SOBRIETE (suite)
Attention à tous ceux qui vont profiter de la guerre en Ukraine pour détricoter ce qui a été difficilement mis en place pour restreindre l’agriculture industrielle. Déjà mercredi 2 mars au soir je suivais la conf de presse des ministres européens de l’agriculture et la FNSEA publiait un communiqué victorieux alors qu’un groupe de travail se réunit et fera part de ses décisions lundi 7 Mars . Voici le compte rendu de cette conf de presse et un extrait du communiqué de la FNSEA (qui commence bien sûr par un rappel de solidarité avec l’UKraine)
Ce soir (mercredi 2 Mars) la FNSEA profite de la réunion du conseil de l’Europe agriculture réuni en urgence face à l’agression russe pour remettre sur le tapis son manifeste de 2020 et tenter ainsi de déstabiliser les initiatives de verdissement de la pAC et les décisions prises en défense de l’agriculture locale « de la fourche à la fourchette » . Or les décisions qui doivent conduire à « la souveraineté alimentaire « de l’Europe en l’absence des productions ukrainiennes ne peuvent selon le Commissaire européen n’être que « de court terme » qu’il s’agisse de l’utilisation des jachères « uniquement pour des cultures protéiques » . « on ne s’éloignera pas des stratégies adoptées , a t il ajouté, mais on regardera de près si elles sont compatibles avec la sécurité alimentaire » Réponse du groupe d’experts ce lundi 7 Mars .
La guerre ukrainienne fait craindre une augmentation du coût des intrants, de l’énergie et des engrais . Par ailleurs l’Ukraine fournissait 10% de la demande des pays voisins qu’il va falloir assurer et le Maghreb parallèlement , subi une sécheresse sans précédent . Pour éviter les mouvements de population il faudra là aussi « assurer la mission nourricière de l’Europe » Selon le Commissaire européen ces mesures ne peuvent être que de court terme. «
Or la FNSEA a immédiatement profité de ce Conseil pour faire valoir « un retour à son manifeste de 2020« : « Cette situation met en exergue ce que la FNSEA dénonce fortement depuis son manifeste de mai 2020, le déficit de souveraineté alimentaire de l’Union Européenne et de la France. Il est urgent de réaffirmer avec volontarisme cet objectif stratégique de l’Europe. Des actes concrets rapides sont attendus.En premier lieu, la logique de décroissance souhaitée par la stratégie européenne « Farm to Fork » doit être profondément remise en question. Il faut au contraire produire plus sur notre territoire, produire durablement mais produire. En second lieu, l’obligation dans la future PAC de consacrer 4% à des surfaces dites « non productives » doit immédiatement être remise en question. En troisième lieu, il convient de réfléchir immédiatement à la question de l’appui aux filières victimes pour passer ce cap et maintenir notre potentiel de production. Et enfin, la FNSEA soulève la question de la gestion de la sécurité alimentaire de la population européenne et mondiale« . A suivre avec attention.
CI joint le communiqué de presse:
Réunion informelle des ministres chargés de l’agriculture et de la pêche |
Paris, le 3 mars 2022
Les ministres européens de l’Agriculture ont tenu une réunion extraordinaire par visioconférence pour échanger sur les risques de fortes tensions alimentaires et agroalimentaires à la suite de l’invasion de l’Ukraine. L’objectif de la réunion était de partager les premières informations et prévisions en matière d’approvisionnement et de prix, de recenser les questions devant faire l’objet d’une vigilance particulière, et d’envisager des mesures à prendre, tant au niveau interne qu’en matière de coopération internationale.
Principaux résultats
« Les événements terribles qui se déroulent en Ukraine soulignent tragiquement, la nécessité de renforcer notre souveraineté alimentaire, afin de garantir la sécurité alimentaire en temps de crise, tant au sein de l’Union européenne qu’à travers le monde » a déclaré Julien Denormandie, ministre français de l’agriculture et de l’alimentation
Les ministres ont tout d’abord, unanimement, exprimé leur solidarité avec l’Ukraine et leur appel à mobiliser l’aide alimentaire et humanitaire nécessaire.
Ils ont ensuite abordé les conséquences potentiellement importantes de la crise actuelle en ce qui concerne la situation des marchés agricoles, et l’accès aux matières premières agricoles et aux intrants.
À l’issue de la réunion et des interventions des Ministres, le commissaire européen à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, a indiqué :
- Activer les outils de suivi de crise, notamment le mécanisme européen de préparation et de réaction aux crises de sécurité alimentaire mis en place par la Commission et le groupe de travail à haut niveau sur la filière porcineannoncé lors du Conseil du 21 février ;
- Envisager des mesures exceptionnelles de l’organisation commune de marché (OCM) en direction des filières les plus impactées par la hausse du coût des intrants
- Envisager des mesures pour garantir et libérer la capacité de productioneuropéenne, telles que les cultures riches en protéines sur les jachères.
Le Comité spécial agriculture reviendra sur ces questions ainsi que le prochain Conseil agriculture et pêche le 21 mars prochain.
Des interventions ont également appelé à initier sans attendre une stratégie et des outils de plus long terme pour l’amélioration de la résilience et de la souveraineté alimentaire de l’UE et à inclure la vision de souveraineté alimentaire dans les politiques agricoles européennes.
Une attention a aussi été marquée sur la sécurité alimentaire autour de la Méditerranée et dans les pays les plus fragiles. Ils sont donc souligné l’importance que toutes les enceintes internationales compétentes en la matière, y compris l’OCDE, le G20 et le G7, la FAO soient mobilisées pour analyser la question et envisager les réponses à apporter, à court et à moyen terme. Ils ont en particulier noté que la prochaine réunion du forum de réaction rapide de l’AMIS, l’observatoire des marchés mis en place par le G20 en 2011, devra fournir un état de la situation.
D Martin Ferrari