Montpellier: l’extension de l’aeroport fait debat
A termes, l’aéroport de Montpellier devrait accueillir 3,5 millions de passagers par an
Aéroport Montpellier Méditerranée
Pour Emmanuel Brehmer, président de l’aéroport de Montpellier Méditerranée, il n’y a pas de transition écologique sans attractivité économique du territoire. Interview.
Pourquoi le programme d’agrandissement de l’aéroport Montpellier Méditerranée se poursuit, alors que les avions sont cloués au sol?
Le constat que je partage avec le directoire et les actionnaires, c’est que l’aéroport n’est pas à la dimension de la métropole. Contrairement à beaucoup d’autres plateformes, nous ne sommes pas dans une phase de développement, mais nous cherchons à rattraper notre retard. Notre zone est équivalente à celle de Bordeaux, dont l’aéroport brasse 6 millions de passagers/an, et nous sommes à 2 millions de passagers/an. Et atteindre notre taille critique nous fera exister au milieu du triangle Toulouse – Barcelone – Marseille. Nous souhaitons donc développer le territoire et la compétitivité de la plateforme, dans l’optique d’un retour à la normal dans les deux ou trois ans.
Notre nouveau partenariat avec la compagnie aérienne Transavia, et une première extension en 2019 (phase 1 : 15,5 M€ pour un nouveau hall d’embarquement NDLR), nous a fait entrevoir une prévision à 2,3 millions de passagers pour 2020. Nous visons désormais entre 3,4 et 4 millions de passagers par an. Cette seconde phase consiste notamment en un investissement de 6 M€ (le programme global en plusieurs phases est de 70 M€ NDLR) et vise à déployer un nouveau hall d’arrivées.
Alternatiba et Greepeace demandent l’arrêt de l’extension de l’aéroport, en raison de l’impact environnemental du secteur aérien. Que répondez-vous à cela ?
Ce sont des positions qui peuvent se comprendre, mais le discours est trop radical. Lorsque l’on intègre la notion d’économie, il faut savoir que ces décisions ont des impacts conséquents. J’ai discuté avec les représentants écologiques et oui, il y a un débat à avoir : Il faut rationnaliser l’aérien. Mais s’il faut arrêter à Montpellier, alors il faut arrêter partout, en France, en Europe… Si nous stoppons seulement ici, beaucoup d’entreprises partiront ailleurs, faute d’une accessibilité suffisante.
Concernant la suppression de la navette Paris/Montpellier (une autre demande des ONG NDLR) puisqu’il existe une alternative en train de 3h30, c’est une typologie qui conviendra à une certaine clientèle, mais qui n’est pas satisfaisante pour notre clientèle business.
Quelles mesures ont été prises pour que le développement de la plateforme aéroportuaire soit respectueux de l’environnement ?
Fin 2014, nous avons mis en œuvre une centrale photovoltaïque de 4,5 MWc sur les parkings de l’aéroport. C’est la plus importante centrale de ce type installée sur une plateforme aéroportuaire en France. Nous réalisons un gros travail sur notre biotope avec des associations, nous plantons des arbres en proportion du nombre de passagers supplémentaires et dans notre plan ambition 2025, des millions d’euros seront investis dans l’environnement. La nouvelle extension elle, sera la plus efficiente possible. Cela peut paraître symbolique, mais au moins, nous le faisons. Nous serons aussi prêts pour accueillir les technologies de ruptures comme l’avion hydrogène qui est l’avenir. Mais son développement est du ressort des avionneurs et des compagnies, pas des aéroports.
3,5 millions de passagers par an veut dire plus d’avions. Quid du bruit et de la pollution de l’air ?
Nous travaillons avec les collectivités sur le plan d’exposition au bruit pour que le développement de la métropole ne se fasse pas en opposition avec celui de l’aéroport. Mais aujourd’hui les nuisances sonores ne sont pas un problème sur Montpellier. 95% des plaintes des riverains concernent les aéroclubs et les écoles, pas le trafic commercial.
Sur l’accessibilité routière, très concrètement, il s’agira de proposer une offre de transport efficiente. Nous avons un tramway, mais le niveau de service est encore insuffisant. Aujourd’hui, beaucoup de choses restent à faire pour que les transports en commun soient faciles d’accès et d’une fréquence régulière. Mais à termes, nous aurons peut-être moins de voitures à horizon 3,5 millions de passagers qu’aujourd’hui avec 1,9 millions.