Le premier sommet de l’hydrogène en Guyane
Gérôme GUITTEAU ; g.guitteau@agmedias.frMardi 5 Juillet 2022 – 11h37
Raccordée à la station EDF de Saint-Laurent-du-Maroni, la CEOG produira quotidiennement une puissance électrique fixe de 10 MW la journée jusqu’au soir et de 3MW la nuit – ©D.R. – DR
Jeudi 7 juillet 2022, l’énergie du futur : l’hydrogène, a été mise à l’honneur à la mairie de Rémire-Montjoly. Le premier sommet de l’hydrogène est organisé par la Sara et a présenté le projet Hyguane L’hydrogène est le mot à la mode dans le monde et il gagne en popularité à chaque fois que le baril de pétrole augmente. Fini, la petite explosion qui surprenait les élèves de collège en cours de chimie, l’hydrogène se maîtrise.La centrale électrique de l’Ouest guyanais (CEOG) doit l’utiliser et la Sara (Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles) souhaite développer cette piste.
Elle organise avec MT aerospace le premier sommet de l’hydrogène, jeudi à la mairie de Rémire-Montjoly à partir de 14 heures.
“La Sara, forte de son savoir-faire, s’engage aux côtés de la société guyanaise pour développer la mobilité de demain, réduire et valoriser les émissions de CO2 afin de contribuer à l’autonomie énergétique et au développement durable du territoire”, écrit la raffinerie basée à Dégrad-des-Cannes.
Le projet Hyguane (Hydrogène Guyanais A Neutralité Environnementale),
Il doit aboutir à la production de 130 tonnes d’hydrogène vert utilisées par les lanceurs du centre spatial guyanais.et vise à établir une usine pilote au sein du Centre spatial guyanais (CSG) capable de produire 130 tonnes par an d’hydrogène dit vert, dans le but de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre des lancements.
La clé du programme Hyguane (HYdrogène GUyanais A Neutralité Environnementale) est de remplacer l’hydrogène «gris» – produit par un procédé industriel largement utilisé mais à forte intensité de CO2 connu sous le nom de reformage* à la vapeur de méthanol – par de l’hydrogène «vert» produit par électrolyse de l’eau à partir d’énergie renouvelable. Cet hydrogène vert, utilisé pour alimenter les fusées, réduira les émissions de CO2 liées au programme Ariane de plusieurs milliers de tonnes par an. Hyguane devrait être capable de produire 130 tonnes par an d’hydrogène dit vert.
Hyguane introduira également un écosystème hydrogène en Guyane française, permettant l’introduction de transport lourd de personnes et de marchandises fonctionnant à l’hydrogène, ainsi que des piles à hydrogène pour le stockage de l’énergie.
Teddy Peponnet, responsable du projet d’infrastructure et d’énergies renouvelables du port spatial européen de l’ESA, se réjouit des avancées de ce projet : « L’investissement dans la production d’hydrogène vert au CSG réduira les coûts, réduira l’exposition à la hausse des prix des combustibles fossiles et soulagera le réseau électrique de la Guyane française. HYGUANE nous placera bien en avance sur les objectifs d’émissions de la COP21 et du Green Deal européen.«
Les partenaires ont signé une lettre d’intérêt pour le projet le 17 juin, ouvrant la voie à la réalisation d’un plan qui a mis plusieurs années à se préparer. Le concept comprend la création d’un Centre de compétence hydrogène en Guyane, afin de développer un savoir-faire spécifique pour maintenir et exploiter ces nouveaux systèmes et aider au développement de start-up. L’ESA et le CNES travaillent avec Air Liquide, SARA, MT-Aerospace, Be.Blue, l’Université de Guyane et l’Université de Liège.
*Le reformage du méthane est une réaction chimique qui consiste à produire de l’hydrogène à partir du méthane présent dans le gaz naturel ou du biométhane. Deux principaux procédés de reformage du méthane existent : le vaporeformage et le reformage à sec.
Pour la société Hydrogène de France qui porte le projet de la CEOG, ce sommet est une aubaine. “HDF a pour volonté de contribuer au développement de la filière hydrogène guyanaise de part le développement et la construction de centrales comme la CEOG et nous sommes très heureux de voir des projets comme Hyguane voir le jour”, se félicite Kriss Nelson, la responsable HDF en Guyane.
Les projets industriels de cette envergure pourrait permettre à terme le développement à grande échelle de cette énergie dans les transports. Cela est déjà le cas en Californie, par exemple pour les voitures de particuliers.