L’ÉTAT S’ENTÊTE À DÉFENDRE LA CENTRALE THERMIQUE DU LARIVOT
Autre papier dans actu environnement du 17 aout (précisions mais rien de nouveau)
Le projet de centrale thermique de Larivot, en Guyane, a été mis à l’arrêt, suite à une décision judiciaire le 27 juillet dernier. Mais, dans un communiqué de presse du 3 août, la préfecture de Guyane fait savoir qu’elle compte contester le jugement. « L’État a donc décidé, à l’instar du porteur de projet, de former un recours contre la décision du juge des référés en se pourvoyant en cassation auprès du Conseil d’État », rapporte le communiqué.
Dans son argumentaire, l’État rappelle l’urgence de remplacer la centrale de Dégrad-les-Cannes, qui doit fermer ses portes en 2023. Il souligne également que la nouvelle centrale de Larivotdevrait fonctionner aux biocarburants dès son ouverture et qu’elle vient complémenter des projets de centrales solaires ou à biomasse solide. Des arguments déjà contrés par le juge des référés et largement décriés par les associations de protection de l’environnement. Dans une suite de dix tweets expliquant leur action contre la centrale, l’association à l’origine de l’arrêt des travaux, Guyane Nature Environnement (GNE) rappelle que la quantité de biocarburants nécessaire à la mise en fonction de la centrale n’est pas disponible sur le territoire guyanais. « La surface agricole nécessaire à sa production […] non plus ». Contrainte supplémentaire : pour alimenter Larivot, « les biocarburants devront respecter les critères de durabilité » et « ne devront pas provenir de matières premières présentant un risque élevé d’induire des changements dans l’affectation des sols », apprend-t-on dans le communiqué de la préfecture.
L’État et EDF-PEI sont soutenus dans cette démarche par la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), la chambre de commerce et d’industrie de Guyane (CCIG). Ces deux instances ont annoncé le 4 août qu’elles déposaient également un recours auprès du Conseil d’État. En parallèle, la CTG et la CCIG qui estiment avoir subi un préjudice en n’ayant pas été consultées sur le fond de ce dossier s’allient à la Fédération régionale du bâtiment et des travaux publics (FRBTP) dans une procédure en « tierce opposition ». Cette voie de recours extraordinaire permet à des personnes ni présentes ni représentées au moment de l’audience de revenir sur un jugement prononcé et de faire à nouveau statuer la justice. « Les requérants demandent une suspension de neuf mois de l’ordonnance du juge des référés pour reprendre le chantier tout en ayant le temps de réactualiser le projet », écrit Guyane la première, la branche ultramarine de France télévision.
Comme toujours le meilleur papier sur ce qui se passe à Cayenne est redevable à Guyaweb: héléne Ferrarini. Merci à elle pour ce travail
Politique | Projet centrale thermique du Larivot | Santé / Environnement | Société | Toutes | Publié le 03/08/2021 à 22H49 | Mis à jour le 04/08/2021 à 10H15 | Par : Helene Ferrarini
L’onde de choc provoquée par la décision du tribunal administratif de la Guyane de suspendre l’autorisation environnementale de la future centrale thermique du Larivot, en invoquant notamment sa possible incompatibilité avec les engagements climatiques de la France, n’a pas fini de diviser la Guyane. En mettant en doute la légalité du projet porté par EDF et soutenu aveuglément par la préfecture faisant fi des avis négatifs, la justice vient rebattre les cartes du futur énergétique de la région. Non sans susciter des inquiétudes chez les salariés d’EDF et des mécontentements au sein d’une partie du monde économique.
Une semaine après la suspension par le juge des référés de Cayenne de l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale de la centrale thermique controversée du Larivot, le préfet de la Guyane Thierry Queffelec a annoncé mardi 3 août que l’État allait déposer un recours en cassation, auprès du Conseil d’État, contre la décision du tribunal administratif.
Dans la matinée, un convoi de plusieurs dizaines de camions a rallié la préfecture depuis le site de la future centrale pour contester la suspension des travaux, engendrée par la décision du juge administratif. « Pas de centrale du Larivot ? Pas de courant ! Black-out ! La Guyane en 2023 » menaçaient les manifestants, parmi lesquels la présidente du MEDEF Thara Govidin et le président de la fédération régionale du BTPFranck Ho Wen Szé, relate France-Guyane.
Pour remplacer la centrale de Dégrad-des-Cannes qui doit cesser de fonctionner fin 2023, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) – une feuille de route co-rédigée par le Ministère de la transition écologique et la Collectivité territoriale de Guyane visant à organiser la production et la distribution d’électricité dans cette Zone non interconnectée avec le réseau électrique métropolitain – avait retenu en 2017 un projet de centrale thermique. D’une puissance de 120 MW, la future centrale du Larivot est censée fonctionner au fioul léger, couplé à 4MWc d’énergie solaire produite par des panneaux photovoltaïques. Le site retenu pour son installation se trouve dans une zone marécageuse et de mangroves, soumise à des risques d’inondation et de submersion marine, dans l’estuaire de la rivière de Cayenne. Pour alimenter la centrale en fioul depuis le grand port maritime, un oléoduc de 14 km doit traverser trois communes de l’agglomération cayennaise, à proximité immédiate d’habitations et de zones humides. Ce projet de centrale thermique est porté par EDF-Pei (production électrique insulaire), une filiale d’EDF en Corse et dans les outre-mer, pour un coût d’environ 500 millions d’euros.
Référé-suspension
En février dernier, les associations FNE (France Nature Environnement) et GNE (Guyane Nature Environnement), qui dénoncent un projet « insensé », ont attaqué en justice les autorisations concernant la centrale et l’oléoduc délivrées par la préfecture en octobre et décembre 2020 (Guyaweb du 28/02/2021). Au vu de l’avancement des travaux de déboisement et de terrassement du site, les associations ont saisi en référé-suspension le tribunal administratif le 7 juillet « pour que le tribunal se prononce avant qu’il ne soit trop tard ».
Sur le site du Larivot, la terre a été mise à nu sur plus de 500 mètres de long. Les troncs des arbres abattus pour dégager le terrain forment des tas imposants. Au sol, des monticules de sable plus clairs tranchent avec la terre de latérite rouge. Ils doivent servir à stabiliser et surélever de plusieurs mètres la zone au sol gorgé d’eau en cette saison des pluies qui s’éternise. Quelques camions et engins de chantier sont garés alignés, à l’arrêt.
Le chantier est à l’arrêt au site du Larivot
La décision du juge est le premier coup de frein donné à ce projet que rien ne semblait arrêter. Ni les avis négatifs des différentes instances consultées, qui tous restaient consultatifs : conseil national de la protection de la nature (CNPN), bureau de la Communauté d’Agglomération du Centre-Littoral (CACL) (Guyaweb du 08/07/2020), enquête publique qui s’est tenue en mai-juin 2020 de manière entièrement dématérialisée alors que la Guyane était soumise à un confinement partiel ; ni les craintes de « non-respect de la loi » formulées par l’Autorité environnementale, ni les cris d’alerte des associations environnementales et du collectif citoyen Alter Larivot…
« Doute sérieux quant à la légalité »
C’est finalement par une décision de justice qu’a été temporairement suspendu l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale pour l’exploitation de la future centrale, signé par le préfet Marc Del Grande le 22 octobre 2020, « jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur la légalité de cet acte ».
Dans sa décision, que Guyaweb a pu consulter, le juge des référés émet un « un doute sérieux quant à la légalité de l’arrêté » autorisant la mise en exploitation de la centrale. Il retient deux éléments : son emplacement « susceptible de méconnaître la loi Littoral » etles émissions carbone que généreront cette centrale thermique prévue pour fonctionner au fioul, incompatibles avec les engagements climatiques de la France. Ce dernier point est particulièrement novateur dans une décision de justice. Le juge s’appuie sur la récente décision du Conseil d’État d’enjoindre au gouvernement de prendre des mesures supplémentaires pour respecter sa trajectoire de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, donnant ainsi satisfaction à la commune de Grand-Synthe menacée de submersion marine.
Dans le cas de la centrale du Larivot, le tribunal de Cayenne rappelle « que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national en sorte de parvenir à l’objectif de réduction de 40% en 2030 par rapport à 1990 » et juge que « le projet de centrale alimentée par du combustible fossile […], facteur de l’émission de 294 000 t.CO2/an ne peut être regardé comme s’inscrivant suffisamment dans cette démarche ». Bien qu’émettant 30 % d’émissions carbone de moins que la centrale de Dégrad-des-Cannes qu’elle doit remplacer, celle du Larivot ne participera « pas de manière suffisante à la trajectoire de réduction d[es] émissions » de gaz à effet de serre de la France « pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale bas-carbone ».
« Hypothétique » fonctionnement aux biocarburants
La possibilité d’un fonctionnement aux biocarburants, entérinée par la révision partielle de la PPE en mai dernier, n’a pas convaincu le juge, pour qui cette option reste «hypothétique ». Dans un communiqué du 17 octobre 2020, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili annonçait que la centrale serait « alimentée à 100% en biomasse liquide ». Pourtant quelques jours plus tard, la préfecture de Guyane accordait l’autorisation environnementale et le permis de construire pour une centrale fonctionnant au fioul domestique, sans mention de biomasse. « Ainsi, l’évolution fioul – biomasse liquide dont se prévalent les défendeurs ne peut en l’état être tenue pour certaine »retient le juge administratif.
Le permis de construire de la centrale du Larivot, placardé sur la grille d’entrée du site
Ensuite, c’est l’emplacement de la future centrale qui inquiète la justice. Sur ce point, ses craintes sont partagées par une large partie des commentateurs du projet, y compris certains de ses promoteurs. « Ils ont trouvé le Larivot qui même moi-même parfois pourrait me choquer » reconnaissait ainsi l’ancien président de la CTG Rodolphe Alexandre, lors de la dernière assemblée générale de la collectivité territoriale qu’il a présidée le 5 mai dernier.*
Le site retenu est « un espace proche du rivage » décrit le juge, où « le schéma de mise en valeur de la mer attachée au SAR [schéma d’aménagement régional, ndlr] » ne prévoit pas d’activité du type de celle de la future centrale. De plus, « le site ne peut être regardé comme constituant un secteur déjà occupé par une urbanisation diffuse, les différents hameaux dont se prévalent les défendeurs étant situés entre 500 mètres et un kilomètre du site », commente le juge des référés, ce qui en fait potentiellement un lieu non constructible.
Autant d’éléments soulevés par les associations environnementales ayant saisi la justice et qui se réjouissent aujourd’hui de sa décision « historique ». « C’est la première fois que l’émission de gaz à effet de serre prévu dans un projet cause la suspension des travaux. Les multiples engagements pris par notre pays prennent enfin une tournure contraignante » se réjouit le collectif Alter Larivot, mobilisé contre le projet de centrale depuis plus d’un an. France Nature Environnement savoure son « premier succès en référé face à EDF ».
Pourvoi en cassation
Mais en Guyane, la décision du juge administratif ne fait pas l’unanimité. En annonçant déposer un recours auprès du Conseil d’État, le préfet de la Guyane emboîte le pas à EDF qui a fait savoir dès dimanche qu’il allait faire appel de la décision du tribunal administratif. Dans la foulée, c’est le président de la CTG Gabriel Serville qui affirme par voie de communiqué « sa volonté d’apporter son soutien à EDF dans sa démarche de faire appel », évoquant « le droit d’accès à l’énergie ». Le préfet défend lui un projet «essentiel à la sécurité de l’approvisionnement en électricité en Guyane ». Un front constitué de l’État, de la CTG, d’EDF et de la Chambre de Commerce et d’Industrie se constitue donc pour contester la suspension de l’arrêté préfectoral par le tribunal administratif.
Convoi en protestation à la suspension des travaux, Cayenne, le 3 août
L’arrêt programmé de la centrale au fioul de Dégrad-des-Cannes revient sur toutes les bouches. Entrée en fonction en 1982, elle doit fermer fin 2023 à l’expiration de la dérogation qui lui permet encore de fonctionner malgré des rejets polluants hors normes. Avec la fermeture annoncée de cette centrale dont la capacité de production correspond approximativement à un tiers du parc électrique guyanais, c’est le risque de « black-out »qui est agité par les promoteurs du Larivot, pour qui elle constitue aujourd’hui l’unique solution. Un sujet sensible alors qu’il y a à peine dix jours une coupure a privé d’électricité 60 000 foyers du littoral guyanais et que les habitants constatent régulièrement des micro-coupures.
C’est d’ailleurs la vieille centrale de Dégrad-des-Cannes et non le site en travaux du Larivot qu’ont visité aux côtés d’agents d’EDF des élus de la CTG dimanche dernier. Le président Gabriel Serville a pu en « constater l’état de vétusté ». Était également présent Jean-Paul Fereira, premier vice-président de la Collectivité territoriale de la Guyane, délégué au développement durable et à la transition énergétique. Interrogé par Guyaweb en juin 2021 alors qu’il était candidat à la tête d’une liste de cinq partis dont Guyane Écologie, il affirmait que l’emplacement de la centrale du Larivot était « une aberration » (Guyaweb du 09/06/2021). Il fait aujourd’hui front avec le président de la CTG, EDF et l’État pour défendre le projet de centrale thermique du Larivot.
« Urgence écologique et climatique »
« La vétusté de la centrale de Dégrad des Cannes connue de l’autorité et de l’énergéticien, aurait dû conduire à une anticipation plus en amont » note le juge des référés, qui refuse toutefois de voir dans la suspension de l’arrêté préfectoral « une atteinte d’une particulière gravité » à l’intérêt général, comme le revendiquent les promoteurs de la centrale du Larivot. « L’intérêt général attaché à la sécurité d’approvisionnement électrique de la Guyane doit être mis en balance avec l’urgence écologique et climatique » commente le juge.
Du côté des salariés d’EDF, l’heure est à l’inquiétude. « Il y aura des grèves » lâche, laconique, un agent d’EDF, stationné devant le chantier à l’arrêt de la future centrale. Mais quand ? La branche EDF de l’UTG – l’Union des travailleurs guyanais, le principal syndicat de la région – a déposé un préavis de grève qui court sur six mois, du 2 août au 31 décembre 2021. Au micro de France-Guyane, son secrétaire général Davy Rimane s’inquiète de l’avenir de la centaine de salariés du site de Dégrad-des-Cannes, qui doivent à sa fermeture rejoindre la future centrale du Larivot. Si cette dernière n’aboutissait pas, qu’adviendrait-il de leurs emplois ?
Le collectif Alter Larivot porte une « demande de formation ou de reconversion des agents d’unité thermique vers un projet professionnel qui leur correspond et qui correspond au 21ème siècle ». Pour Guyane Nature Environnement, qui rappelle que la dernière centrale au fioul de l’Hexagone a fermé en 2018, les projets d’énergies renouvelables annoncés par le groupement des entreprises en énergies renouvelables de Guyane (GENERG) pourraient créer « 500 emplois pérennes non délocalisables ».
Alternatives renouvelables
Le GENERG qui s’inquiétait de la mise « en péril [d]es projets en énergies renouvelables » par le surdimensionnement de la centrale du Larivot, affirme que « les entreprises du secteur ont pour objectif d’installer 215 MW de capacité » de production d’énergies renouvelables en Guyane à l’horizon 2025, en couplant de la petite hydraulique au fil de l’eau, du photovoltaïque et de la biomasse. Lors de l’audience devant le juge administratif, l’avocat pour le préfet de la Guyane, Me Gourdin avait jugé que « les options alternatives proposées sont non pertinentes », d’après le document de la décision du juge des référés.
« Un mix électrique 100% ENR [Énergies renouvelables] est possible en Guyane tout en satisfaisant l’ensemble de la demande électrique à tout instant » affirme pourtant l’ADEME (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) dans un rapport publié en 2020, dans lequel sont présentés plusieurs scénarios de mix énergétique permettant de « sortir le diésel du parc de production dès 2025 ».
La décision du tribunal administratif de Cayenne rebat donc les cartes du futur énergétique de la Guyane, désormais suspendu à de prochaines décisions de justice.
* Voir à la minute 46’00 : https://fr-fr.facebook.com/CTGuyane/videos/129974269120404/
3 commentaires
- Remi97304 août 2021 RépondreConcernant le soutien de la CTG au projet du Larivot, ça peut s’expliquer en partie par le fait qu’elle touche les taxes sur l’importation des hydrocarbures.
Plus on importe de produits pétroliers, plus la CTG touche d’argent.
De ce point de vue, la CTG n’a pas économiquement intérêt à passer à l’autonomie énergétique ou à réduire de parc automobile.
Il serait opportun de trouver rapidement une alternative de financement moins toxique pour la CTG… - Loic05 août 2021 RépondreC’est surement ces ayatollah de l’environnement qui veulent tout faire pour diviser les guyanais.
Qu’ils aillent manifester contre les centrales au charbons qui pullulent en Europe. - FhKou06 août 2021 RépondreQuelques réactions :
Bravo pour le juge et les associations France Nature Environnement et Guyane Nature Environnement qui ont permis cette procédure. Formuler un jugement avec effet (suspension des travaux) en tenant compte des futures émissions de gaz à effet de serre est une décision claire et forte. J’espère que l’esprit de la loi gardera force.
Les syndicats patronaux profèrent des menaces (avec raison), mais il faudrait qu’ils comprennent que les externalités (souiller les communs) ne peuvent plus être tolérées par respect pour le vivant. Transformer son environnement (= énergie) n’est plus possible. Il faut accepter rapidement de mettre le business après le bon sens.
Le choix d’une centrale thermique au fioul (comparativement, le gaz est moins émetteur de CO2, mais sur toute la chaine, ça peut se discuter) est un mauvais choix. Idem pour le terrain! Le biocarburant est techniquement possible, mais ce n’est pas parce que c’est possible que c’est faisable dans les ordres de grandeur préconisés. Donc on oublie. Dans notre civilisation Pib-artefacts, consommer de l’énergie impose une production à l’identique en quantité et au même moment. Le Generg et l’Ademe savent très bien que pour avoir une sécurité d’approvisionnement, il faut disposer d’une part de production pilotable. On ne sait pas, pour les quantités nécessaires, stocker l’énergie. L’Allemagne a fait de gros investissements (sans baisser les émissions de CO2) dans les énergies renouvelables, mais l’arrêt de centrales nucléaires les oblige à produire de l’énergie pilotable avec du (mauvais) charbon. Ils ont donc des capacités de production bien supérieures à leurs besoins et quand il n’y a pas de soleil (et/ou de vent), ils importent de l’énergie; ce que la Guyane ne peut pas faire! Je ne connais pas la modélisation de l’Ademe pour la Guyane. Leur modèle (celui qui est généralement cité) pour la métropole tient compte de progrès technologiques dans l’efficacité énergique et d’une sobriété de consommation hypothétique. Le mot progrès a disparu des discours. Il nous a bien plantés et à part le rêve, le progrès ne nous apportera aucune amélioration écologique par définition puisque toute machine demande de l’énergie pour fonctionner et que transformer de l’énergie dégrade globalement notre environnement.
Dans l’ensemble, Ra est assez clairvoyant (vidéo vers 46 min), mais alors comment est-il possible que la Guyane se soit fourvoyée dans cette impasse? Le nouveau président de la Ctg ne connait rien à l’énergie. Comment peut-on prétendre un « droit d’accès à l’énergie » quand ce droit est destructeur de l’écosystème? Il faut bien comprendre que l’énergie est gratuite : on ne paye pas la molécule pétrole ni le soleil… Une seule espèce, l’homme, a accès à une énergie autre que celle fournie par le corps. Depuis longtemps, l’humain maitrise le feu et s’accapare ainsi de ressources en générant des destructions hors limite. Consommer de l’énergie revient à modifier l’écosystème et les lois de la physique sont non négociables. On est au bout du cycle. Sera-t-on capable de limiter les transformations (consommation d’énergie) qui ont fait notre bonheur (Nous disposons d’esclaves énergétiques qui se mettent en branle pour notre bien-être dès qu’on appuie sur un bouton.) depuis seulement trois générations? Dans tous les cas, il faut payer et longtemps. À peine a-t-on compris le sens de l’anthropocène que déjà nous constatons une extinction foudroyante. Le préfet a bien compris « la sécurité de l’approvisionnement en électricité en Guyane ». Le futur sera contraint et assez rapidement, il n’y aura plus de sécurité d’approvisionnement. On jouera à robocop quand il y aura du soleil et si la hauteur d’eau du barrage le permet au nom de l’urgence écologique et climatique. Les équations physiques ne sont pas sensibles à l’agitation des syndicats, des décideurs et des politiciens.Je me permets de recycler ma dernière contribution guyaweb du 30 juillet qui est encore plus d’actualité :La Guyane n’a pas trop le choix. La centrale qui suppléera Degrad des Cannes doit être pilotable, c’est-à-dire fonctionnant à l’énergie fossile ou nucléaire. La filière bois (pouvant fonctionner au fuel) prévue initialement est un doux rêve irréalisable par manque de ressource bois (*).
Je propose un Small Modular Reactor de quelques centaines de MégaWatts (**). La contrainte d’être proche du port pour la livraison du fuel ne serait plus d’actualité. De plus, un réacteur nucléaire avec peu de rejet CO2 semble approprié à l’addiction énergétique des sapiens guyanais.
Nous sommes confrontés aux cinq défis (par ordre d’importance ***) :
– Occupation des sols -> effondrement de la biodiversité
– Surexploitation des ressources : Le 29 juillet 2021 est le jour du dépassement
– Crise climatique
– Pollution
– Espèces invasives
Pour être concis et clair : si vous voulez agir, il faut ne pas agir (au sens énergétique) et convaincre. Le programme politique est : limiter sa descendance et limiter sa transformation (consommation) d’énergie. Arrêter d’être robocop et prendre le temps de vivre (et la centrale thermique du Larivot devient de fait inutile). Un programme de Ouf. Et en plus de l’absence de choix, il faudrait se dépêcher en restant calme!* : https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_%C3%A9lectrique_de_Drax
** : https://www.youtube.com/watch?v=slItH1X1XxU&t=248s
*** : Ce classement est repris de nombreuses fois et en particulier, mais je ne suis pas sûr de ma source, dans l’émission sur France Culture « De cause à effets, le magazine de l’environnement », « Une militante française anti-charbon couronnée du prestigieux Prix Goldman » :https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-a-effets-le-magazine-de-lenvironnement/une-militante-francaise-anti-charbon-couronnee-du-prestigieux-prix-goldman-0