CC: un nouvel élan après le changement à la Maison Blanche
A six mois d’une Conférence climat cruciale, les Nations unies reprennent lundi 31 mai – par visioconférence – des négociations sur les dossiers non résolus, alors que l’élection de Joe Biden a redonné un coup de fouet à la lutte contre le réchauffement climatique. (cf Ouest France du 1 Juin 2021)
La pandémie de Covid-19 a percuté le calendrier de la diplomatie du climat, à l’arrêt depuis l’échec de la COP25 de Madrid fin 2019. Les attentes se concentrent donc sur la COP26, reportée d’un an et désormais prévue en novembre à Glasgow.
D’autant que le changement à la présidence américaine a relancé le processus politique, après quatre années de climato-scepticisme trumpien. Le sommet en ligne sur le climat convoqué fin avril par le nouveau locataire de la maison Blanche a vu les grands pays émetteurs redoubler d’engagements vers la neutralité carbone, à commencer par les États-Unis eux-mêmes.
Et la lutte contre le changement climatique figurera en bonne place au sommet du G7 en Cornouailles du 11 au 13 juin, pendant les nouvelles discussions onusiennes. Le club des pays riches s’est tout récemment déjà engagé à stopper toute aide publique aux centrales à charbon, très polluantes.
Un activisme bienvenu alors que les scientifiques alertent sur l’urgence face à un bouleversement qui menace de conséquences irréversibles. Les catastrophes climatiques se multiplient alors que s’enchaînent les années les plus chaudes et que s’éloigne la possibilité de tenir les objectifs de l’accord de Paris de 2015 : limiter le réchauffement à +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible +1,5 °C.
Mais plusieurs questions clés restent sur la table des négociations, notamment le fonctionnement des mécanismes de marchés carbone prévus par l’article 6 de l’accord de Paris, sur lequel les quelque 200 signataires n’arrivent toujours pas à s’accorder.
Des règles de fonctionnement de l’accord, notamment en matière de transparence, restent également à finaliser. « Un élément central de la mise en œuvre véritable de l’accord de Paris, » souligne Nathan Cogswill, chercheur à l’institut américain World Resources Institute.
Également à régler, la finalisation des plans d’adaptation aux conséquences du changement climatique ou l’engagement des pays développés de financer à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2025 les politiques climatiques des pays pauvres.
Enfin, de nombreux pays doivent encore finaliser leurs engagements révisés de réduction d’émissions (NDC), qui devaient normalement être soumis avant le 31 décembre 2020, et sont selon l’ONU encore loin de permettre de tenir les objectifs de l’accord de Paris.
Un menu copieux donc pour les « organes subsidiaires permanents » de la convention climat des Nations Unies, l’un dédié au « conseil scientifique et technologique » (SBSTA) et l’autre à la « mise en œuvre » (SBI).
« Pas idéal du tout, mais inévitable »
Ils se réunissent habituellement en juin à Bonn (Allemagne), lors de rencontres qui attirent des milliers de participants du monde entier. Pandémie oblige, les discussions se tiendront cette fois par visioconférence, jusqu’au 17 juin, à raison de trois heures par jour, sur différents créneaux horaires pour ne léser aucune région du monde.
Un format « pas idéal du tout, mais inévitable, » estime la norvégienne Marianne Karlsen, présidente du groupe SBI. Et de souligner que l’absence de négociations depuis 18 mois « a fait s’accumuler énormément de travail […] si nous voulons aboutir à Glasgow ».
Le forum de juin n’est pas une enceinte de décisions, mais les négociateurs espèrent déboucher sur des progrès « qui nous permettront de prendre des décisions quand nous nous rencontrerons en personne » pour la COP26, abonde Tosi Mpanu Mpanu, président du groupe SBSTA.
« Il est important d’envoyer un message clair au reste du monde : nous sommes très sérieux pour appliquer l’accord de Paris et nous attaquer à ce casse-tête climatique, » souligne le diplomate congolais