retour sur la nomination en Juillet de C. Béchu ,nouveau ministre de la TE. Ce que nous en dit NOVETHIC
Christophe Béchu, ex-LR, remplace Amélie de Montchalin à la tête du ministère de la Transition écologique. Maire d’Angers il tranche avec le profil technocrate de sa prédécesseure. Reste à savoir quel sera son cap alors que la feuille de route n’est pas définie, rendant encore plus brumeux ce « ministère de l’impossible », rétrogradé de la 5ème à la 10ème place dans l’ordre protocolaire. Un mauvais signal pour la « planification écologique » exemplaire qu’Emmanuel Macron appelait de ses vœux.
Exit Amélie de Montchalin. La ministre de la Transition écologique, qui a été battue aux législatives, dans la 6ème circonscription de l’Essonne, aura fait un passage éclair à l’Hôtel de Roquelaure. Un mois à peine après sa nomination, elle est remplacée par celui qui était son Ministre délégué en charge de la cohésion des territoires, Christophe Béchu, un proche d’Édouard Philippe, qui comme lui est un ex du parti Les Républicains.
La nomination d’Amélie de Montchalin avait suscité des interrogations sur son engagement au service de la transition écologique à cause de ses « modestes positionnements précédents sur les thèmes environnementaux ». Christophe Béchu semble avoir un profil similaire. « J’ai beau chercher, je ne vois pas en quoi Christophe Béchu a un lien avec la transition écologique », a écrit sur Twitter la conseillère municipale EELV Claire Pinto. « Un nouveau ministre de la transition écologique pro-pesticides ? Christophe Béchu s’était notamment illustré par son opposition à l’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles quand il était sénateur », rappelle le porte-parole de Greenpeace France, Clément Sénéchal.
« Il mesure l’ampleur des changements à faire »
Au Réseau Action Climat (RAC) la réaction est plus nuancée. En tant que Président du conseil d’administration de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), Christophe Béchu a clairement dénoncé le sous-investissement dans le rail. « On espère qu’il aura le même positionnement en tant que ministre. Le train est un levier fort de la transition », commente Anne Bringault du RAC.
L’ancien député Matthieu Orphelin, lui aussi élu d’Angers, connaît bien Christophe Béchu. « Il a plusieurs atouts pour ce poste. Le premier c’est sa connaissance des territoires, il tranche avec Amélie de Montchalin issue de la technostructure », explique-t-il à Novethic. « Le deuxième c’est qu’il est sensible à ces sujets, il mesure l’ampleur des changements à faire. Reste à savoir comment il va concrétiser les ambitions écologiques de ce nouveau gouvernement ».
Le nouveau gouvernement affiche une ambition plus faible sur la transition écologique. Protocolairement Christophe Béchu n’a pas le même niveau qu’Amélie de Montchalin. Ce recul de cinq places n’est pas compensé par la nomination de Bérangère Couillard en tant que secrétaire d’Etat à l’Ecologie ou d’un ministre des Transports, Clément Beaune, en charge de l’Europe jusqu’à présent. Cette réallocation des compétences rend encore un peu plus flou la répartition des tâches entre Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher, chargée de la Transition énergétique.
Pas de cap clair
Les deux ministres sont, en principe, les deux piliers sur lesquels doit s’appuyer la Première ministre, pour mener la planification écologique dont elle était investie avant les législatives. On saura, lors de son discours de politique générale annoncé pour mercredi 6 juillet, si c’est toujours le cas ou pas. L’architecture du triumvirat formé en mai, par Élisabeth Borne, Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher avait déjà inquiété les spécialistes dont Arnaud Gossement, avocat de l’environnement : « Nous revenons à la situation antérieure à 2008 et sur un acquis du Grenelle de l’environnement : l’administration de l’énergie s’éloigne de Roquelaure (écologie) et revient vers Bercy (finances). Nous allons continuer à raisonner en silo : l’énergie et le climat d’un côté, le reste des enjeux écologiques (nature, déchets, agriculture, mer, forêt) de l’autre ».
Cette logique de silos pose problème pour mettre en œuvre un projet global de transition écologique mais elle pourrait même avoir beaucoup de mal à fonctionner si la répartition des compétences entre ministères reste l’entrelacs de tutelles pour les administrations concernées, défini le 2 juin. Le premier défi que va devoir relever Élisabeth Borne est donc non seulement de définir un cap à la transition écologique qu’elle veut mener avec son gouvernement mais aussi d’organiser clairement son déploiement. Tant que ses contours seront aussi flous que le cadrage des administrations qui sont supposées la mener à bien, la planification écologique menace de rester un vœu pieux.
Anne-Catherine Husson Traore, directrice générale de Novethic, @AC_HT et Marina Fabre Soundron @fabre_marina