HDF(hydrogène) et Voltalia (biomasse) en Guyane progresse
Vu dans Outremers 360° Mardi 6 Avril
La centre biomasse de Voltalia à Cacao en Guyane ©Voltalia
S’il est un département où l’objectif d’indépendance énergétique à l’horizon 2030 reste crédible, c’est bien la Guyane . Sur ce point EDF ne s’était pas trompée. Pour y parvenir on a respecté la dissémination des points de production (même si cela n’a pas toujours été simple car la tradition de la centralisation reste fortement ancrée) et la diversité des sources de production: eau, soleil, biomasse et demain hydrogène
Outremers360°: « Une vision d’avenir partagée par les deux entrepreneurs invités de Radio Péyi: Gautier Le Maux, directeur Guyane de Voltalia, une société spécialisée dans les énergies renouvelables née en Guyane en 2005 dont le siège est aujourd’hui basé à Paris, fort de 1 000 collaborateurs à travers le monde et gestionnaire de 6 centrales électriques en Guyane, solaire, biomasse et hydroélectrique, pour une production équivalente à 10% de la population du littoral guyanais, soit environ 45 000 personnes. Pour lui, les bénéfices territoriaux du renouvelable ne font aucun doute : « L’électricité produite à partir de la biomasse, et c’est vrai pour toutes les autres énergies renouvelables, et c’est la beauté de ces énergies, c’est qu’elles sont moins cher, moins polluante, et créent plus d’emploi, que l’énergie à base de diesel importé ».
Alain Cyrille, directeur Guyane de HDF Energy (Hydrogène De France), société bordelaise spécialisée dans l’utilisation et les différentes applications de l’hydrogène pour la production et le stockage d’énergie. Une entreprise pionnière au niveau mondial qui a notamment pour objectif la démocratisation des piles à combustibles basées sur l’hydrogène. Pour ce dernier, l’objectif est clair : « Nous, les producteurs d’énergies renouvelables, nous le disons de manière franche et claire, nous avons la capacité de mettre en œuvre des projets pour atteindre cet objectif. Ce n’est pas un objectif utopique, c’est un objectif certes ambitieux, mais parfaitement réaliste ».
Élus et institutions Guyanaise, inscrits dans une démarche volontariste
En Guyane, la démarche du développement des énergies renouvelables est actée. D’ores et déjà, le Groupement des Entreprises en Énergies Renouvelables de Guyane (GENERG) qui lie tous les professionnels du secteur et du territoire, ne représente pas moins de 600 millions d’euros d’investissements d’ici à 2028, et un peu plus de 600 emplois. Avec la mise en œuvre du PPE, l’indépendance énergétique est un projet loin d’être facile, mais aussi loin d’être irréalisable, et ce avec un minimum de fonds publics. La compétence de la construction de centrales n’est pas du ressort de l’État, elle est donc dédiée au secteur privé, mais les retombées économiques sont pour autant très avantageuses.
« Les élus de Guyane ont intégré et compris le niveau de potentiel d’énergie renouvelable du territoire », explique Alain Cyrille, ce que confirme Gautier Le Maux : « au fil des années les opérateurs privés que nous sommes ont prouvé ont rassuré les élus sur notre capacité à délivrer des projets et à produire de l’électricité qui est un bien essentiel à la consommation, on est quasi dans une notion de service public au côté d’EDF. Les élus ont compris cela et ont rédigé avec les services de l’Etat la PPE qui est une feuille de route très volontariste pour les énergies renouvelables ». La Guyane à la chance de pouvoir devenir un exemple au niveau mondial grâce à sa situation particulièrement propice au développement d’énergies renouvelables. « On a la possibilité d’être un territoire d’exception exemplaire », ajoute le directeur Guyane de Voltalia.
Les déclinaisons individuelles et micro-locales, partie intégrante du projet commun
Une autre force du territoire est la possibilité pour chacun de participer à l’essor du renouvelable en Guyane. De nombreux bâtiments publics inscrivent la part d’énergies renouvelables dans leurs projets, à l’image des Lycées de Saint-Laurent du Maroni, de Mana et de Rémire-Montjoly, dont les toitures couvertes de panneaux solaires rendent ces bâtiments énergétiquement positifs, c’est à dire qu’ils produisent plus d’électricité qu’ils n’en consomment, ou encore le projet du tennis club de Suzini, qui intègre cette même démarche dans son futur chantier.
Mais c’est aussi au niveau individuel que l’impact peut être significatif. Il est aujourd’hui aisé d’accéder à une couverture photovoltaïque, des entreprises existent pour en faciliter l’accès et l’installation en Guyane. Pour Gautier Le Maux, ces solutions font partie intégrante de l’enjeux du territoire : « L’autoconsommation est possible pour tout le monde. Tout le monde peut acheter des panneaux aujourd’hui (…) l’autoconsommation permet de s’affranchir du réseau EDF durant la journée. Ces installations, grâce à la baisse du coût des panneaux, sont rentables au bout de 5 à 7 ans. Ça peut paraître long, mais ce sont des panneaux qui peuvent durer 15 à 20 ans. Donc il faut y penser, c’est un bon réflexe. Pour les personnes qui ont des surfaces plus importantes, à partir de 700-800m², on peut toujours faire de l’autoconsommation et on peut également louer cet espace à des opérateurs qui vont construire et exploiter une centrale et qui vont revendre à EDF ».
Une solution qui doit s’inscrire au niveau des institutions et de la démarche territoriale, pour Alain Cyrille : « Il faut maintenant mieux penser nos systèmes de couverture, qu’ils soient mieux adaptés à la réception de panneaux solaires (…) c’est la confirmation de ces techniques-là, leur pérennisation » qui permettra d’atteindre l’objectif du territoire.
Le renouvelable, pourvoyeur d’emploi et de formation
Un aspect non négligeable de l’énergie renouvelable est sa capacité à drainer de l’emploi et de la formation. Si la production électrique d’énergie renouvelable est plus vertueuse écologiquement et économiquement que les méthodes conventionnelles, elles ont la particularité de nécessiter plus de centrales, donc plus de chantiers, plus de postes de travail et de fait, plus d’emploi pour le territoire.
L’exemple est donné par Alain Cyrille et le groupe HDF Energy. Dans son projet d’une centrale dont le stockage d’énergie sera assuré par un procédé hydrogène, une première mondiale dans le domaine, le chantier va générer 200 emplois pendant sa construction, puis une vingtaine d’emplois pour son fonctionnement. Électricien ou technicien en systèmes industriels entre-autres, mais également des postes de gardiens, d’intervenants sur les espaces verts, « c’est tout un complexe économique et technique qui se met en place, sur des emplois pérennisés sur une vingtaine d’années ».
L’une des forces du territoire est sa capacité de formation. En effet, la Guyane est déjà un lieu propice aux études dans le secteur, à l’image des formations supérieures qu’elle propose dans le domaine. DUT Generg, BTS maintenance industrielle, ou encore les cursus d’ingénieur en énergie renouvelable et électricité de l’Université, le territoire est déjà orienté vers cet avenir de l’énergie propre. Cette volonté, ainsi que la proximité du centre spatial, font que « La Guyane a la chance d’avoir un champ d’activité industrielle qui nous permet d’avoir cette culture industrielle et de pouvoir puiser dans notre vivier », poursuit le directeur Guyane de HDF Energy.