Selon Oxfam, les banques françaises doivent réorienter leurs investissements pour que la France respecte les engagements qu’elle a pris dans l’Accord de Paris


L’organisation non gouvernementale Oxfam France vient de publier une étude sur les activités de financement et d’investissement des six principales banques françaises : BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, Crédit Mutuel et la Banque Postale. Selon Oxfam, ces investissements et financement atteignent 3,3 milliards de tonnes équivalent CO 2 par an. Elle relève que cette situation n’est pas inéluctable puisque pour un euro investi, la Banque Postale contribue deux fois moins aux changements climatiques que Société Générale. Oxfam indique que ces choix ne permettront pas tenir les engagements que la France a pris en ratifiant l’Accord de Paris, c’est-à-dire contenir le réchauffement climatique.Pour les quatre plus grandes banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE -, les crédits aux entreprises actives dans le secteur du pétrole et gaz uniquement représentent plus de 40 % des émissions de leur portefeuille de crédits aux entreprises. A rebours de la transition écologique, ces quatre banques continuent pourtant de soutenir le développement de nouveaux projets d’énergies fossiles.La conclusion d’Oxfam est que si les banques maintiennent cette orientation, le réchauffement sera de 4 degrès.Lors de la COP24 en décembre 2018, BNP Paribas et Société Générale se sont engagées à « mesurer l’alignement de leurs portefeuilles de crédits avec les objectifs climatiques et à étudier les moyens de diriger progressivement les flux financiers vers les objectifs de l’Accord de Paris » (BNP Paribas (2018) COP24 : BNP Paribas et 4 grandes banques s’engagent en faveur des objectifs climatiques mondiaux https://group.bnpparibas/actualite/cop24-bnp-paribas-4grandes-banques-engagent-faveur-objectifs-climatiques-mondiaux) . En septembre 2020, les deux banques ont publié un guide pour accompagner les banques dans l’application de cette méthodologie (BNP Paribas (2020) Engagement de Katowice – Présentation de la méthode choisie pour mesurer l’alignement des portefeuilles de crédit https://group.bnpparibas/communique-de-presse/engagement-katowice-presentation-methode-choisie-mesurer-alignementportefeuilles-credit) . BNP Paribas a pour objectif de publier un rapport sur son alignement dans le secteur de l’énergie dans les prochains mois et entreprend également des travaux de calcul de son empreinte de scope 3 globale. Société Générale prévoit également de publier des objectifs d’alignement dans les mois qui viennent. En 2019, le Crédit Agricole s’est également engagé à « la réallocation progressive de ses portefeuilles de financement et d’investissement en ligne avec l’Accord de Paris » et indique développer un outil d’évaluation de la dynamique de transition de ses clients entreprises (Crédit Agricole (2019) Le Crédit Agricole adopte une nouvelle stratégie climat https:// www.credit-agricole.com/chaines-d-infos/toutes-les-chaines-d-info-du-groupe-creditagricole/communiques-de-presse/le-credit-agricole-adopte-une-nouvelle-strategie-climat). La même année, Natixis annonçait également se laisser un an pour se fixer une trajectoire en ligne avec l’Accord de Paris . Elle a instauré depuis 2017 un système de « bonus-malus » appliqué à ses crédits en fonction de leur impact sur l’environnement.Oxfam souhaite que l’Etat soit plus directif
L’alinéa VI de l’article 173 de la loi de Transition énergétique pour la Croissance verte de 2015 impose aux sociétés de gestion et aux investisseurs institutionnels français d’être transparents sur la prise en compte des risques climatiques dans leurs stratégies d’investissement. Ces derniers doivent également indiquer la contribution de leurs investissements à la lutte contre les changements climatiques. Alors que les portefeuilles de crédits des banques n’étaient pas couverts par la législation de 2015, la législation de 2017 concernant la publication de la déclaration de performance extra-financière, prévoit que toute banque française doit désormais publier « des informations relatives aux conséquences sur le changement climatique de l’activité de la société et de l’usage des biens et services qu’elle produit ».Publié en 2018, le plan d’action sur la finance durable de la Commission européenne vise à réorienter les flux de capitaux vers des investissements plus durables, et est un des éléments clés de la mise en œuvre de l’Accord de Paris dans l’Union européenne. Pierre angulaire de ce plan, la taxonomie vise à définir quelles activités financées peuvent être jugées « vertes » ou non. Il s’agit de fournir aux entreprises et aux investisseurs « un langage commun pour déterminer les activités économiques qui peuvent être considérées comme durables sur le plan environnemental ». Ce système de classification européen ne sera pas appliqué avant 2022 par le secteur financier.https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2020/10/rapportBanque_OXFAM_v5.pdfLa lettre du développement durable du 2 novembre 2020 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *