L’EUROPE et ses forets
Francis Hallé lance aujourd’hui un nouvel appel dans le JDD.
Il manque en Europe une Vraie forêt, une foret primaire comme il en reste un lambeau menacé à Bialowieza entre Pologne et Biélorussie. Pour cela il voudrait construire un projet transnational et transgénérationnel au coût très minime « puisqu’il s’agit surtout de ne rien faire » . Réserver un bout du continent à la renaissance d’une grande étendue « occupant sept fois la surface d eParis, un refuge pour les meutes d’animaux sauvages que l’homme a éradiqué ». Utopique? Pas tant que cela . L’expérience a été menée dans les Vosges mais sur des petits espaces fautes d e moyens . Au moment où n’importe qui se donne bonne conscience « en plantant des arbres » il est peut être important de rappeler ce qu’est un arbre et une forêt. Un arbre pour Francis Hallé n’est pas un élément du décor. C’est un sujet qu’il croque, vivant, toujours relié. Aujourd’hui ses dessins fabuleux sont exposés à la Galerie Cartier à Paris. Et une forêt, ce n’est pas une succession d’arbres d’essences rapides qui vous crée un environnement comme celui de la Grande Motte, un décor. Une forêt c’est comme un sanctuaire , une réserve de biodiversité sur un très grand espace afin que les graines s’y disséminent de manière optimale. C’est pourquoi la Guyane amazonienne est une vraie forêt
Il est bon parfois de rappeler que le forêt provençale ne ressemblait pas à celle d’aujourd’hui. La forêt qui recouvrait la France avant les premières sociétés agricoles, n’était probablement entaillée que de clairières sporadiques. Elles pouvaient apparaitre suite à la chute de vieux arbres, aux incendies de foudre et aux défrichements des grands herbivores tels que les bisons, les aurochs, les rhinocéros laineux, les chevaux sauvages, que l’humain aurait fini par exterminer. Des évènements climatiques ont également pu contribuer à la disparition de certains de ces animaux. Les herbivores sauvages, sous pression permanente des grands prédateurs de l’époque, n’avaient que peu de chance de grignoter de larges portions contiguës de forêt. Elle pouvait alors se régénérer.
Avec l’homme en revanche, elle a subi un long déclin jusqu’au début du XXe siècle, avec un plus bas à la Révolution. Elle n’occupait alors qu’un tiers de ses 170 000 km² actuels, soit environ 60 000km² (sur les 550 000 km² de superficie totale du territoire). La Provence a connu son plus important déboisement à la fin du XIXe siècle et est aujourd’hui l’une des régions les plus boisées de France avec de forts contrastes tant en superficies de boisements qu’en physionomie forestière, entre les basses et hautes altitudes, entre les milieux largement antropisés et les espaces plus préservés. De nombreux organismes de recherches se penchent sur ce que pourrait redevenir notre forêt mediterranéenne si elle redevenait un peu plus humide. Pour l’instant , les recherches de l’INRA le prouvent: les arbres ne fixent que très peu de carbone (bilan jour/nuit) , faux puits de carbone qui relargent tout au premier incendie.
Dominique Martin Ferrari