Élevage et climat : comment réduire l’impact ?
La réduction de l’empreinte carbone des entreprises est plus que jamais d’actualité. Les agriculteurs, conscients de l’impact écologique de leurs exploitations et du rôle qu’ils ont à jouer, n’ont pas attendu pour mettre des solutions en place.
L’objectif de l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050, fixé par la loi Climat, concerne de nombreuses activités et donc de nombreuses entreprises. Le secteur agricole représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre, et devra les réduire d’au moins 55 % d’ici 2030.Comment réduire l’impact de son exploitation agricole ? Les éleveurs n’ont pas attendu pour mettre en place toute une série de solutions innovantes et concrètes pour adapter leurs équipements et leurs pratiques pour limiter l’impact carbone de leur activité : panneaux photovoltaïques, isolation des bâtiments, réduction et meilleure utilisation des produits phytosanitaires ou encore la méthanisation, sont autant de solutions.
À LIRE AUSSIPour en savoir plus sur le Space
L’installation de panneaux photovoltaïques
L’installation de panneaux photovoltaïques se développe de plus en plus chez les agriculteurs. Dominique Villoury est ingénieur chez Eureden. Son rôle est d’accompagner les éleveurs adhérents qui ont des projets d’installation de panneaux photovoltaïques : « De plus en plus d’éleveurs installent ce type de panneaux, soit sur des bâtiments déjà existants soit en construisant de nouveaux bâtiments. Quand ils construisent des nouveaux bâtiments, l’installation de panneaux photovoltaïque est presque systématique », explique-t-il. C’est un investissement important : il faut compter environ 80 000 euros pour une centrale de panneaux photovoltaïques d’environ 500 m2. Steven et Marine Vilboux sont agriculteurs à Iffendic. Ils élèvent des porcs et des vaches laitières. Le couple envisage d’installer prochainement des panneaux photovoltaïques sur un bâtiment existant : « En tant qu’agriculteur, nous sommes acteur du paysage et de l’environnement. Il est donc essentiel pour nous de nous adapter », souligne Steven Vilboux. Mais les jeunes éleveurs très investis dans les questions d’écologie mettent en place d’autres solutions : « Nous travaillons sur les produits phytosanitaires depuis plusieurs années. Nous envisageons également de faire un bilan carbone complet de l’exploitation afin de voir ce que nous pouvons faire pour limiter encore notre impact », ajoute-t-il. La production d’électricité est une source de diversification pour l’éleveur « utile au vu de la conjoncture économique actuelle », explique Dominique Villoury. « En plus de la souveraineté alimentaire, l’éleveur apporte sa pierre à la souveraineté énergétique du pays », continue-t-il.
La méthanisation comme « gaz vert »
Depuis le mois de février, le couple d’éleveurs teste également le procédé de la méthanisation. Il s’agit d’une énergie renouvelable non fossile et proche de la neutralité carbone. Elle repose sur le phénomène biologique de fermentation des matières organiques : déchets alimentaires, résidus agricoles… Cette dégradation naturelle peut être mise en œuvre via des installations spécifiques et permettre ainsi la production de biogaz, qui, une fois purifié devient du biométhane et qui présente les mêmes caractéristiques que le gaz naturel. Produire du méthane présent de nombreux avantages pour l’environnement et les territoires. Les déchets utilisés sont locaux et l’énergie produite aussi. « Nous sommes nombreux à le faire sur la commune d’Iffendic. Il y a des besoins et la dynamique chez les éleveurs est là. Nous la revendons, ensuite, à un fournisseur d’énergie », explique Steven Vilboux. De plus en plus d’éleveurs utilisent aussi les déjections animales comme engrais naturel. En effet, épandues sur des cultures à la bonne dose et au bon moment pour préserver la qualité de l’eau, ce recyclage permet d’économiser des engrais minéraux et des gaz à effet de serre.
Réduire l’utilisation de produits phytosanitaires
Autre solution pour réduire son impact, utiliser moins de produits phytosanitaires. Marcel Denieul est le président du SPACE et il a vu les éleveurs évoluer dans leurs pratiques : « Les éleveurs utilisent de moins en moins de produits phytosanitaires toxiques et ce, depuis longtemps », explique-t-il. Le solaire thermique est aussi une solution à mettre en place dans les exploitations agricoles. « La chaleur du soleil est récupérée avec des capteurs thermiques. Cette chaleur est ensuite transmise à l’eau contenue dans un réservoir. Cela fournit aux agriculteurs une eau chaude « verte » réutilisable à la ferme pour nettoyer les étables ou les salles de traite par exemple », continue Marcel Denieul. Selon lui, si le sujet n’est pas encore suffisamment exploité mais les choses avancent dans le bon sens. Utilisation de l’huile végétale comme carburant, utilisation du bois des haies comme combustible, production de biogaz grâce à la méthanisation des déjections comme autant de nouvelles solutions auxquelles les éleveurs s’intéressent.
Au cœur des préoccupations de nos sociétés
La question du climat est aujourd’hui au cœur des préoccupations de nos sociétés et des orientations politiques. C’est donc tout naturellement que les organisateurs du SPACE et leurs partenaires des Chambres d’Agriculture, ont décidé d’aborder ce sujet sur l’Espace pour Demain. La question est aujourd’hui clairement posée : Comment l’élevage peut réduire son impact sur le climat ? Des solutions innovantes et concrètes seront présentées sur l’Espace pour Demain pour aider les éleveurs à adapter leurs équipements et leurs pratiques pour limiter l’impact carbone de leur activité économique. Des témoignages d’éleveurs, d’experts, des débats entre professionnels de l’élevage et des acteurs de la société civile alimenteront cet Espace. Ces temps forts mettront en avant les engagements concrets et les ambitions pour demain des agriculteurs et de leurs partenaires en faveur du climat. Lien vers l’espace pour demain :