Les 50 ans de Stockholm, 2022 année anniversaire pour l’environnement.
En 1972 se tenait à Stockholm le premier sommet de la terre . Le Club de Rome venait de publier ses travaux élaborés à partir du rapport de Dennis Meadows « les limites de la croissance ». Cette année là naissait le PNUE (programme des Nations Unies pour l’environnement), de nombreux ministères et les premières législations. En 2022, les dirigeants disposent de rendez-vous majeurs pour agir. Sans mesures concrètes, ils devront en répondre devant la justice qui les attend au tournant, avec la date des dates prévues dans les tribunaux…
Environnement
L’année débute par un anniversaire. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue en français, Unep en anglais) fête ses 50 ans en 2022. Il coordonne l’effort mondial pour lutter contre les atteintes à l’environnement et a connu de belles victoires : réparation de la couche d’ozone, élimination de l’essence au plomb, alliance des services internationaux des douanes contre les trafics d’animaux ou de déchets…
Pour marquer cet anniversaire, une session spéciale de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement se tiendra à Nairobi, siège du Pnue au Kenya, et en ligne, les 3 et 4 mars.
Les Nations unies ont aussi prévu un sommet de la Terre exceptionnel à Rio, au Brésil, les 2 et 3 juin. Il a été baptisé « Stockholm + 50 », en hommage au tout premier rendez-vous mondial, en 1972, dans la capitale suédoise. Celui-ci avait justement débouché sur la création du Pnue. Devenu décennal depuis, il a notamment accouché d’instances dédiées au climat (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) à la biodiversité (Convention sur la diversité biologique) qui organisent les COP annuelles.
Océan
Les Nations unies ont inauguré en 2021 une décennie dédiée à la protection de l’Océan. Mais pandémie oblige, c’est en 2022 que les rendez-vous déferlent. Elle débute par le One Ocean Summit à Brest, du 9 au 11 février. Ce sommet souhaité par Emmanuel Macron doit accueillir une trentaine de chefs d’État, des scientifiques, des entreprises et représentants de la société civile. Verdissement des ports et du fret maritime, lutte contre la pollution plastique, élévation du niveau de la mer… les sujets seront nombreux, mais le principal concernera la gouvernance de la haute mer. Elle représente 60 % de la surface des océans, mais est confrontée à une exploitation économique non régulée, en l’absence de cadre juridique international.
De quoi préparer les dirigeants avant la grande conférence des Nations unies sur les océans, à Lisbonne au Portugal, du 27 juin au 1er juillet. Elle avait été reportée en raison de l’épidémie de Covid. Entre les deux dates, le gouvernement de la République des Palaos, archipel micronésien de l’ouest du Pacifique, organisera la septième conférence Our Ocean les 13 et 14 avril, où il sera question de remobiliser l’effort pour atteindre les 30 % d’aires marines protégées.
Biodiversité
Malgré l’épidémie de Covid-19, la biodiversité n’a pas bouclé une année blanche en 2021. Le Congrès mondial pour la nature a pu se dérouler dans de bonnes conditions à Marseille en septembre 2021. Il a débouché sur un manifeste avec des décisions majeures pour orienter l’action mondiale contre les crises de la biodiversité et du climat.
Il est probable que la vague Omicron décale encore la COP15 pour la biodiversité prévue fin avril à Kunming en Chine. Mais elle pourrait se tenir en juillet et s’annonce prometteuse, avec 30 % d’aires protégées sur terre et en mer, l’adoption d’une motion pour préserver 80 % de la forêt amazonienne et pour soutenir des pratiques agricoles moins néfastes pour le vivant.
Dans l’Union européenne, tous les observateurs de la nature ont noté la date du 23 mars, date à laquelle la Commission européenne doit publier sa proposition de loi sur la Restauration de la nature.
Climat
Les dirigeants mondiaux – celui de l’Inde en tête – ne se sont pas montrés à la hauteur lors des décisions finales de la Cop26 à Glasgow, en Écosse ? Certes l’Inde a réussi à chasser le terme « élimination » progressive du charbon et à imposer « diminution, mais le texte final de la Cop va tout de même accélérer la lutte contre le dérèglement climatique, en imposant des engagements de réductions de gaz à effet de serre plus importants et en s’armant pour les vérifier annuellement. Ces efforts doivent se concrétiser en Égypte, dans la cité balnéaire de Charm el-Cheikh qui accueillera la Cop27, en novembre.
D’ici là, les scientifiques du Giec auront bouclé leur sixième rapport d’évaluation. En août dernier, le groupe 1 a rendu une première copie très documentée sur les bases physiques du changement climatique. Le 28 février, le groupe 2 publiera le volet sur les conséquences de ce dérèglement sur la vie humaine et les écosystèmes en général, que l’on appelle l’adaptation. Suivront, le 4 avril, les résultats du groupe 3 sur l’évaluation des méthodes en cours sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
En septembre, ce 6e rapport sera complet et les dirigeants auront leur résumé à temps, pour agir à la Cop27. À condition qu’ils le lisent.
Justice
La justice climatique et environnementale s’est considérablement renforcée ces dernières années, avec des condamnations majeures à faire mieux pour le climat, comme celle de Shell aux Pays-Bas ou celle du gouvernement allemand, au printemps, qui n’ont pas respecté les engagements qu’ils avaient pris.
L’année 2022 sera ponctuée de grandes affaires à suivre dans les tribunaux. Dès le 12 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) examinera les nouveaux arguments de six jeunes Portugais qui avaient déposé plainte contre l’inaction climatique de 33 États, en 2020. En août, les gouvernements attaqués avaient transmis leur défense à la CDEH, qui avec ce cas, a ouvert un premier cas de procédure accélérée concernant la responsabilité dans la lutte climatique.
Lire aussi : Climat : la France aussi dans le viseur de la justice européenne
Fin février, les juristes auront les yeux tournés vers la Cour suprême des États-Unis. Soutenue par une vingtaine d’États républicains producteurs d’énergie issue des combustibles fossiles, la Virginie-Occidentale demande à la plus haute juridiction américaine de revenir sur les compétences de l’Agence américaine de protection de l’environnement. L’EPA a autorité en matière de lois sur la réduction de gaz à effet de serre, en vertu du Clean Act Air. Si la Virginie occidentale obtient gain de cause, les répercussions seront catastrophiques pour la lutte climatique déjà chaotique chez la première puissance mondiale.
En France, c’est deux dates qu’il faut avoir en tête. Dans l’affaire de Grande-Synthe (Nord) contre l’État, le Conseil d’État a ordonné au gouvernement de prendre d’ici le 31 mars « toutes les mesures utiles » pour atteindre l’objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, que l’État s’est lui-même fixé par la loi. Dans l’Affaire du siècle, le tribunal administratif de Paris a condamné l’État à réparer le préjudice écologique causé par le non-respect de ses engagements climatiques, d’ici le 31 décembre. Une première mondiale et un compte à rebours à surveiller en 2022.
Source: Ouest France