Biodiversité, vers de nouvelles sources de connaissance: l’eBioAtlas.
On ne sait si la débauche de recours à la science du vivant proposée au Congrés Mondial de la Nature sauvera la biodiversité? D’autres grandes promesses se sont noyées dans des résultats catastrophiques On se souvient de ces années 92/96 où l’UICN , notamment à Djakarta brandissait les biotechnologies comme la solution miracle ….
Nouvelle promesse en 2021: l’atlas mondial de la vie en eau douce utilisera l’ADN pour lutter contre la crise d’extinction. Le mois dernier, NatureMetrics et l’UICN ont annoncé le lancement d’eBioAtlas : un programme conjoint visant à cartographier la biodiversité mondiale des eaux douces et intérieures à l’aide de l’ADN environnemental.
Les études de biodiversité sont extrêmement difficiles, en particulier dans les zones reculées, les forêts et les fonds sous-marins, et les ressources requises pour des évaluations complètes à l’échelle des paysages sont généralement prohibitives et l’absence de données complètes et fiables entrave la capacité à évaluer l’impact des programmes de conservation ou à fixer des objectifs ou des normes de performance significatifs . L’ADN environnemental, c’est à dire la capture et l’analyse des traces d’ADN que les espèces laissent dans l’eau, change la donne en matière d’évaluation de la biodiversité. Un seul échantillon d’eau permet de capturer l’empreinte d’un biome entier, des microbes à la mégafaune, y compris les espèces qui vivent dans l’eau elle-même et celles occupant les terres voisines. De plus, l’échantillonnage est si simple que n’importe qui peut le faire, des écoliers aux gardes de parcs, en passant par les communautés locales, les touristes, les scientifiques et les entrepreneurs industriels, à des échelles pour lesquelles il aurait fallu des décennies avec les méthodes d’inventaire conventionnelles.
Pour recueillir ces informations NatureMetrics a été fondée en 2016 . Objectifs: mettre ces outils entre les mains de ceux qui travaillent en première ligne à la gestion de l’environnement et à la conservation de la nature. L’idée du programme eBioAtlas est née d’une réunion avec Will Darwall (Responsable du programme des espèces d’eau douce de l’UICN) . eBioAtlas vise à collecter et analyser 30 000 échantillons d’ADNe en trois ans. L’échantillonnage sera effectué par des partenaires de mise en œuvre, principalement des organisations de conservation s’appuyant sur leurs programmes actifs et les liens existants avec les parties prenantes locales dans chaque région. Les échantillons seront exportés conformément aux réglementations nationales et internationales, et analysés par NatureMetrics selon un protocole standardisé. NatureMetrics s’est engagé à analyser les échantillons sans aucun but lucratif, les fonds du programme étant détenus et gérés par l’UICN.
Les données seront mises à disposition gratuitement pour la recherche et la conservation, les données concernant les espèces étant ajoutées au GBIF (Global Biodiversity Information Facility). L’UICN utilisera les données pour guider les évaluations d’espèces de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées™, afin d’aider à identifier les sites répondant aux critères de désignation des Zones clés pour la biodiversité ou autres types de protection, ainsi que pour cibler les ressources de conservation vers les endroits où elles auront le plus grand impact.
Dominique Martin Ferrari à partir du texte de Kat Bruce
Kat Bruce est la fondatrice de NatureMetrics et l’une des leaders mondiaux dans l’application du biosuivi basé sur l’ADN pour soutenir les résultats de conservation. Titulaire d’un doctorat en écologie tropicale et en meta-codage à barres de l’ADN, Kat est une experte technique dans ces domaines et siège au sein de toute une gamme de plateformes multipartites pour le suivi basé sur l’ADN, dont le comité directeur du Groupe de travail britannique sur l’ADN et le comité directeur du Forum britannique sur les entreprises et la biodiversité. Elle dirige également le projet d’action COST DNAqua-Net de l’UE, où elle travaille à établir de meilleures pratiques pour l’utilisation des outils de suivi aquatique basé sur l’ADN. Elle s’intéresse particulièrement à mettre en relation la recherche, l’industrie et les politiques afin de faire progresser notre capacité à réaliser un suivi du monde naturel.