Alain Karsenty (CIRAD) qu’est que la SNDI?
l’interview: https://www.dailymotion.com/video/x844vc4
quelles stratégies de lutte contre la déforestation ?
Dans une nouvelle étude publiée par l’Ifri, intitulée « Géopolitique des forêts du monde », Alain Karsenty du Cirad, présente un tour d’horizon complet des causes de la déforestation et des moyens pour inverser cette tendance mondiale. Il avance cinq recommandations pour une gouvernance mondiale des forêts pour la 15ème réunion de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP 15).
Géopolitique des forêts du monde : quelles stratégies de lutte contre la déforestation ?
Quelles pistes pour freiner la déforestation importée ?
Pourquoi les politiques actuelles de lutte contre la déforestation sont-elles vouées à l’échec ?
En dehors des pays tempérés et boréaux, la déforestation se poursuit à un rythme alarmant, rappelle Alain Karsenty en introduction de l’étude. Sont en cause : une course au foncier, sous-tendue par l’accroissement démographique et la hausse de la demande mondiale pour certains produits agricoles, biomatériaux ou biocarburants « à risque de déforestation ».
Dans le paysage géopolitique de la déforestation, les entreprises forestières asiatiques (Malaisie, Chine et Vietnam) gagnent du terrain en Afrique et en Asie du Sud-Est, tandis que les firmes d’agroalimentaire se développent partout dans le monde.
Face à cela, la question des forêts prend une place croissante dans les agendas politiques internationaux et dans les stratégies d’entreprises, à travers la « compensation carbone ». « Mais ces agendas s’appuient sur une vision naïve de l’incitation (notamment avec REDD+) », selon Alain Karsenty.
S’attaquer aux inégalités et à l’insécurité foncière
Pour l’économiste du Cirad, les modes de consommation dans les pays industrialisés et émergents doivent évoluer rapidement afin de réduire les pressions directes et indirectes sur les espaces boisés. « Il faut s’attaquer aux inégalités et à l’insécurité foncière, mettre en œuvre des politiques qui rémunèrent plus équitablement les paysans pour les denrées qu’ils produisent et les services écologiques qu’ils fournissent».
Alain Karsenty préconise ainsi un agenda commun, avec les pays en développement, pour la sécurité alimentaire, la lutte contre la déforestation et la restauration des écosystèmes naturels dégradés. « Il faut investir dans la transformation des systèmes agro-alimentaires, l’éducation, les réformes du foncier et consolider les institutions nécessaires à l’état de droit (justice, autorités indépendantes…) ».
Appel à un sursaut dans la gouvernance mondiale des forêts
Pour la 15ème réunion de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP 15) prévue en Chine en octobre 2021, il appelle ainsi à un sursaut dans la gouvernance mondiale des forêts à travers cinq recommandations :
- Compléter le principe des « paiements aux résultats » du mécanisme REDD+ par un puissant soutien aux investissements nécessaires pour que ces résultats puissent se concrétiser.
- Maîtriser la demande en produits impliqués dans la déforestation en revoyant les accords commerciaux : bannir l’importation de produits impliqués dans de la déforestation illégale au profit de produits certifiés « zéro déforestation ».
- Aider les pays en développement à mettre en œuvre une fiscalité écologique incitativepour favoriser les productions agricoles zéro déforestation et forestières durables, via des systèmes de bonus-malus.
- Construire un agenda commun pour la sécurité alimentaire, la lutte contre la déforestation et la restauration des écosystèmes naturels dégradés avec les pays en développement. Développer l’agroécologie paysanne, les associations cultures-élevage et l’agroforesterie. L’investissement nécessaire pourrait transiter par des programmes de Paiements pour Services Environnementaux.
- Faire évoluer le régime des concessions forestières pour intégrer la reconnaissance de droits superposés sur les espaces, la gestion commerciale de nouvelles ressources et le partage des bénéfices.