Réunion: Menaces pour les espèces endémiques

Les perruches à collier perdues dans la nature risquent gros

  • Photo d'illustration pixabay
    Photo d’illustration pixabay

Mieux vaut ne pas voir s’enfuir sa perruche de compagnie, au vu du projet d’arrêté soumis à la consultation du public sur le site de la préfecture depuis ce jeudi. En effet, en raison d’un arrêté ministériel datant du 9 février 2018, qui prévoit l’interdiction d’introduction d’espèces non domestiques non indigènes dans le milieu naturel à La Réunion, les perruches à collier (Psittacula krameri) échappées de leur cage risquent de rencontrer un funeste sort.

Car, fait remarquer la note de présentation du projet d’arrêté, « plusieurs spécimens de perruche à collier échappés de cage ont déjà été signalés à La Réunion », et « une observation de reproduction a également été faite ». Ces quelques oiseaux retrouvés dans la nature peuvent paraître inoffensifs, mais que nenni : « dans de nombreux endroits où cette espèce s’est naturalisée, il est constaté des impacts sur les cultures, sur les espèces indigènes, et des nuisances publiques », rapporte la note de la préfecture. Autrement dit, ils représentent un risque d’invasion sur les espèces endémiques de l’île. 

Des perruches tuées par tir ou capturées dans des cages 

C’est pourquoi les autorités estiment dangereux de la laisser s’installer dans le milieu naturel, hors cage. S’appuyant sur des articles du code de l’environnement, le projet d’arrêté de la préfecture explique ainsi qu’il y a possibilité, par décision du préfet, de « procéder à la capture, au prélèvement, à la garde ou à la destruction des spécimens de cette espèce ». Mais cet arrêté est aussi soumis, sauf cas d’urgence, à la consultation du conseil scientifique régional du patrimoine naturel. Et en préalable, le projet d’arrêté est présenté à la consultation du public, pour à terme « prélever » « toutes les perruches à collier non confinées dans une cage, sur le territoire de La Réunion ».

Comment ? Le projet d’arrêté préfectoral prévoient que les agents techniques de l’Office français de la biodiversité (OFB), les agents de la Brigade naturelle de l’Océan Indien (BNOI), les lieutenants de louveterie, ou encore les agents techniques salariés de la fédération des chasseurs puissent tirer sur ces oiseaux. Mais il y aurait aussi possibilité de capture l’oiseau dans une cage, avant sa mise à mort.

La population peut faire part de ses observations sur ce projet d’arrêté jusqu’au 25 juin inclus, uniquement en passant par le site internet de la préfecture. Des observations qui « seront prises en considération préalablement à la prise de décision du préfet de La Réunion ».

Pour plus d’informations, retrouvez le projet d’arrêté préfectoral sur l’organisation de la destruction des spécimens de perruches à collier dans le milieu naturel -> Projet arrêté préfectoral



En savoir plus sur la perruche à collier (Psittacula krameri)

Selon la SEOR (Société d’études ornithologiques de La Réunion), cette espèce vit, à La Réunion, dans « les milieux dégagés entrecoupés d’arbres », et isolée ou en couple. « On repère aisément cet oiseau bruyant malgré sa teinte mimétique. Il émet un cri puissant et grinçant, à proximité de son nid notamment ». Elle se nourrit, selon la SEOR, de fruits et de graines, et seront donc « susceptible de causer des dégâts aux vergers et aux champs de maïs si son implantation se confirmait ».

A Maurice, cet oiseau originaire de l’Inde a été lâché et s’est largement répandu. Notons aussi que La Réunion, comme Maurice et Rodrigues, abritaient chacune une perruche endémique du genre Psittacula dans sa faune primitive, il y a plusieurs siècles de cela. « Celle de La Réunion, Psittacula eques, a disparu au 18ème siècle. L’avifaune ancienne des Mascareignes était riche en Psittacidés, d’après les récits des voyageurs il en existait au moins quatre espèces distinctes à La Réunion », peut-on lire sur le site de la SEOR.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *