Un Vert pour un livre, à Montpellier: David CORMAND
« Ne pas vouloir rassurer, réparer ou protéger , mais préparer….. »
Alors que le 10 Décembre se tiendra le congrès d’EELV avec sept motions en lice, quatre de plus que l’an dernier, David Cormand était à Montpellier pour présenter son ouvrage « Ce que nous sommes, repères écologistes » (ed. Les petits matins)
Le député européen ne nous livre pas une énième vulgate de l’histoire écolo mais fait la tentative de se concentrer sur les crises vécues, de lancer une nouvelle culture. « Un parti politique n’est pas un pays. La proportionnelle est nécessaire pour un pays mais un parti est un outil militant. On devrait changer nos règles ….. L’ écologie a l’imaginaire qui permet de battre le RN ou le populisme. Mais on veut toujours être les meilleurs de la classe on fait des programmes au lieu d’écrire des récits ». Ainsi, selon son auteur, ce livre est sans ambition théoricienne, mais très attaché au fait qu’une pensée politique doit se transmettre. « Nous avons une plasticité face à la crise, mais besoin de références communes pour être une force propulsive».
D’aucuns ont fait de David Cormand un homme d’appareil.
Et c’est vrai, l’avenir de son parti est son combat principal, mais son parti il le considère sans corpus admis. L’écologie ne vient pas de nulle part elle a des affluents divers, « La politique c’est de l’histoire et de la géographie un sentiment ancré dans le réel. » Et puis, il y a encore tous les mouvements d’émancipations « qui bousculent structurellement l’organisation de notre société » et qui doivent trouver leur place en politique.
Pour lui, le parti Vert ne peut plus être le lieu de la surenchère des radicalités « il faut que nous acquerions une culture majoritaire. …Ce sera le troisième temps : après celui des lanceurs d’alerte, puis du contre pouvoir et de la culture minoritaire, est venu le temps de passer à la culture majoritaire vers une gauche du 21° siècle. Pas celle qu’on trouve dans une zone de confort mais plutôt en cherchant des alliances dans la société avec lesquelles on construit comme Bruno Latour l’évoque dans son manifeste. L’écologie n’est pas consensuelle mais conflictuelle ».
Au début , l’écologie fût certes une science mais au fil du temps elle a eu une extension politique , celle des choix nécessaires.
L’agression russe a été un accélérateur de la prise de conscience par tous de la fragilité de l’occident, de sa dépendance aux énergies fossiles, d’une sorte d’obscurantisme qui décidait que l’innovation est un progrès « Pour nous les innovations ne sont pas forcément synonymes de progrés : Seul le débat citoyen le décide (nucléaire, OGM, nanotechnologie, Gafa ….) l’écologie doit assumer d’être conflictuelle .Elle a fait l’analyse de toutes les crises de ces vingt dernières années , elle doit maintenant proposer des solutions ancrées dans la pratique écologique ».
Les deux blocs traditionnels de droite et gauche donnaient des repaires. Ils se sont fissurés et les uns comme les autres adossaient leurs promesses sur l’incommensurabilité de la croissance. Or « Nous ne sommes ni de droite, ni de gauche car nous ne pensons pas que la croissance soit infinie. Nous voulons une rupture qui remette en question le productivisme, le rapport à la consommation et à la production tout en gardant le contrôle de notre subsistance. « Ainsi exprime- t-il la dialectique de l’accompagnement contre la transformation (p 202) L’écologie est anti productiviste , anti consumériste , bio centrée. Donc plus à gauche que la gauche qui a accepté la consommation.
Au-delà de ses contradictions internes ,souvent idéologiques bien que s’en défende l’auteur, l’ouvrage de David Cormand est intéressant pour son analyse des relations à la NUPES comme passage obligé mais non durable , « la NUPES est la reconstitution d’un bloc socialiste par une synthèse de deux des principaux courants historiques du PS : son aile gauche et son aile sociale démocrate », et pour sa lucidité « la radicalité écologiste ne cède pas à l’illusion d’une répartition équitable d’une abondance infinie introuvable » (p 204)
D Martin Ferrari