Action greenpeace: Energies fossiles : ni pub, ni mécénat
Récolter un million de signatures en un an, c’est le défi que se sont lancé plus de 20 associations et ONG européennes en lançant aujourd’hui uneinitiative citoyenne européenne. Leur objectif : la mise en place d’une réglementation européenne interdisant les publicités, partenariats et mécénats pour toutes les entreprises vendant des biens et services fossiles. Greenpeace France mène la mobilisation tricolore. Cette ICE est également soutenue par les associations Résistance à l’agression publicitaire (R.A.P), les Amis de la Terre France et Communication et Démocratie (CODE). Des publicités et partenariats fossiles qui amplifient le changement climatique En mai 2021, l’Agence Internationale de l’Énergie appelait à renoncer à tout nouveau projet fossile pour répondre à l’urgence climatique. En août, le GIEC lançait une nouvelle alerte rouge. Le mois dernier, une étude parue dans Nature concluait que pour respecter l’accord de Paris, il fallait réduire drastiquement l’extraction d’énergies fossiles. Le message est clair, mais les majors pétrolières freinent des quatre fers. A coups de publicités, partenariats et mécénats, elles achètent leur acceptabilité sociale et usent de leur influence pour maintenir le plus longtemps possible un modèle économique sans avenir. Selon un nouveau rapport de Greenpeace Pays-Bas rendu public aujourd’hui, près de ⅔ des publicités des principales majors pétrolières sont en réalité du greenwashing[1]. Une façon de se donner une image plus verte, alors que leur activité reste majoritairement liée aux énergies fossiles. Et ça fonctionne : les publicités boostent les ventes, augmentant au passage les émissions de gaz à effet de serre du secteur. Les partenariats et les mécénats sont, eux, d’une efficacité redoutable pour redorer l’image d’une entreprise ou même lui permettre de signer des contrats. En France, Greenpeace France a mené l’enquête sur TotalEnergies[2]. La multinationale n’hésite pas à s’associer à de grands événements sportifs comme la Coupe du Monde de Rugby 2023 pour optimiser son capital sympathie, ou bien à s’imposer au cœur de l’Ecole polytechnique pour influencer les élèves. La stratégie de soft power de TotalEnergies est bien rodée : en 2020, le groupe a également investi plus de 16 millions d’euros dans le domaine de la culture et du patrimoine. Une présence dans les grands musées français qui sert, bien sûr, ses intérêts. Un mouvement européen pour sortir de l’emprise des énergies fossiles Les institutions qui acceptent l’argent de grandes compagnies pétrolières et gazières doivent prendre conscience qu’elles se rendent complices de leurs activités climaticides. A travers le monde, plusieurs acteurs majeurs ont déjà pris position. Le journal britannique The Guardian a renoncé à toute publicité pour des sociétés pétrolières et gazières. De leur côté, le Royal Shakespeare Theatre et le Tate museum au Royaume-Uni ou le musée Van Gogh aux Pays-Bas ont pris les mesures et engagements nécessaires en cessant leurs partenariats avec des entreprises productrices d’énergies fossiles. Dans cette lignée, une 20aine d’organisations européennes lancent aujourd’hui un mouvement européen inédit pour lutter contre l’influence de l’industrie fossile. « La désinformation et le greenwashing des multinationales pétrolières et gazières ne sont plus tenables. L’Union européenne a déjà interdit la publicité et les partenariats pour l’industrie du tabac. Notre demande est simple : en faire de même pour l’industrie des énergies fossiles, qui détruit à la fois la santé, la biodiversité et le climat. Les citoyennes et citoyens européens ont le pouvoir de faire face aux mastodontes du pétrole et du gaz », explique Edina Ifticène, chargée de campagne Pétrole pour Greenpeace France. L’initiative citoyenne européenne est une occasion unique de réduire l’emprise de l’industrie fossile sur la société : une fois l’objectif du million de signataires atteint, la Commission européenne sera contrainte d’examiner la demande des citoyennes et citoyens européens. Elle a quatre mois pour se prononcer sur le fond et expliquer ce qu’elle compte faire. |