la déclaration officielle: le manifeste de Marseille
Bourré de bonnes intentions, de voeux pieux et de vraies avancées le manifeste de Marseille nécessite un décryptage que nous ne manquerons pas d’effectuer
LE MANIFESTE DE MARSEILLE
Le Congrès Mondial de la nature touche à sa fin dans un contexte d’épidémie globale
persistante et de crises s’aggravant pour le climat et la biodiversité, ceci exacerbant les
inégalités sociales. Les activités humaines néfastes aggravent la situation et menacent non
seulement notre propre survie mais aussi la possibilité de la vie sur Terre.
Nous avons atteint un point de bascule et notre fenêtre de tir pour adresser ces crises
interdépendantes se réduit de plus en plus.
Le Congrès de l’UICN reconnaît que nous avons une nature, un futur et s’engage à :
Respecter et contribuer aux perspectives et aux conditions de vie de tous les citoyens – tout
spécialement les jeunes1
, les leaders de demain, représentant quasiment un cinquième de
la population mondiale. Les droits des populations autochtones et des communautés locales
justifient leur rôle central dans la conservation, tout autant que leur rôle de gardien de la
biodiversité. Les conditions de vie de ceux qui sont marginalisés, que ce soit
économiquement, socialement ou politiquement, à l’inclusion des femmes, doivent être
améliorés. L’UICN reconnaît que ce sont ces groupes qui sont les plus affectés par les
crises du climat et de la nature, et en même temps ce sont ceux qui offrent les solutions
innovantes vis-à-vis de ces crises. L’UICN, ses membres et ses partenaires s’engagent à
supporter et à renforcer leurs conditions de vie en promouvant la diversité et l’inclusion dans
ses travaux.
Poursuivre les collaborations et les partenariats. Pour trouver des consensus et encourager
les actions, nous devons accepter la diversité d’opinion et promouvoir l’enseignement et
l’apprentissage. Ceci nous permettra d’adopter des solutions se reposant sur la plus large
variété d’expériences, de connaissances et de traditions. Il est temps d’élargir nos
perspectives. L’UICN se tient prête à créer des partenariats qui améliore les capacités de
ses membres : les Etats, la société civile, et les organisations des peuples autochtones.
L’action locale en tant qu’outil puissant de changement, qui complémente les actions à
d’autres échelles. Le congrès de l’UICN s’engage à encourager une nouvelle approche avec
un rôle significatif pour tous, des organisations de terrain jusqu’aux gouvernements en
passant par les autorités locales et les entreprises. Notre nouvelle approche doit reconnaître
la responsabilité de chacun et doit guider tous les individus pour qu’ils agissent en faveur de
la nature et pour notre avenir. L’UICN encourage tous les citoyens à agir de la sorte où qu’ils
soient ; qu’ils se trouvent dans des zones urbaines ou rurales, au cœur des entreprises ou
des écoles.
Les membres de l’UICN ainsi que ses partenaires renouvellent leur engagement à
collaborer ensemble pour adresser les trois crises qui détruisent des centaines de
millions de vie et de lieux d’habitation :
Contrer les impacts de la pandémie de la COVID-19 :
L’épidémie révèle notre relation non-durable à la nature, ainsi que les inégalités sociales,
économiques et d’accès aux soins présentes dans nos sociétés. Chaque année, les
ressources naturelles diminuent, pénalisant le bien être humain et exacerbant d’autant plus
les inégalités. Ces liens signifient à la fois que les problèmes peuvent être résolus ensemble
via un processus de prise de décision plus juste et inclusif, particulièrement en ce qui
concerne la façon dont les sociétés seront reconstruites après la pandémie : une opportunité
unique pour la reconnaissance des droits et des conditions de vie des peuples autochtones
et des communautés locales.
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Les personnes agées de 15 à 24 ans
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Le congrès encourage les gouvernements, la société civile ainsi que le secteur privé, à
restaurer une relation positive avec la nature en :
Promouvant les investissements en faveur de la nature. Avec les gouvernements désormais
engagés à investir pour stimuler les économies, il existe une opportunité unique de créer
des emplois durables, d’accélérer la juste transition vers une économie décarbonisée, et de
supporter et respecter les communautés et rediriger les investissements directs vers des
projets positifs pour la nature. L’UICN exhorte les gouvernements à mettre en place un “plan
de relance fondé sur la nature” et pour se faire, les gouvernements doivent déployer des
investissements publics et encourager le secteur privé ainsi que la société civile à investir à
leur tour.
Transition vers une économie respectueuse de la nature. Si le recours à des solutions
fondées sur la nature pour aider les pays à se relancer est fortement encouragé, nous
devons également nous projeter sur le long terme. La réforme des systèmes financiers,
économiques et réglementaires est essentielle, tout comme la fin des subventionnements
qui nuisent à la nature. L’adoption d’une approche économique plus circulaire pourrait aider
à préserver des biens communs mondiaux d’une importance capitale, comme
l’environnement marin. L’UICN exhorte les gouvernements à supprimer les incitations
négatives et les subventions néfastes qui nuisent à l’environnement naturel, et à mettre en
place des incitations positives qui profitent à la nature. De même, l’UICN appelle
solennellement les entreprises et autres investisseurs à analyser l’impact et la dépendance
des nouveaux investissements sur la nature, à dissuader ceux qui pourraient nuire à la
nature et à donner la priorité à ceux qui lui sont bénéfiques.
Donner la priorité aux investissements en faveur de nature qui font progresser la justice et
l’inclusion sociales. Les nouveaux investissements, aussi bien intentionnés soient-ils,
peuvent exacerber les inégalités existantes s’ils ne sont pas soigneusement conçus. Des
efforts particuliers doivent être faits pour inclure les groupes marginalisés, et améliorer les
conditions de vie des femmes, des jeunes, des communautés locales et des peuples
autochtones dans le cadre d’investissements dans les solutions basées sur la nature.
L’UICN encourage les gouvernements et le secteur privé à adopter le Standard mondial de
l’UICN pour les solutions fondées sur la nature, et à veiller à ce que les investissements ne
soient pas seulement bénéfiques pour la nature, mais aussi durables et contribuent à
l’égalité sociale et économique.
Mettre fin à la crise de la biodiversité en s’engageant en faveur d’un cadre mondial de
la biodiversité pour l’après 2020, transformateur, efficace et ambitieux
Les prochains mois détermineront en grande partie la manière dont les pays s’attaqueront à
la crise de la biodiversité. Une action décisive et collaborative entre les gouvernements et
dans tous les secteurs de la société est impérative. Si nous voulons assurer l’avenir de la vie
sur Terre, nous devons mettre un terme aux pertes de biodiversité d’ici 2030 et parvenir à la
restauration des écosystèmes d’ici 2050.
Le congrès exhorte les gouvernements, les organisations non gouvernementales (ONG), les
organisations des peuples autochtones et les organismes communautaires à prendre des
mesures visant à réduire radicalement les causes de la perte de biodiversité et à susciter
des changements transformatifs dans tous les secteurs. Cela inclurait un changement dans
les relations culturelles avec la nature pour assurer sa conservation, sa restauration et son
utilisation durable.
Mieux comprendre les écosystèmes transformés, y compris les espaces agricoles, et
surveiller le potentiel de conservation de ces écosystèmes est essentiel pour la biodiversité
et profite aux personnes et au climat. La biodiversité et la conservation sont importantes
partout. Nous devons donc nous attaquer aux facteurs qui diminuent la vie, et à la seule
santé que nous partageons avec les animaux et l’environnement. Les polluants, notamment
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ceux issus de l’agriculture et de l’industrie, détruisent la biodiversité de nos sols, de nos
eaux, de nos terres et de nos océans. Le congrès exhorte les citoyens à poursuivre la
conservation de la nature dans leurs secteurs et leurs communautés, en contrôlant les
menaces locales à la biodiversité et en restaurant les habitats pour stimuler la productivité.
S’engager en faveur d’un réseau de conservation ambitieux, interconnecté et efficace avec
un ancrage local qui : représente toutes les zones importantes pour la biodiversité et les
services écosystémiques ; reconnaît les rôles et la responsabilité des populations
autochtones et des communautés locales ; reconnaît les utilisations multiples et diverses qui
soutiennent une conservation efficace. Le congrès implore les gouvernements de fixer des
objectifs ambitieux en matière d’aires protégées et d’autres mesures efficaces de
conservation sur le territoire. Ces objectifs doivent être fondés sur les connaissances
scientifiques les plus récentes, renforcer les droits et l’action des populations autochtones et
des communautés locales, et réduire la perte de biodiversité à grande échelle. Les
gouvernements sont encouragés à utiliser les catégories d’aires protégées de l’UICN, ainsi
que les nombreux outils développés par l’UICN pour soutenir ces efforts. L’application du
standard de la Liste verte des aires protégées et conservées de l’UICN, par exemple,
permettra de s’assurer que les aires sont connectées, gérées efficacement et gouvernées
de manière équitable.
La mobilisation des partenariats est essentielle pour accélérer la restauration aux niveaux
local, national et global, et pour atteindre des publics plus larges afin d’avoir un impact plus
important. Le Congrès appelle les gouvernements, les ONG et les autres acteurs à veiller à
ce que la restauration soit bénéfique pour la nature et s’aligne sur la science ;
La promotion d’une conservation efficace des espèces, des écosystèmes et de la diversité
génétique est essentielle pour le rétablissement de la biodiversité, y compris la diversité des
sols et l’agroécologie. L’UICN, avec ses membres et ses partenaires, s’engage à œuvrer
pour la reconstitution durable des espèces sauvages, des écosystèmes sains et de la
diversité génétique en aidant les gouvernements et les autres parties prenantes à utiliser les
outils et les ressources vis-à-vis de la conservation disponible. Le congrès exhorte les
gouvernements de tenir compte de la biodiversité dans toutes les politiques publiques, tous
les programmes et toutes les stratégies, en particulier ceux qui visent à lutter contre la crise
climatique. Parmi les autres exemples, citons : la compréhension des liens existants entre la
santé humaine, animale et environnementale et l’amélioration de ces liens ; l’utilisation
durable des ressources naturelles ; la réduction de la déforestation ; la promotion d’une
production alimentaire durable ; la prise en compte et l’élimination des impacts
environnementaux négatifs du commerce international.
Faire face aux risques et aux impacts de l’urgence climatique
La température moyenne de la planète a augmenté d’environ 1°C par rapport aux niveaux
préindustriels. Les événements de 2021 – inondations catastrophiques, vagues de chaleur et
incendies de forêt – ne laissent aucun doute sur le fait que les émissions de gaz à effet de
serre dues à l’activité humaine sont capables de déstabiliser les modes de vie établis dans
les économies riches et en développement. Dans le même temps, les populations
autochtones et les communautés côtières, insulaires et arides sont les plus durement
touchées par les effets de la crise climatique, alors qu’elles y ont le moins contribué.
Certains scientifiques craignent que nous soyons proches d’un point de basculement
irréversible. Le congrès demande instamment que des mesures ambitieuses et efficaces
soient prises pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, renforcer l’adaptation et
assurer une transition équitable vers une économie à faible émission de carbone.
Il est impératif de réduire d’urgence les émissions de gaz à effet de serre dans tous les
secteurs à l’échelle mondiale afin de limiter l’augmentation de la température à moins de
1,5°C. Le réchauffement climatique menace nos objectifs mondiaux, et les économies qui
ont le plus profité des combustibles fossiles doivent maintenant montrer la voie en matière
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de réduction des émissions. Le Congrès appelle à la décarbonisation de l’économie
mondiale et au découplage de la croissance économique de l’utilisation des combustibles
fossiles. Le congrès implore les gouvernements de supprimer rapidement tout soutien à la
production d’énergie à forte intensité de carbone et de mettre immédiatement fin aux
investissements internationaux dans le charbon, tout en veillant à ce que cette transition soit
équitable. Le congrès exhorte les gouvernements et le secteur privé de veiller à ce que les
personnes les plus vulnérables ne soient pas abandonnées dans cette transition et n’en
subissent pas les coûts, par exemple par la perte des droits fonciers sur les gisements
minéraux nécessaires aux technologies renouvelables. Il faut éviter tout effet négatif sur les
écosystèmes déjà sous pression qui pourrait résulter de la réponse au changement
climatique, y compris des technologies et industries émergentes.
Reconnaissant que des solutions fondées sur la nature sont disponibles et pourraient fournir
environ 30 % de l’atténuation requise d’ici 2030, tout en contribuant à protéger les
communautés et les pays vulnérables des impacts du changement climatique, en préservant
la biodiversité et en soutenant les emplois, les moyens de subsistance et la santé. Le
Congrès implore les gouvernements de mettre en œuvre des solutions fondées sur la nature
tout en réduisant considérablement les émissions de combustibles fossiles. L’UICN
encourage les gouvernements à intégrer des solutions fondées sur la nature dans le cadre
de leurs engagements au titre de l’Accord de Paris, et à appliquer le Standard mondial de
l’UICN pour les solutions fondées sur la nature lors de sa mise en œuvre. L’UICN exhorte
également tous les acteurs non étatiques à inclure des solutions fondées sur la nature dans
leurs engagements au titre des initiatives Race to Zero et Race to Resilience de la
CCNUCC.
Afin d’optimiser la réponse mondiale, il faut que tous agissent et que tous soient en mesure
d’agir : l’UICN, par l’intermédiaire de ses Membres et de ses partenaires, s’engage à
soutenir de nouvelles coalitions pour mettre en œuvre de manière efficace et responsable
des solutions fondées sur la nature qui répondent aux crises du climat et de la biodiversité.
En outre, reconnaissant des initiatives telles que la « Glasgow Finance Alliance for net-zero
(GFANZ) », le congrès souligne l’importance fondamentale de mobiliser des financements
liés au climat, provenant de toute source, suffisants pour réaliser l’ambition de faibles
émissions de gaz à effet de serre et d’un développement résilient au climat, comme le
reflète l’article 2.1.c de l’Accord de Paris.
ENGAGEMENT À AGIR DU CONGRÈS MONDIAL DE LA NATURE DE L’UICN
Lors du Congrès mondial de la nature, accueilli par le gouvernement français à Marseille, en
septembre 2021, les Membres et les partenaires de l’UICN s’engagent à mener à bien les
actions suivantes afin de contribuer de manière substantielle et significative au
rétablissement post-pandémique et aux urgences en matière de biodiversité et de climat :