Guerre en Ukraine. Céréales, Severodonetsk, crimes de guerre… Le point au 105e jour de conflit
Au 105e jour de conflit en Ukraine, des combats intenses se poursuivaient ce mercredi 8 juin 2022 dans la ville stratégique de Severodonetsk. Les chefs des diplomaties russe et turque ont discuté à Ankara du déblocage des exportations des céréales ukrainiennes, sans rien annoncer de concret.
Depuis la chute le 20 mai du port de Marioupol, sur la mer d’Azov, les Russes concentrent leur offensive sur cette ville de Severodonetsk, à la limite occidentale de la région de Lougansk, une des deux régions du Donbass avec celle de Donetsk.
Ils visent à prendre le contrôle total de ce bassin minier de l’est de l’Ukraine, déjà partiellement contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014.
Les forces de Moscou n’ont progressé que lentement jusqu’ici, faisant dire aux analystes occidentaux que l’invasion russe lancée le 24 février a tourné à la guerre d’usure, avec des avancées limitées obtenues au prix de destructions massives et de lourdes pertes.
Si beaucoup de civils ont évacué Severodonetsk et la ville voisine de Lyssytchansk, plusieurs milliers sont restés – des personnes âgées, les gens qui s’occupent d’elles ou ceux qui n’ont pas les moyens de partir ailleurs.
L’armée ukrainienne repoussée à Severodonetsk
Les forces ukrainiennes ont été contraintes de se replier après des bombardements russes à Severodonetsk et ne contrôlent plus que la périphérie de la ville de l’est de l’Ukraine, a déclaré mercredi 8 juin 2022 le gouverneur de la région Serguiï Gaïdaï au média RBC-Ukraine.
Les forces spéciales ukrainiennes ont lancé une contre-offensive il y a plusieurs jours et sécurisé près de la moitié de la ville, mais il n’était pas logique qu’elles y restent alors que Moscou multiplie les tirs d’artillerie et les frappes aériennes, a déclaré Sergey Gaidai, le gouverneur de la région de Louhansk.
Le gouverneur de Sievierodonetsk, a dénoncé les bombardements russes incessants dans cette région. Il craint que l’armée ukrainienne ne soit forcée de se retirer, alors même qu’elle clamait deux jours plus tôt en avoir reconquis 50 % des mains des Russes.
Huit crimes de guerre devant la justice
L’Ukraine va juger huit nouvelles affaires de crimes de guerre, en plus des trois condamnations déjà prononcées à l’encontre de soldats russes, a déclaré mercredi la procureure générale d’Ukraine, Irina Venediktova.
L’Ukraine a ouvert plus de 16 000 enquêtes sur d’éventuels crimes de guerre commis lors de l’invasion russe qui a débuté le 24 février, a-t-elle déclaré à la télévision.Guerre en Ukraine : selon vous, Emmanuel Macron doit-il se rendre sans tarder à Kiev ?Débattez !
Échange de corps
Pour la deuxième fois en une semaine, Russes et Ukrainiens ont échangé des corps mercredi, 50 de chaque côté, selon le ministère ukrainien en charge des territoires occupés. Le 2 juin, 160 corps avaient déjà été échangés.
Parmi les corps récupérés côté ukrainien, 37 sont des héros d’Azovstal, a précisé ce ministère.
Les céréales en discussion en Turquie
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rencontré mercredi son homologue turc Mevlüt Cavusoglu à Ankara pour discuter de corridors maritimes sécurisés qui permettraient de reprendre les transports de céréales ukrainiennes en mer Noire.
À la demande de l’ONU, la Turquie a proposé son aide pour escorter les convois maritimes depuis les ports ukrainiens, malgré la présence de mines dont certaines ont été détectées jusqu’à proximité des côtes turques.
Lors d’une conférence de presse après leurs discussions, les deux hommes n’ont cependant annoncé aucun mécanisme concret pour exporter les céréales aujourd’hui bloquées.
Kiev, soutenu par Washington, accuse Moscou de lui voler des céréales. Et les deux belligérants s’accusent mutuellement de détruire des stocks de céréales.
L’Onu craint une aggravation des conséquences
L’Onu s’inquiète des conséquences de l’invasion russe en Ukraine dans le monde, estimant que la guerre a un impact dans 94 pays sur la sécurité alimentaire, l’énergie et les finances et que celui-ci s’aggrave.
L’impact de la guerre sur la sécurité alimentaire, l’énergie et les finances est systémique, grave et s’accélère, a dit le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres. Pour les populations du monde entier, la guerre menace de déclencher une vague sans précédent de faim et de misère, laissant dans son sillage le chaos social et économique, a averti le chef de l’ONU.
Selon lui, si la crise alimentaire de cette année est liée à un manque d’accès aux denrées alimentaires, l’année prochaine pourrait être une question de manque de nourriture.