Les acteurs financiers internationaux financent encore les énergies fossiles
Et aussi :Une proposition de loi sénatoriale sur la pollution digitale
Selon le rapport « Five years lost » rendu par 18 ONG mondiales, les banques et investisseurs internationaux ont apporté un soutien financier de 1.600 milliards de dollars à 12 grands projets mondiaux d’énergies fossiles.
« Cinq ans perdus. » C’est le nom, en français, du dernier rapport sur la finance mondiale publié par 18 ONG (dont les Amis de la Terre et Reclaim Finance), à l’occasion des cinq ans de l’Accord de Paris. Le rapport met en cause le rôle de la finance internationale dans le développement de 12 grandes exploitations d’énergies fossiles (nommées « clusters » dans le rapport), comme le développement de nouvelles centrales à charbon ou l’exploitation de pétrole et de gaz de schiste, entre 2016 et 2020. Ces 12 clusters généreraient au moins 175 gigatonnes d’émissions de gaz à effets de serre supplémentaires, soit près de la moitié du budget carbone restant pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C cité dans l’Accord de Paris. Le rapport indique que ces clusters sont financés à hauteur de 1.600 milliards de dollars par des acteurs financiers entre 2016 et 2020. Ces derniers y détiennent 1.100 milliards de dollars en août.
En tête des investisseurs, ce sont les entreprises américaines qui dominent. BlackRock arrive premier avec 110 milliards de dollars, suivi de Vanguard (104 milliards de dollars) et State Street (50,8 milliards de dollars). Du côté des banques, ce sont US banks CitiGroup, Bank of America et JPMorgan Chase qui dominent avec un cumul de 295 milliards de dollars investis. La banque française BNP Paribas arrive sixième avec 52,7 milliards de dollars investis. Certaines de ces banques ont déjà été mises en cause dans un précédent rapport mené par l’initiative Portfolio.earth. Une autre étude, menée par l’association Climate Chance, indique que plus de la moitié des banques proposent désormais des produits financiers verts et ont des procédures de gestion de risques liés au climat, mais que leur apport financier aux énergies fossiles a augmenté : 736 milliards de dollars en 2019, soit +15% par rapport à 2016. En conclusion, les auteurs du rapport « Five Years Lost » regrettent qu’une transition « pas à pas » ne soit plus possible, faute de temps, et demandent un arrêt immédiat du soutien aux énergies fossiles.
Pour rappel, selon le rapport « Production Gap » des Nations Unies, les pays membres du G20 ont consacré 233.000 milliards de dollars aux activités qui soutiennent la production et la consommation d’énergies fossiles (dont 23.000 milliards de dollars pour la production), contre 146.000 milliards de dollars aux énergies renouvelables à l’efficacité énergétique et aux solutions de transport zéro-carbone. Seule une poignée de pays (dont la France) ont instauré un soutien défini comme « neutre ou positif ».