COP 26 : Ils ont marché pour le climat
De Glasgow à Tahiti en passant par Melbourne, Paris et Bruxelles, se sont étirées Samedi 6 novembre, les marches climat avec des dizaines de milliers de jeunes pressant les gouvernements de sauver la planète.
Outremer, l’augmentation des prix du carburant, la remontée de la Covid et les problèmes sanitaires sont passés avant la peur de la crise climatique. On a compté peu de manifestants pour le climat dans les rues
Pourtant plusieurs engagements pris à Glasgow concernent l’outremer
La sortie définitive du charbon, la protection de la forêt renouvelée et étendue, les financements de l’adaptation, et la réduction des émissions de méthane de 30% d’ici 2030 touchent directement les territoires.
Particulièrement l’initiative de réduction des émissions de méthane qui représentent 1.5 fois les émissions du secteur de l’aviation commerciale. La décision a été prise par 80 pays à l’initiative des USA et de l’UE, toujours non signé par l’Australie qui à Glasgow s’est très peu engagée. Le méthane (CH4), est émis par l’agriculture et l’élevage, les combustibles fossiles (torchères du pétrole) et les déchets. C’est le deuxième gaz à effet de serre lié à l’activité humaine après le dioxyde de carbone (CO2 )
Bien sûr, il ne saurait être question de substituer une politique de réduction de méthane à l’indispensable politique de réduction du CO2 sans laquelle le long terme ne serait pas préservé.
Réduire le méthane Outremer
Mais c’est une décision importante, car elle permet de retarder le réchauffement global et de rester dans des limites de réversabilité du climat, car s’il est 29 fois plus polluant que le CO2 , le méthane a une durée de vie en terme d’accumulation, moindre.
N’oublions pas qu’ Outremer, comme dans tous les territoires isolés, il existe peu de centres de retraitement . Or la dégradation des matières organiques , des déchets, produits du méthane qu’il ne faut donc plus laisser s’échapper mais que l’on peut piéger et transformer en énergie. La réduction correspond à un programme crédible, portant à la fois sur le captage d’une grande part du méthane émis par les décharges et les boues d’épuration, sur la valorisation partielle des lisiers et fumiers d’élevage et sur une réduction
des fuites des systèmes énergétiques . L’intérêt de la lutte contre le méthane est qu’il n’y a pas de grosses infrastructures à construire. On peut couvrir les
décharges, composter les déchets , les mettre dans des réacteurs dédiés et alors capter le méthane qui devient une énergie à bas coût. En Nouvelle Calédonie à Païta, des agriculteurs produisent déjà le gaz domestique du village
Les digestats peuvent également réduire l’usage des intrants. Une tonne de gaz à effet de serre (GES) sur 40 émises mondialement, vient de l’industrie des engrais azotés de synthèse. Les supprimer correspond donc à une nouvelle réduction d’émissions et à de nouvelles économies pour les exploitants agricoles.
Outremer , cet engagement de la COP 26 n’a pas été attendu , puisque déjà avec l’aide de l’ADEME , les territoires se sont mobilisés, et la biomasse est intégrée comme source énergétique dans de nombreuses PPE ( programmation pluriannuelle de l’énergie) Par contre une aide financière nouvelle peut en découler.
Il est clair également, que cet engagement risque d’impacter des décisions. Comme par exemple la création d’un second barrage hydro électrique en Guyane . De mémoire guyanaise, en laissant la forêt se dégrader, le barrage de Petit Saut fût sans doute le plus grave bilan de relargage de méthane de l’histoire régionale. Il se transforma même en un puissant réacteur chimique , modifiant le mercure du sol et de l’orpaillage illégal en dangereux méthylmercure.
Une deuxième semaine sous haute tension
Ce lundi s’ouvrent à Glasgow des négociations plus techniques et plus politiques. Il reste beaucoup à décider, beaucoup trop, pensent certains, comme l’encadrement des marchés internationaux du carbone, qu’il s’agisse des échanges de quotas entre pays ou des marchés privés, ou le soutien financier des pays riches aux plus vulnérables avec le financement de l’adaptation
Dominique Martin Ferrari