Guyane centrale de Larivot (suite)
L’adoption en periode confinée du projet de centrale thermique au fuel sur Larivot par EDF a été retoqué par Barbara Pompili C’est une vraie bonne décision. Malheureusement la solution proposée de la biomasse liquide est peut être un peu trop rapide, la production n’étant à ce jour non disponible .
En synthèse que retenir? – le papier diffusé dans le N° 4 du numéro spécial « l’outremer en métamorphose » (ci dessous) est caduque au sens où le projet ne sera sans doute pas installé là où il était prévu , EDF bafouant toutes les règles légales en cours. – le fuel ne peut être retenu. – les prochaines installations de production ne peuvent à terme être victimes de l’engagement financier surdimensionné d’EDF. – Le projet biomasse n’est pas au point.- l’avenir reste ouvert à tous les autres projets d’ENR plus décentralisés, moins gros, et plus adaptés aux réalités locales
Le Monde : Excellent papier – aucune alternative n’est donc proposée pour l’instant, mais rien n’est fait- Laurent Marot(Cayenne, correspondant)
L’annonce a été faite a minima, dans un communiqué envoyé samedi 17 octobre à des rédactions nationales, sans publication sur le site du ministère de la transition écologique : le projet controversé de centrale thermique du Larivot, en Guyane, se fera bien, mais le fioul est abandonné au profit de la « biomasse liquide ». Il était envisagé de remplacer la centrale au fioul lourd de Dégrad des Cannes, vétuste, qui sera arrêtée en 2023, par une centrale au fioul. « Au regard de l’impact écologique d’un tel projet », la ministre de la transition écologique Barbara Pompili a demandé de le réorienter. La centrale devra « fonctionner aux biocarburants dès son entrée en service », début 2024, ce qui permettra « des émissions de gaz à effet de serre (…) trois fois inférieures au projet initial »,selon le ministère. Les biocarburants devront respecter les « critères de durabilité », ce qui « exclut » notamment les « huiles de palme et de soja ».
EDF PEI (Production électrique insulaire), filiale d’EDF, porte ce projet de 500 millions d’euros pour une puissance thermique de 120 MW. La direction du groupe reste prudente sur le calendrier de mise en place de la nouvelle option. « On met tout en œuvre pour être prêt, mais on ne garantit pas que le démarrage se fera en biomasse liquide », a indiqué au Monde la direction d’EDF. Si la société n’opère pas de centrale avec ce type de combustible, un essai concluant a été mené en juillet en Guadeloupe dans l’usine au fioul lourd de Jarry, avec une biomasse liquide produite par la société française Saipol, qui fabrique des coproduits à partir du colza (tourteaux pour les animaux, huile alimentaire, glycérine végétale et biomasse liquide), selon le groupe.
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Des études de faisabilité restent à mener, pour valider notamment la filière d’approvisionnement, dans le respect de la directive européenne RED II, qui exclut l’huile de palme. « Si ce n’est pas prêt », précise EDF, « la date butoir c’est 2030 », objectif fixé par les pouvoirs publics pour une production électrique basée à 100 % sur les énergies renouvelables en outre-mer. Le groupe annonce « le lancement d’une étude sur la création d’une filière de biomasse locale, pour que ce soit vertueux ». La centrale pourra fonctionner au fioul en cas de difficulté d’approvisionnement en biomasse liquide.
« Accélérer le développement des énergies renouvelables »
La décision de réorienter le projet a été prise « après un échange avec Rodolphe Alexandre, le président de la collectivité territoriale de Guyane » (CTG), précise Barbara Pompili. « Aujourd’hui, on est condamné à faire ce choix de centrale au bioliquide, parce que EDF et d’autres ont tardé à trouver des solutions alternatives au fioul », affirme le président de la CTG. Artisan, avec l’Etat, de la politique énergétique locale depuis 2016 – auparavant, c’était la région, également présidée par Rodolphe Alexandre –, la CTG a voté début 2017 le projet de centrale au fioul pour assurer la sécurité de la fourniture électrique d’un territoire en pleine croissance, victime de coupures régulières et de creux de tension hors normes sur le réseau. « Les biocarburants sont une grosse avancée, se réjouit Rodolphe Alexandre.Parallèlement, on va accentuer le mix énergétique. »
Une centrale à biomasse est en cours d’achèvement et deux centrales photovoltaïques en projet sur un territoire où deux tiers de la production électrique annuelle est fournie par le barrage de Petit-Saut, l’autre tiers étant tiré du fioul et dans une moindre mesure, du photovoltaïque et de la biomasse bois. La ministre et le président de la CTG ont convenu d’une révision simplifiée de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour « accélérer le développement des énergies renouvelables et lever les freins à leur implantation, en particulier l’énergie photovoltaïque ». « En retenant un projet à 120 MW thermiques de base, on va mettre en péril les futurs projets en énergies renouvelables déjà largement avancés », a prévenu le Groupement des entreprises en énergies renouvelables de Guyane (Generg) lors de l’enquête publique sur la centrale du Larivot d’avril à juin. « Nous veillerons à une utilisation de la centrale correspondant au strict nécessaire et capable de s’adapter au déploiement des énergies renouvelables en Guyane, que nous soutiendrons fortement », répond la ministre de la transition écologique.Trés important cf mon papier ; Le SER est trés bon sur cette partie
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Les opposants au projet du Larivot restent sceptiques à propos de la conversion annoncée de la centrale à la biomasse liquide. « C’est un peu précipité », analyse Rémi Girault, président de Guyane Nature Environnement (GNE) un groupement de trois associations. « D’un seul coup, on change une partie du projet, alors qu’il a été fait, ainsi que la consultation, sur la base d’une centrale au fioul », remarque-t-il. « Il y a plein d’autres problèmes : l’autonomie énergétique qu’on nous promet pour 2030 ne sera pas là car il faudra importer les biocarburants, et est-ce que le colza sera issu d’un système agricole respectueux de l’environnement ? », s’interroge-t-il.
Un site « sensible du point de vue de la biodiversité »
D’autres questions sont aussi soulevées par les défenseurs de l’environnement : l’emplacement de la centrale – à Matoury, dans une zone de mangrove, la question du respect de la loi littoral, la pose d’un oléoduc de 14 km entre le principal port de Guyane et le site industriel. En juillet, la commission d’enquête publique a émis un avis défavorable, considérant que « les dossiers soumis à cette enquête présentent des imprécisions, contradictions, lacunes au titre des informations relatives à l’environnement (…), qui ont vocation à être portés à la connaissance du public ». En 2019, l’autorité environnementale avait signalé que le site avait « été retenu(…) par la CTG et le ministre en charge de l’énergie sans évaluation environnementale, ni enquête publique ».Aucune référence au rejet par François de rugy de ce projet et à ses propositions (qui malheureusement conservait du fuel avec plus de solaire)
« L’étude des solutions alternatives pour l’implantation de la centrale » sur d’autres terrains « n’apparaît pas suffisamment étayée », détaillait également la commission d’enquête dans son avis. Ce site, « sensible du point de vue de la biodiversité » est « concerné par le risque de submersion marine ou d’inondation », et « implique des aménagements particulièrement lourds et onéreux », notamment en matière de remblais, dont les volumes et impacts ne sont pas assez détaillés.« Plusieurs choix nécessitent d’être justifiés au regard des multiples contraintes, voire incompatibilités, que le dossier ne lève que partiellement », analyse la commission.
« EDF s’acharne à faire aboutir ce projet en nous rabâchant qu’il n’y a pas d’alternative », déplore François Kuseni, chargé des dossiers énergies à Guyane Ecologie et porte-parole du collectif citoyen et associatif Alter Larivot. « Or, des institutions très sérieuses comme l’Ademe [Agence de la transition écologique] ont proposé des alternatives, sans être entendues, déplore ce militant. On a un problème sur cette centrale, et on nous propose de mettre de l’huile à la place du pétrole, sauf que l’huile est aussi polluante, et tous les problèmes restent intacts. »OK 1° bagarre gagnée mais pas la guerre
Lors de la commission d’enquête, EDF PEI a tenté de répondre à ses détracteurs. Le groupe précise que cette production thermique est indispensable à la sécurité énergétique du territoire : lors des années sèches, elle permettra de palier les aléas de production du barrage de Petit-Saut. A propos des atteintes à l’environnement, l’implantation de la centrale sur un terrain de 110 hectares, dont 24 seront défrichés, a été prévue en dehors de la zone de mangrove, qui a été sanctuarisée ; pour compenser la déforestation, 150 hectares de zones naturelles à haute valeur patrimoniale seront préservés. Un peuplement d’une espèce de palmier rare, impacté par le chantier, sera reconstitué sur une zone naturelle propice. La localisation de la centrale photovoltaïque – qui complète la centrale thermique – a été déplacée pour ne pas impacter un peuplement d’Ouratea Cardiosperma, une plante locale protégée. Enfin, pour répondre au risque d’inondation, le site sera surélevé de trois mètres par des remblais.