LE COMITÉ DES PÊCHES TESTE DE NOUVEAUX FILETS POUR RÉDUIRE LES CAPTURES ACCIDENTELLES
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Economie | Guyane maritime | Santé / Environnement | Publié le 28/06/2022 à 18H49 | Mis à jour le 29/06/2022 à 21H22 | Par : Guillaume Reuge
C’est la phase opérationnelle du projet Palica débuté en 2021 et qui doit se terminer en décembre. Mené conjointement par le Comité régional des pêches, WWF Guyane et le CNRS, il vise à réduire les captures accidentelles de mammifères marins durant les campagnes de pêche. L’une des quatre expérimentations scientifiques du projet a été testée lundi 27 juin avec des marins de la Crique à Cayenne.
Palica 2. C’est le nom du projet co-construit entre les pêcheurs guyanais, le CNRS et l’antenne locale du WWF pour réduire les captures de mammifères marins lors des campagnes de pêche côtières. Lancé en 2021 et financé à hauteur de 700 000 euros par les Fonds européens pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp), le projet en est à sa phase opérationnelle après celle de la préparation quelque peu rallongée par la crise Covid.
La livraison du matériel nécessaire aux expérimentations s’est faite avec six mois de retard. « Palica doit se terminer en décembre mais nous sommes en train de demander une prolongation de six mois, jusqu’en mai 2023, notamment pour l’étude de la donnée », précise Michel Nalovic, ingénieur halieutique au Comité régional des pêches, pas inquiet pour le projet qu’il chapeaute depuis le début.
Michel Nalovic, ingénieur halieutique au Comité des pêches, devant les filets expérimentaux du projet Palica © Guillaume Reuge
Lundi 27 juin, il était d’ailleurs sur le terrain, au débarcadère de la Crique à Cayenne, pour tester l’une des quatre expérimentations créées pour la pêche côtière. En plus des caméras embarquées à bord des navires, des émetteurs acoustiques agissant comme des répulsifs sur les espèces qui utilisent les ondes pour se déplacer et de nouveaux flotteurs rouge afin de moins attirer les tortues, de nouveaux filets sont essayés.
Libérer le haut de la colonne d’eau
Moins longs – de 4m au lieu de 6 – ils doivent permettre de limiter les captures accidentelles, plus grande menace pour les mammifères marins, tout en ne diminuant pas trop la production des pêcheurs. Ce sont ces deux éléments que l’expérimentation doit vérifier.
« Dans la pêche au filet droit pratiquée en Guyane, explique Michel Nalovic, les filets sont positionnés au fond de la mer et dérivent. Grâce aux données de balises Argos posées sur des tortues, nous nous sommes rendu compte que ces dernières nagent proche de la surface de l’eau. » Libérer 2m de filet permettrait donc de capturer moins de tortues.
Au premier plan Simon Perez, l’observateur du Comité des pêches. Son rôle est primordial dans la collecte des informations. Pendant une dizaine de jours en mer, il va peser, mesurer et répertorier tout ce qui est remonté par les filets expérimentaux des pêcheurs © Guillaume Reuge
« Tout le monde est pour », assure Simon Perez, l’observateur du Comité des pêches qui accompagne les pêcheurs lors de leur campagne pour vérifier si l’expérimentation des filets fonctionne. Pendant une dizaine de jours, il va vivre au rythme des trois marins et du capitaine du Rouget, une tapouille de 15 tonnes de l’armateur Société guyanaise des pêches.
Des filets tout aussi efficaces
Le capitaine, Claudio Brasil Gomez, pêcheur en Guyane depuis 37 ans, n’a pas hésité longtemps quand Michel Nalovic est venu lui présenter le projet. « Les tortues, les dauphins nous font perdre du temps, cassent notre matériel et on ne se sent pas bien lorsqu’on les prend », insiste-t-il entre deux vérifications sur le pont du navire. Inquiet pour l’avenir, « il y a de plus en plus de bateaux et de moins en moins de poissons », il veut s’inscrire dans une logique de pêche durable.
Claudio Brasil Gomez, le capitaine du « Rouget », est dédommagé à hauteur de 50 euros par jour pour accueillir un observateur à bord de son bateau © Guillaume Reuge
D’autant plus que son expérience de pêcheur lui prouve que les filets de 4m ne sont pas moins productifs. « Au Brésil, on utilise des 4m pour la pêche côtière car ceux de 6m, une fois au fond, sont souvent penchés par le courant et n’attrapent pas plus de poissons. » Ce sont d’ailleurs les espèces benthiques – vivant dans les fonds marins – qui sont les plus recherchées : acoupa rouge et acoupa aiguille en particulier.
Au rythme d’une observation par mois jusqu’en décembre, l’étude doit récolter un maximum de données qui seront ensuite analysées par le Comité des pêches et le CNRS.
En plus du Rouget, cinq autres bateaux devaient participer à l’expérimentation, mais dans les faits, ils sont en panne ou en manque d’autorisation pour naviguer. Une illustration de l’état de la filière pêche en Guyane qui, malgré ses difficultés, innove.