Le Monde Nouveau : J3
Biodiversité: un thème qui monte.
Est ce la résultat des dernières navettes législatives (chasse, confort des animaux…) ou du Congrès mondial de l’UICN (union internationale de conservation de la nature) à Marseille? Quelque soit la raison, à l’appel du groupe La dépêche , la salle Pasteur était ce matin bien garnie pour parler de biodiversité avec des acteurs impliqués.
Gille Boeuf, professeur de chaires plus prestigieuses les unes que les autres, et surtout professeur invité au Collège de France, comme ses prédécesseurs, a repositionné le débat actuel « dans une myopie mortelle » . Même si l’on remarque une apétence pour le sujet « on prêche dans le désert. Or on ne peut attendre la prochaine génération« . Loïc Dombreval , député des Alpes Maritimes et docteur vétérinaire a tenu à défendre les petits pas du gouvernement. « Certes on se focalise sur les reculs , mais constatons les avancées: aides importantes à l’isolation des logements, facilitation accordée pour l’achat de véhicules propres, création de 7 nouveaux parcs régionaux . Adoption de la loi climat qui prône le zéro artificialisation nette des territoires (horizon 2050!), 20% de bio dans les cantines, un repas végétarien par semaine... » Les résultats concrets ne font pas bouger assez vite mais on avance. D’autres ont relevé les discours contradictoires et le retard que fait prendre les mauvaises décisions.
Et puis, si on subit encore au Sénat le lobby des chasseurs (responsable de la démission de Nicolas Hulot), on voit parallèlement advenir la fin de la fourrure . Résultat de la Covid ou d’une prise de conscience , les élevages de visons disparaissent. Il en reste 3 en France . Des centaines ont été fermés aux Pays Bas.
La politique des petits pas se mène souvent au niveau local. Elle ne peut avoir de valeur, que reliée aux décisions nationales ou internationales, car les intérêts collectifs doivent primer sur les intérêts sectoriels peu durables. Et bouger la machine demande une énergie considérable. Heureusement pour la cause animale, comme les animaux n’ont pas de frontières, grâce aux politiques internationales et à l’UE, malgré les clivages ça bouge en apprenant à se parler ensemble. Pierre Maigre (LPO) et Francis Duranthon (conservateur en chef du Museum de Toulouse) ont rappelé qu’à la différence du réchauffement climatique que l’on ressent dans notre corps, la perte de la biodiversité ne se voit pas. C’est là tout le danger. La cause profonde est sans doute culturelle: la France est particulièrement rétive parce qu’elle est l’héritière de Descartes qui a fait des animaux des machines sans émotions. La France est un pays où l’homme veut faire croire qu’il peut dompter la nature.
DMF