62 voix d’eurodéputés contre l’inclusion du gaz et du nucléaire

C’est le début de la fin d’un long suspense déclenché début 2022. Ce mercredi 14 juin, deux commissions au sein du Parlement européen se sont prononcées sur l’inclusion du gaz et le nucléaire dans label vert, projet de loi présenté le 31 décembre dernier

Pour rappel, le texte considérerait le gaz et le nucléaires, pourtant fossiles, comme nécessaires à la transition énergétique. Ainsi, elles bénéficieraient de « financement verts », contribuant à leur développement. Et ce au même titre que les énergies renouvelables (éolien, solaire…) Un texte qui non seulement sème la discorde entre les filières gaz, nucléaire et EnR mais divise également les Etats-membres. 

Certains pays sont opposés au nucléaire (Allemagne, Espagne, Suède, Autriche, Danemark, Luxembourg, Portugal, Malte…) ou d’autres au gaz (Pays-Bas). Certains pays veulent valoriser le nucléaire sur le territoire (France, Pologne, Tchéquie…) et d’autres le gaz (Allemagne, Autriche…). Autant dire que les désaccords s’enchaînent voire se déchaînent.

Cela n’a toutefois pas empêché la Commission européenne de valider l’inclusion du gaz et nucléaire dans le label vert. Le débat au sein des institutions européennes n’est cependant pas terminé, car le texte controversé est en cours d’examen au Parlement européen. Suite à une réunion conjointe ce mardi, les commissions parlementaires Affaires économiques et Environnement, rassemblant 76 eurodéputés, ont adopté le rejet du texte, avec 62 voix contre et 4 abstentions.

À savoir que le texte doit être voté en session du Parlement début juillet. Bruxelles devra modifier ou retirer sa proposition si les eurodéputés s’opposent au texte à la majorité absolue (353 sièges). Le Conseil européen, constitué des États-membres, peut également rejeter le projet à une majorité qualifiée (soit au moins 15 États représentant 65 % de la population de l’Union européenne).

Une « victoire » pour les Verts, une « claque » pour le nucléaire français

Pour les eurodéputés des Verts, ce revers dans l’inclusion est une « victoire », certes pas d’une guerre contre le gaz et le nucléaire, mais au moins d’une de ses batailles. 

L’AFP rapporte que, selon les commissions impliquées dans le vote ce mardi, les normes techniques pour les inclure dans la taxonomie verte « ne respectent pas les critères (européens) d’activités durables sur le plan environnemental ». De ce fait, ces énergies ne « sont pas des investissements durables », estime Claude Gruffat, eurodéputé vert. 


« La plénière doit maintenant suivre les deux commissions et rejeter ce qui serait une erreur climatique énorme et coûteuse, orientant des milliards vers des projets non durables », ajoute à son tour Sebastien Godinot, de l’ONG World Wide Fund For Nature (WWF) France.

Pour la France, pays pour lequel le président Emmanuel Macron défendait l’inclusion du nucléaire dans le mix énergétique, c’est « une claque ». Bien qu’elle n’ait pas directement réagit à ce premier rejet du texte label vert, Agnès Pannier-Runacher, nouvelle ministre de la Transition énergétique, soutenait déjà cette politique au micro de BFM TV, fin mai.

Et les industriels du gaz et du nucléaire d’acquiescer. C’est le cas de Xavier Ursat, directeur exécutif d’EDF en charge de l’ingénierie et du nouveau nucléaire. L’intéressé encourageait l’idée de « faire du renouvelable, prolonger les réacteurs existants, et construire de nouveaux réacteurs ». 

Pourtant, en ce qui concerne le gaz, d’autres ONG, comme Greenpeace, voit derrière ce premier rejet de l’inclusion de l’énergie dans la taxonomie verte un moyen de lutter contre la dépendance aux ressources russes.

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