Tables rondes au plus haut niveau pour ausculter les essais nucléaires à Mururoa

Au total, la France aura réalisé 210 essais nucléaires dans le Sahara et en Polynésie entre 1960 et 1996. En Polynésie française, des bombes ont explosé dans le ciel et au large des archipels pendant 30 ans. La population, touchée par les retombées radioactives, demandent des comptes et une meilleure reconnaissance. Avant un déplacement cet été en Polynésie, le président Emmanuel Macron a convoqué une table ronde les 1er et 2 juillet pour évoquer la reconnaissance des souffrances et les réparations des essais nucléaires français en Polynésie. Deux jours « par souci d’objectiver ce qui s’est passé ».

Trois ministres sont convoqués: santé (Olivier Veran, et l’aide de l’inserm et de l’IRSN) , armée (Florence Parly) , outremer (Sébastien Lecornu). Ils auront la lourde charge de débattre avec les polynésiens sur les conséquences des essais nucléaires à la demande du Président Fritch qui a constitué une délégation largement remise en question et désertée par nombre d’associations qui préfèrent gérer la question depuis la Polynésie. (voir Outremers 360°)

Très officiellement , à l’Elysée, on se donne pour objectifs de régler la mise à disposition du public des archives en trouvant la méthode d’un déclassement qui respecterait le secret défense (sic!) , de voir comment faciliter l’accès aux indemnisations et comment accompagner l’économie du territoire car en se retirant l’armée, les scientifiques… ont laissé un territoire désolé , et désertifié après une époque bénie de développement aujourd’hui révolue. Tahiti hébergeait les équipes , l’approche transversale de l’économie des territoires devrait permettre d’imaginer comment re dynamiser les atolls.

En fait, c’est une relance d’un débat que l’on croyait bouclé par la loi Morin de 2009. Deux éléments majeurs ont relancé la polémique: une augmentation du nombre de dossiers qui ne trouvent pas la possibilité d’accéder au SIVEN et donc aux indémnisations et la parution le 10 Mars dernier du livre « Toxique. Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie » de Sébastien Philippe et Tomas Statius (Le premier est un universitaire de renom, spécialiste du nucléaire militaire. Le second est un journaliste de Disclose, média d’investigation en ligne). Cet ouvrage démontre selon les auteurs comment l’Etat français a menti et relativisé l’impact des essais nucléaires dans les atolls de Mururoa et Fangataufa. Les autorités continuent de minimiser les conséquences : les essais ont tué, à petit feu certes, mais ils ont tué. Le mensonge, encore, toujours, sans fin. « Il fait partie de l’héritage des essais nucléaires depuis le premier jour », écrivent Sébastien Philippe et Tomas Statius dans leur livre .

En ce qui concerne la santé , l’Elysée s’engage avec l’aide de l’INSERM et de l’IRSN à informer sur les effets transgénérationnels des faibles doses « ce qu’en dit la science et l’information internationale » , à informer également sur le dispositif d’indémnisations relevant du SIVEN et du haut commissariat, qui pour l’instant laisse fortement à désirer et enfin sur le renforcement du système de surveillance en lien avec le CHU de Bordeaux.

Au soir du premier jour de débat , le Président Macron s’engage à faciliter l’accés aux indemnisations.

A Tahiti pendant ce temps:

https://www.tahiti-infos.com/Une-maree-humaine-honore-le-55e-anniversaire-du-1er-essai-nucleaire_a201869.html

A SAVOIR sources WIKIPEDIA :

210 essais nucléaires français au total ont été menés entre 1960 et 1996, d’abord dans le désert algérien puis en Polynésie française, d’une puissance cumulée d’environ 13 mégatonnes, impliquant officiellement environ 150 000 civils et militaires :

  • de 1960 à 1961 : 4 essais aériens à Reggane, dans le sud algérien1 ;
  • de 1961 à 1966 : 13 essais souterrains à In Ecker, dans le sud algérien2 ;
  • de 1966 à 1974 : 46 essais aériens à Moruroa et Fangataufa, en Polynésie française2 ;
  • de 1975 à 1996 : 147 essais souterrains dans les sous-sols et sous leslagons des atolls de Mururoa et Fangataufa2.
  • Depuis janvier 1994, dans le cadre de la Conférence du désarmement des Nations unies, des négociations ont été conduites en vue de la conclusion du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. En 1994, le président François Mitterrand décide le développement du programme Simulation par la Direction des applications militaires du CEA. Ce programme doit permettre à la France de garantir la sûreté et la fiabilité des armes de la dissuasion, fondé sur le calcul. Il est financé par le ministère de la Défense et doit durer 15 ans.
  • En mars 1996, la France signe les protocoles du traité de Rarotonga (création d’une zone dénucléarisée dans le Pacifique Sud).
  • Le 24 septembre 1996, la France signe le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et commence immédiatement à démanteler le Centre d’expérimentations du Pacifique.
  • Le 2 octobre 2018, une plainte est déposée devant la Cour pénale internationale contre la France pour crimes contre l’humanité en raison des essais nucléaires expérimentés en Polynésie française32.
  • Une étude de l’INSERM a montré que, sur les 229 cas de cancers de la thyroïde recensés chez des Polynésiens entre 1981 et 2003, une dizaine serait attribuable aux retombées des essais nucléaires, avec potentiellement une dizaine d’autres cas pouvant apparaître dans le futur, soit une sur-incidence comprise entre 4 et 8 %57.

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