Rapport Ifremer sur les stocks de poissons en France

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Bateau de pêche français vers l’île de Ré
© Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : CC BY-NC-ND

L’évaluation 2022 affiche un bilan en demi-teinte. En France hexagonale, la part des débarquements issus de populations de poissons exploitées durablement stagne et s’établit à 51 % en 2021, contre 48 % en 2020 suite à la révision des chiffres de l’an dernier. Pour la première fois, l’Ifremer a élargi son diagnostic aux 5 départements d’Outre-mer. Il révèle des réalités très contrastées d’un département à l’autre

Après s’être largement amélioré depuis le début des années 2000, l’état des populations pêchées dans l’hexagone stagne depuis 5 ans : la part des volumes de poissons débarqués provenant de populations non surexploitées oscille autour de 50 % ; en revanche, le nombre de populations non surexploitées continue d’augmenter, il est ainsi passé de 56 en 2017 à 72 en 2021.
Cet apparent paradoxe s’explique cette année : d’un côté, par la dégradation de l’état de la population de maquereau de l’Atlantique Nord-Est, une espèce qui contribue à 7 % du total des volumes pêchés et, d’un autre côté, par le fait que les pêcheurs ont moins puisé dans les populations en bon état comme le merlu.

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Evolution de l’état des populations de poissons exploitées en France hexagonale sur la période 2000-2021 (part des débarquements en volume)
© J. Barrault / Ifremer 2023 – Licence : Tous droits réservés

Cette stagnation laisse présager qu’il sera difficile d’atteindre dans un futur proche l’objectif de 100 % des populations pêchées au niveau du rendement maximum durable (RMD) fixé par la Politique commune de la pêche. Tout comme celui de la Directive-cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM) qui préconise le retour au bon état écologique de l’ensemble des populations halieutiques.▴

« Parvenir à une pêche durable implique d’atteindre puis de maintenir un taux d’exploitation qui permette de maximiser durablement les captures sans affecter le renouvellement de la biomasse des populations de poissons. Ce taux d’exploitation est la « cible » fixée par les politiques européennes. Pour être certain de ne pas le dépasser, et en considérant les variations environnementales d’une année sur l’autre et la part d’incertitude inhérente aux estimations scientifiques, une option pourrait être de « viser » en-dessous, autrement dit de diminuer plus encore la pression de pêche pour aider les populations à recouvrer un bon état. Cela contribuerait à stabiliser les captures et à renforcer la résilience des populations face aux changements globaux », préconise Alain Biseau, biologiste des pêches à l’Ifremer et membre du comité d’avis du CIEM (Comité international pour l’exploration de la mer).

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Évaluation 2022 : exemples de populations de poissons classées selon leur état
© J. Barrault / Ifremer 2023 – Licence : Tous droits réservés

L’évaluation 2022 en métropole

Les chiffres des évaluations précédentes sont recalculés chaque année

A chaque nouvelle évaluation, les scientifiques intègrent les données de l’année la plus récente et revisitent les estimations des années antérieures pour être au plus proche de la réalité. Ces révisions font partie du processus scientifique établi. Elles peuvent ainsi conduire à réviser le statut de l’état d’une population de poissons estimé l’année précédente, et ce, d’autant plus que les indicateurs (biomasse et pression de pêche) sont proches des seuils de référence du rendement maximum durable. A quelques tonnes près, certaines populations peuvent ainsi basculer d’un état à un autre, d’une année à la suivante.Sur le même sujet

Dans le bilan 2021, la part des populations exploitées durablement en 2020 était ainsi estimée à 56 %. Ce chiffre 2021 a été revu à la baisse dans le cadre de l’évaluation 2022 : de 56 %, il a été révisé à 48 %, du fait, principalement, de la révision du statut du maquereau de l’Atlantique Nord-Est. Cette population qui a contribué à environ 7 % des débarquements totaux en 2020 est en effet passée de « en bon état » à « surpêchée ».

Outre-Mer : un état des populations de poissons souvent mal connu

Pour la première fois, l’Ifremer dresse le bilan annuel de l’état des populations pêchées dans les cinq départements d’outre-mer : Mayotte, La Réunion, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe.

Résultat : ce premier diagnostic révèle des réalités très contrastées d’un département à l’autre. « Globalement, nous manquons de connaissances sur une grande partie des populations de poissons, qui représentent 43 % des débarquements dans ces régions, pour élaborer un avis sur leur état écologique, à l’exception des grands pélagiques (thon, espadon, marlin…) surveillés de près par différentes commissions internationales. Pour la plupart des espèces côtières, il faut renforcer leur suivi pour permettre une gestion durable », explique Alain Biseau.

Loin d’être suffisante, cette première évaluation marque l’engagement de l’Ifremer sur ce sujet devenu aujourd’hui une priorité pour l’Institut. Elle a été réalisée à la demande de l’État dans le cadre des financements européens attendus pour renouveler la flottille de pêche de ces départements.

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