique qui émet le moins de gaz à effet de serre au monde, est affectée de manière disproportionnée par le changement climatique. Le continent voit son PIB amputé de 5 % à 15 % à cause du changement climatique. Entre 2016 et 2019, les pays africains dans leur ensemble, n’ont capté que 18,3 milliards de dollars de financements climatiques. Soit un déficit de finance climatique qui pourrait atteindre 127,2 milliards de dollars entre 2020 et 2030.
4800 milliards de dollars de crédit carbone
L’Afrique pourrait même disposer d’un crédit carbone de 4 800 milliards de dollars d’ici à 2050 – sur la base du coût social actuel du carbone –, d’après le rapport.
La vulnérabilité de l’Afrique au changement climatique y est aussi soulignée. En 2020 et 2021, le continent a enregistré 131 catastrophes liées à des conditions météorologiques extrêmes et au changement climatique.
Cette édition de Perspectives économiques de l’Afrique est un nouvel appel à la communauté internationale à respecter ses engagements, notamment celui de 100 milliards de dollars annuels promis par les nations riches pour appuyer l’action climatique dans les pays en développement. Tout en soulignant les perspectives économiques qu’ouvre la croissance verte, elle recense aussi les milliards de dollars de pertes que les événements climatiques causent chaque année à l’Afrique. L’Afrique pourrait ainsi gagner quelque 20,5 millions d’emplois de plus d’ici à 2050, à condition que le monde ajuste sa consommation d’énergie et parvienne à maintenir le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.
L’économiste en chef et vice-président par intérim Kevin Urama et le vice-président chargé de l’Energie, du climat et de la croissance verte Kevin Kariuki et le président Akinwumi Adesina dévoilent les Perspectives économiques 2022