10 ans après fukushima
L’archipel japonais , situé sur la ceinture de feu du Pacifique , est à la jonction de trois plaques tectoniques .Cela n’a pas empêché d’y construire une importante centrale nucléaire ! Et l’eau de la vague du tsunami de 13m de haut le 11 Mars 2011 a envahi les installations, coupé l’alimentation électrique et noyé les générateurs diesel de secours, occasionnant la fusion du cœur du réacteur 1 dont la cuve est percée avec formation de corium, mélange de combustible et des matériaux fondus du bâtiment. et la perte de refroidissement de plusieurs piscines d’entreposage de combustibles usés. L’injection de l’eau de mer , puis de l’eau douce , par TEPCO a limité les explosions sans refroidir les coeurs et a conduit à une importante pollution des sols et des eaux.
Dix ans après, le bilan reste en débat entre pro et anti nucléaire: « Contrairement au charbon, pas un mort » disent ils ….Au lendemain de l’accident, le gouvernement décide d’évacuer les habitants autour de la centrale, mais le périmètre, d’abord très réduit (deux kilomètres), ne cessera d’évoluer (jusqu’à 20 ou 30 kilomètres). Au total, 95 000 habitants ont reçu un ordre d’évacuation, mais d’autres, désignés comme des « réfugiés volontaires », ont choisi de partir. Les autorités japonaises estiment que plus de 2 300 personnes sont mortes de façon prématurée en raison des défaillances des structures médicales et des conditions de vie difficiles, liées à l’évacuation. Le 21 mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la contamination de l’eau et des aliments crée une « situation grave » , et on reprochera à l’opérateur et au gouvernement de « ne pas avoir réagi suffisamment vite dans les premières heures de l’accident. »
Les 15 899morts (selon la police nippone, et 2 500 personnes toujours portées disparues ) sont dus au tsunami, « seulement » 17Millions de m3 sont impropres à la vie , 62 milliards d’euros ont déjà été dépensés . Il faudra 40 ans pour démanteler ce dont doute Greenpeace et le Réseau Sortir du Nucléaire .
Dix ans après, 85% de la zone restent à décontaminer, même si 22% des populations sont revenus. . Le problème soulevé par la gestion des eaux contaminées est admis par tous. Le volume des eaux collectées a pratiquement doublé entre 2015 et 2020, (965 réservoirs de 1 200T d’eau) et les capacités maximales d’entreposage du site devraient être atteintes d’ici l’été 2022, rapporte l’IRSN. Pour leur élimination finale, il est envisagé d’autoriser l’exploitant à rejeter ses eaux en mer. Ce contre quoi s’élève violemment les associations et partis écologistes et la Polynésie qui serait en première ligne : « Face à cette situation subie et restée sans réponse, il est prévisible que le rejet de l’eau contaminée dans les eaux du Pacifique constituerait non seulement un risque sanitaire pour les populations de la région mais également une atteinte durable aux écosystèmes marins, un écocide de très forte ampleur, et cela en dépit du facteur de dilution. »
Depuis Tchernobyl, la sureté nucléaire dans un pays à haute technologie comme le Japon a progressé : « aucun syndrome aigu d’irradiation ni de décès pouvant être attribués à une exposition aux rayonnements ionisants n’ont été observés parmi les travailleurs engagés dans des travaux d’urgence …. Et la radioactivité dans l’air a été divisée par deux depuis l’accident », rapporte l’IRSN Ce constat est loin d’être partagé par le Réseau Sortir du nucléaire. « En juin 2020, on recensait déjà 202 cas confirmés de cancer de la thyroïde chez les 300 000 enfants du département de Fukushima, alors que l’occurrence de cette maladie chez les jeunes est normalement de 2 à 3 cas pour un million », relève l’association.
Un bilan donc catastrophique malgré le haut niveau de maitrise des japonais
La conséquence immédiate a été le retrait du nucléaire pour un grand nombre de pays dont l’Allemagne. À la mi-2020, la capacité d’exploitation totale des réacteurs nucléaires a diminué de 2,1 % par rapport à l’année précédente, selon le Word Nuclear Report 2020. À la mi-2020, la capacité d’exploitation totale des réacteurs nucléaires a diminué de 2,1 % par rapport à l’année précédente, selon le Word Nuclear Report 2020. ;
Mais face au réchauffement climatique de plus en plus de voix (Jancovici, Grandjean, Lalonde, John Kerry….) s’élèvent pour poursuivre le pari du nucléaire avec de nouveaux EPR puisque la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergètique a été repoussé à 2035 (au lieu de 2025) et pourtant rien de nouveau ne vient nous garantir d’un possible accident. Au contraire. Risques de canicules et de sécheresses viennent fragiliser davantage les systèmes. Pour le Réseau Sortir du nucléaire, la France n’a pas tiré les leçons de Fukushima. Cette catastrophe « est venue démontrer qu’un accident nucléaire était possible même dans un pays à la pointe de la technologie, du moment que les capacités de refroidissement et d’alimentations électriques des centrales étaient touchées », relève l’association anti-nucléaire et les mesures de sécurité post fukushima sont loin d’y être mises en oeuvre.
Rappel, les circonstances de l’accident: Plusieurs sites industriels ont été touchés par l’onde du tremblement de terre et la violence du tsunami, comme la raffinerie Ichihara, en proie à un violent incendie, et quatre centrales nucléaires : Fukushima Daiichi, Fukushima Daini, Onagawa et Tokai. C’est dans une zone apparemment intacte que se joue le troisième acte de la catastrophe : la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, gérée par Tepco (Tokyo Electric Power). A 21 h 25, une alerte de précaution est lancée : le système de refroidissement est en panne – l’eau a envahi les installations, coupé l’alimentation électrique et noyé les générateurs diesel de secours. La température se met alors à grimper rapidement dans la cuve des réacteurs 1, 2 et 3, mais également dans les piscines où sont entreposés les combustibles usagés : l’évaporation menace de mettre à l’air libre des matières hautement contaminées Le lendemain, samedi, une première explosion a lieu. Les autorités se veulent rassurantes, mais le risque est sous-évalué. Une deuxième explosion se produit le lundi, suivi d’une troisième le mardi 15 mars. Les cœurs de trois réacteurs sont en fusion, la piscine du réacteur 4, victime d’une fuite, entre en ébullition : la situation semble ingérable. Il faudra attendre un mois avant que l’accident nucléaire, d’abord estimé à 4, soit relevé à7, le plus haut niveau de l’échelle internationale des événements nucléaires, seulement atteint par Tchernobyl.( 1986)