Crise énergétique : quels sont les scénarios envisagés par le Conseil de défense ?
Emmanuel Macron a réuni le 2 septembre 2022 un Conseil de défense pour faire le point sur l’approvisionnement en gaz , en électricité et pour examiner les scénarios afin d’éviter la pénurie et réaliser des économies.
Un air de déjà-vu. Après le coronavirus, voici la crise énergétique. Et comme au temps de la pandémie, Emmanuel Macron a décidé de gérer la crise en convoquant un Conseil de défense. Les oppositions crient au déni de démocratie. Mais selon le chef de l’État, la question relève bien de la sécurité nationale et justifie cette réunion.
Prévu à 10 h à l’Élysée, le Conseil de défense rassemble « les ministres compétents » sur ce dossier comme la Première ministre Élisabeth Borne, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal et les ministres chargés de la Transition énergétique Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher, ainsi que des experts.
Une réponse en quatre étapes
Objectif ? Faire le point sur la situation de l’approvisionnement et des stocks en gaz et en électricité pour se préparer à tous les cas de figure cet automne et cet hiver. Différents scénarios sont sur la table. « L’idée, c’est d’avoir une réponse graduée en quatre étapes en fonction de la situation : mesures de sobriété, sobriété renforcée, rationnement et en dernier recours, délestage (coupures tournantes) si l’équilibre du réseau est vraiment menacé », dit une source gouvernementale à Libération.
Pour éviter le pire, c’est-à-dire un black-out et des coupures d’électricité et de gaz, l’exécutif fait d’abord le pari de la sobriété. C’est le message martelé depuis qu’Emmanuel Macron a évoqué « la fin de l’abondance ». Les stocks de gaz sont actuellement suffisants pour faire face à un hiver classique. Mais en cas de grand froid, la situation risque de se tendre.
C’est pourquoi il est demandé à chacun un effort en modifiant ses comportements au quotidien : en coupant la Wifi, en baissant le chauffage… Des écogestes surtout entre 18 et 22 h, quand la demande électrique est la plus forte.
« Cela fait des mois qu’on se prépare pour éviter des coupures. Si on baisse notre consommation de gaz de 10 % il n’y aura pas de restrictions. C’est atteignable », estime Élisabeth Borne. « Si on ne fait pas ces économies, si l’hiver est froid, il pourra y avoir des restrictions mais elles ne concerneront pas les ménages », a-t-elle ajouté, en précisant qu’elle présenterait « fin septembre-début octobre » les scénarios envisagés.
Baisse de tension et coupure
Si l’effort de sobriété ne suffit pas, le gouvernement pourrait ainsi envisager de couper l’électricité aux entreprises qui consomment le plus. Enfin, en dernière extrémité, il dispose de deux mesures qui n’ont jamais été utilisées jusqu’ici. D’abord, une baisse de tension généralisée à l’ensemble du réseau avec comme conséquence des performances moindres : lumière un peu plus faible, téléphones portables qui mettent plus de temps à se charger…
Enfin, le dernier niveau, c’est le rationnement avec des coupures d’électricité (« temporaires, anticipées, localisées et tournantes » selon RTE) pour des particuliers et des entreprises pendant une durée de deux heures maximum. Cela pourrait aussi concerter l’éclairage public dans certains quartiers. Nous n’en sommes pas là mais, en évoquant tous les scénarios possibles, l’exécutif veut préparer les esprits au pire.
Sans non plus effrayer. « L’idée n’est pas d’être anxiogène mais réaliste, complète, auprès de La Dépêche , un autre ministre de premier plan. Ce que fait la Grande-Bretagne (explosion de la facture d’électricité) ou ce qui se passe en Allemagne (+ 500 % d’augmentation) ça, c’est anxiogène. Nous, nous souhaitons donner l’alerte pour que les Français soient vigilants afin d’éviter d’affecter leur consommation. »