Partout s’érigent des murs
La République dominicaine érige un mur à sa frontière avec Haïti
Le président dominicain Luis Abinader (à droite) et le ministre de la Défense Carlos Diaz Morfa (à gauche) lors du début de la construction de la clôture frontalière entre la République dominicaine et Haïti à Dajabon. Le mur s’étendra sur 164 des 380 kilomètres de frontière. – AFP / ERIKA SANTELICES
Le président de la République dominicaine Luis Abinader a lancé dimanche en grande pompe la construction d’un mur de 160 km le long de la frontière de son pays avec Haïti, un projet controversé qui, selon lui, devrait permettre de « contrôler » l’immigration clandestine et la criminalité.Cette barrière « bénéficiera aux deux pays, puisqu’elle permettra un contrôle beaucoup plus efficace du commerce bilatéral, une régulation des flux migratoires pour lutter contre les mafias du trafic d’êtres humains, lutter contre le trafic de drogue et les ventes illégales d’armes », a déclaré Abinader lors d’une cérémonie à la frontière de Dajabon, (région nord-ouest).
Élu en 2020, le président, dont la lutte contre l’immigration clandestine est l’un des chevaux de bataille, avait promis il y a un an de construire ce mur.
Les travaux coûteront 31 millions de dollars et dureront neuf mois. La première étape lancée dimanche comportera 54 kilomètres de clôture « dans les zones les plus peuplées et les plus sensibles de la frontière », selon le président.
Une deuxième étape prolongera le mur de 110 km. Le mur s’étendra ainsi sur 164 des 380 kilomètres de frontière poreuse entre les deux voisins qui se partagent l’île d’Hispaniola.
Le mur en béton armé sur lequel sera posée une structure métallique aura une hauteur de 3,90 mètres et une épaisseur de 20 centimètres.
Il y aura, ajoute l’armée, 70 tours de surveillance et de contrôle.
La grave crise institutionnelle et sécuritaire en Haïti a conduit sa population à « une situation préoccupante d’instabilité politique et sociale, ainsi qu’une crise économique et alimentaire endémique», a déclaré lors de son allocution M. Abinader, évoquant les bouleversements qui s’annoncent. Et ceux que traversent Haïti depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet. « Chaque fois qu’Haïti a subi une catastrophe, nous, Dominicains, avons toujours été les premiers à lui venir en aide. Cependant, la République dominicaine ne peut pas prendre en charge la crise politique et économique de ce pays ni résoudre le reste de ses problèmes », a-t-il déclaré.
Le président dominicain Luis Abinader a prononcé un discours lors de l’inauguration de la construction de la clôture frontalière entre la République dominicaine et Haïti à Dajabon, en République dominicaine. Cette barrière « bénéficiera aux deux pays, puisqu’elle permettra un contrôle beaucoup plus efficace du commerce bilatéral, une régulation des flux migratoires pour lutter contre les mafias du trafic d’êtres humains, lutter contre le trafic de drogue et les ventes illégales d’armes », a déclaré Luis Abinader lors de la cérémonie. – ES / AFP
Cette crise « doit être surmontée par les Haïtiens eux-mêmes et soutenue par la communauté internationale», a-t-il ajouté.
Les organisations de défense des migrants critiquent la construction du mur, affirmant qu’il provoquera « xénophobie et racisme ».
Le maire de Dajabon, Santiago Riveron, a déclaré à l’AFP qu’il n’était pas d’accord « avec ce type de mur », car « le vrai mur est celui de l’économie « et de la corruption, accusant « les militaires de prendre des pots-de-vin de 100 ou 200 pesos ( 2 ou 4 dollars) » par immigrant clandestin.
Dans cette vue aérienne des citoyens haïtiens franchissent la porte à la frontière qui sépare la République dominicaine et Haïti à Dajabon, République dominicaine, le 20 février 2022. – La République dominicaine a entamé dimanche le processus de construction d’une clôture pour délimiter la frontière entre la République dominicaine et Haïti. – ERIKA SANTELICES / AFP
La République dominicaine (10,5 millions d’habitants) accueille quelque 500 000 Haïtiens à la recherche de meilleures conditions de vie chez le voisin beaucoup plus prospère, selon l’Enquête nationale sur les immigrants.