Le monde nouveau 2021
Il n’est pas évident que le cru 2021 du Monde Nouveau soit une réussite.
Nous sommes à une période de basculement et d’urgence. Vouloir faire cohabiter le vieux monde avec le monde demain, pourquoi pas? A condition que les journalistes/animateurs soient capables de respecter les 5W propres à tout enseignement journalistique : where, when, who, what, why.
Or il est clair que mettre sur une même table ronde des intervenants du court et du long terme est une erreur qui a dissuadé une part du public de se déplacer. C’est ce qui s’est passé avec la table ronde de 11h30 du Vendredi 1° octobre. Le message d’urgence de François Gemenne peut difficilement cohabiter avec les annonces de Florence Lambert sur l’hydrogène quand elle nous promet un monde tout rose. Il n’y a pas un marché mais des marchés de l’hydrogéne , une réponse mais des réponses. Au moins du côté d’Air France , le discours n’étant pas porté par une française, on pouvait appréhender davantage ce qui relevait de la solution immédiate, transitoire et à venir.
Il est temps désormais de discuter de temps, de stratégie et non plus de proposer des rêves qui ne seront pas des solutions immédiates et empêcherons la mobilisation des citoyens les confortant dans leur déni. Or il n’y a pas de plan B. Aux sortir des 14° assises internationales du journalisme on mesure le décalage entre la presse locale et les nouveaux réseaux d’informations. (voir papier sur les 14° assises)
La table ronde sur l’eau à 17h30 le même jour fût passionnante. Pourquoi? parce qu’un même souci animait les participants et que leurs propos se complétaient: demain l’eau sera rare . Seul débat, bien audible, celui porté par Julie Trottier directrice de recherches au CNRS sur des questions de sémantique . Le terme d’efficience porté par les groupes de distribution de l’eau n’a pas le même sens que celui des maitres de l’eau dans d’autres pays. La chasse aux fuites et au gaspi n’a pas le même sens pour les paysans du maghreb ou des montagnes qui nourrissent l’irrigation de leurs cultures grâce aux fuites des sources (fuite d’eau = sécurité alimentaire) et ne subissent pas la loi de celui qui conduit et amasse l’eau (fuite d’eau= gaspi) .
Tous semblaient d’accord pour une nouvelle approche qui consisterait à laisser de la place à l’eau, à réduire l’irrigation face aux nouvelles donnes du réchauffement, à modifier les traditions culturales, à revoir les règles de nos cultures du risque, à comprendre et accepter les limites des progrès…
UN café avec Dominique BOURG
Plaisir d’un moment de débat long qui permet d’appréhender la complexité du défi sous les questions d’une jeune journaliste qui a poussé l’interlocuteur dans ses retranchements: « ce qui est inquiétant , c’est de voir que l’on ,n’est pas sorti de l’augmentation des GES . Le progrès ce n’est pas de la magie, pour capter de l’énergie on aura besoin d’énergie«
Inquiétude palpable quand il est question des zones demain inhabitables et de la diminution de la surface terrestre quand demain nous serons encore plus nombreux , ou de la multiplication des événements extrêmes . Mais de l’espoir de refléchir aux métiers de demain, de trouver des activités moins gourmandes en énergie ou en matière ,tout en rappelant que le message porté par les media selon lequel le progrès sera la solution est sans doute mensonger et que la notion du temps ou de l’urgence n’est pas suffisamment pris en compte.
Dominique Martin Ferrari