Emploi et Formation face au défi de la transition écologique
Que sait-on de la façon dont la « transition écologique et énergétique », transforme les activités et les emplois ? Alors que l’on peine encore à mesurer l’ampleur et la nature du verdissement des métiers, comment les acteurs de la formation et les entreprises se positionnent-ils pour favoriser l’écologisation des activités ? Suite à une série de webinaires co-organisée par le Céreq et mobilisant les dernières données disponibles, Liza BAGHIONI et Nathalie MONCEL du Céreq dressent un premier panorama de ces enjeux.
#1 – Transition écologique : un dénombrement complexe des emplois
- L’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) compte 360 000 emplois directs en 2019 dans les secteurs au cœur de la transition énergétique, soit 1.3% de l’emploi total.
- De son côté l’observatoire national des emplois et des métiers de l’économie verte (Onemev) distingue trois groupes d’emploi :
- les éco-activités : elles regroupent les activités ayant pour finalité la gestion durable des ressources (agriculture biologique, maitrise de l’énergie…), rassemblent 563 000 emplois en 2018 soit 2,1 % de l’emploi total et sont en croissance.
- les métiers verts : sont ceux qui contribuent à prévenir et corriger les dommages sur l’environnement (agent de déchèterie, garde forestier…) et regroupent 140 000 emploi (0,5 % de l’emploi total)
- les métiers verdissants : au nombre de 3,8 millions d’emplois leur finalité n’est pas environnementale mais intègre de nouvelles « briques de compétence » pour prendre en compte la dimension écologique dans le geste métier (architecte, responsable logistique…)
- L’Onemev, qui fait actuellement figure d’exception au niveau européen en tant qu’observatoire dédié, poursuit ses travaux afin de stabiliser une cartographie des métiers et des compétences de la transition écologique.
#2 – Transition écologique : la formation, pilier de la sensibilisation et du développement des compétences
- Dès 2014, le ministère de l’Agriculture et l’AFPA (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) ont commencé à remanier les diplômes et titres professionnels pour évaluer l’intégration des préoccupations environnementales dans les contenus des formations.
- Le rapport de la commission Jean Jouzel (Février 2022) recommande de sensibiliser et former aux enjeux de la TE 100 % des étudiants Bac + 2 d’ici 5 ans.
- Jusqu’à maintenant, l’approche de la transition écologique se concentre surtout sur la promotion d’eco-gestes citoyens sans pour autant que les gestes professionnels et les organisations soient véritablement questionnés.
#3 – Transition écologique : l’analyse du travail nécessaire en amont pour construire les formations et compétences de demain
- Pour estimer leurs besoins en compétence vertes, les entreprises doivent interroger leurs façons de produire et les chaînes de valeur dans lesquelles elles s’inscrivent.
- Appréhender sur le terrain la transformation des métiers par des processus itératifs comme cela se fait déjà pour le BTP constitue le vrai défi des entreprises pour faire face à la transition écologique.
- Transformer l’acte productif vers des procédés plus verts requiert une diversification des savoirs et des savoir-faire et un développement des coopérations entre différents corps de métiers.
L’analyse fine des situations, des gestes et techniques est donc la condition sine qua none pour identifier les compétences qui permettront l’écologisation. Par ailleurs, la transformation des modèles productifs ne se fera pas à partir des seules entreprises au prise avec leur logique concurrentielle mais nécessite des régulations collectives. Une logique purement adéquationniste pourrait échouer à appréhender les dynamiques de transformation. Il convient de généraliser à l’ensemble des salariés les propos d’Yves Lichtenberger – ancien directeur du Céreq – sur la formation des étudiants : « On ne forme pas aux métiers de demain, on permet à des étudiants de devenir capables de les faire émerger ».
Etablissement public, le Céreq a pour mission de mieux connaître et comprendre les liens entre formation, travail et emploi. Depuis sa création en 1971, il construit des dispositifs d’enquêtes statistiques originaux ; conduit des études et des travaux de recherche ; et contribue dans son champ à l’évaluation des politiques publiques.