Hervé Berville, un secrétaire d’état à la mer qui la connait bien

Confortablement réélu dans son fief des Côtes-d’Armor, le député breton, proche de Richard Ferrand, vient d’entrer au gouvernement d’Elisabeth Borne.Par Alexandre Le Drollec·Publié le 4 juillet 2022 à 19h28·Mis à jour le 4 juillet 2022 à 19h28

1. Deuxième chance

« Berville-en-Mer » ! A l’été 2020, alors qu’il était pressenti pour récupérer le portefeuille de la Francophonie, Hervé Berville était resté dans l’antichambre du gouvernement. Cette fois, c’est la bonne : à 32 ans, le jeune député, réélu sans trembler le mois dernier dans sa circonscription des Côtes-d’Armor, fait son entrée à la table du conseil des ministres et hérite du secrétariat d’Etat à la Mer. Il succède à la Guadeloupéenne Justine Bénin qui, défaite aux législatives, a été contrainte de quitter ses fonctions. Hervé Berville agira directement sous la tutelle de Matignon.Comment le « boulet » Damien Abad a été éjecté du gouvernement par Elisabeth Borne

2. International

En macronie, Hervé Berville passe comme étant l’un de ceux qui possèdent une bonne expertise sur l’international, un plus indéniable lorsqu’il s’agit de traiter des affaires maritimes. Membre de la commission des Affaires étrangères, il s’était vu confier en 2018 un rapport sur la modernisation de l’aide publique au développement. L’année dernière, il avait été nommé rapporteur d’une loi visant à « lutter contre les inégalités mondiales ».La suite après la publicité

3. Mentor

Hervé Berville fait partie de la garde rapprochée d’un autre « marcheur » breton : l’ex-président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand. En privé, le jeune parlementaire ne manque jamais de dire tout le bien qu’il pense de « Richard » qui, pour lui, avait toutes les qualités pour faire un excellent Premier ministre. Mais son mentor a été balayé aux législatives…

4. « Bébé Macron »

Diplômé de Sciences Po et de la London School of Economics, passé par l’Agence française de développement au Mozambique, Hervé Berville, économiste, fait partie de ces députés sans expérience politique apparus avec la vague macroniste de 2017. Cette année-là, il est élu haut la main dans la deuxième circonscription des Côtes-d’Armor, une terre agricole englobant les communes de Dinan, Plancoët et Plélan-le-Petit.Dix choses à savoir sur François Braun, urgentiste et nouveau ministre de la Santé

5. Espoir

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Dès qu’il a été élu en 2017, Hervé Berville a attiré l’attention de nombreux médias : la BBC, le « New York Times », le « Spiegel »… Le Premier ministre Edouard Philippe le repère lui aussi et, dans son tout premier discours de politique générale, met l’accent sur le parcours du jeune homme. Sa trajectoire est fulgurante : il est propulsé porte-parole des députés de la République en Marche (LREM). Mais en décembre 2017, face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC, Berville se prend les pieds dans le tapis sur une question concernant la prime de Noël. Sa prestation, ratée, devient virale. Depuis qu’il est entré au gouvernement, les antimacronistes ne se sont pas privés de refaire abondamment circuler la vidéo sur les réseaux sociaux.

6. Rwanda

Le « marcheur » est né au Rwanda. Quand, en avril 1994, la France évacue ses derniers ressortissants, il a quatre ans et se trouve dans un orphelinat de Kigali, dans lequel se trouvent des enfants tutsis. Evacué en avion par des soldats français quelques jours avant que ne débute le génocide, il échappe au massacre qui, en l’espace d’un mois à peine, fera près d’un million de victimes. Berville est retourné pour la première fois au Rwanda en 2015. « Des millions de gens vivent ces histoires-là », confiait-il à « l’Obs » en 2019. « La mienne est-elle plus extraordinaire que d’autres ? Je ne crois pas. Le dire permet en tout cas de dédramatiser. »La suite après la publicité

7. Missi dominici

Il y a trois ans, en avril 2019, Hervé Berville s’était vu confier par Emmanuel Macron la délicate mission de le représenter lors des commémorations du vingt-cinquième anniversaire du génocide rwandais. « Le président m’a demandé d’être son “représentant personnel”, j’ai accepté », disait à l’époque l’intéressé pour qui ce voyage avait, évidemment, une résonance particulière.

8. Bretagne

Il a donc quatre ans lorsqu’il est adopté par une famille de Pluduno, dans les Côtes-d’Armor. Le père est chaudronnier, la mère laborantine. Le couple a déjà quatre enfants. Hervé Berville décrit une enfance « heureuse » et sans histoire, avec une éducation catho : « De grands espaces, des gens accueillants et pas une seule remarque liée à ma couleur de peau. » L’intégration n’a jamais été une question mais une évidence. Hervé Berville est Français et Breton, voilà tout. C’est son grand-père, avec qui il avait l’habitude de regarder les questions d’actualité au gouvernement, qui lui a donné le goût de la chose publique.

9. Cible

Comme pléthore de députés, il a été la cible de menaces. En janvier 2019, alors que la France est empêtrée dans la crise des « gilets jaunes », il reçoit un courrier contenant insultes racistes et menaces de mort. Pour Berville, ce n’est pas une première. Mais cette fois, il porte plainte. « La démocratie ne peut se vivre avec un fusil sur la tempe », dit-il.

10. Foot et rap

Milieu offensif de l’équipe de foot de l’Assemblée nationale, Hervé Berville et son 1,87 mètre d’ancien basketteur confie aussi un goût prononcé pour le hip-hop en général, Jay-Z en particulier.Par Alexandre Le Drollec