DOM TOM et recherches marines
Les 5 et 6 décembre se sont tenus au Comité National des Pêches et des Elevages marins (CNPMEM) à Paris un atelier sur les pêches artisanales en Outre mer à l’initiative de l’IFREMER
(cf Communiqué officiel repris sur Outremer 360: https://outremers360.com/bassin-atlantique-appli/les-peches-artisanales-des-territoires-doutre-mer-au-coeur-dun-atelier-de-lifremer-a-paris
Les laboratoires ultramarins de l’Ifremer sont présents dans les trois grands océans : dans l’océan Pacifique en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie ; dans l’océan Indien à l’Ile de La Réunion ; dans l’océan Atlantique, en Martinique, en Guyane française et à Saint-Pierre et Miquelon (SPM). Aujourd’hui les pêches de l’océan atlantique, indien ou pacifique se portent mal ou pourraient mieux se porter, car il est clair que l’étude des impacts des changements climatiques a pris un peu de retard et que les contraintes économiques des lobbies de la pêche continuent d’encourager la surpêche.
A Saint pierre et Miquelon, la disparition de la pêche industrielle à la morue, bien que vingt ans plus tard, reste un abcès économique difficilement soignable. Confronté à la réduction de ses efforts de pêche, le territoire cherche des activités de diversification (flétan, crabe des neiges, homards holothuries… L’océanographie y prend une place particulière car l’amplitude thermique y est une des plus élevée du monde Ainsi le réchauffement climatique menace le « Banc Saint Pierre », impacte les populations de phoques. Quant aux pouvoirs publics ils sont toujours mobilisés sur l’extension du plateau continental , le dossier EXTRAPLAC en cours aux Nations Unies.
Dans les Caraïbes, malgré les mesures européennes (RUP) , la flotille de pêche reste archaïque et composée de navires de moins de 12m. Toujours considérée comme une activité importante et une source d’approvisionnement alimentaire de première importance certains fonds restent cependant inaccessibles du fait de la pollution latente à la chlordécone et l’IFREMER y développe à ce sujet une surveillance chimique accrue. Une attention particulière porte aussi sur les coraux, les mangroves (étude des nurseries) , les herbiers et les zones sur lesquelles pourrait se développer la pisciculture marine. Le plateau insulaire fait donc l’objet d’une attention particulière. Comme l’IRD, l’IFREMER se penche sur la génétique aquacole : quelles seront les espèces économiquement durables demain ?
En Guyane , malgré des efforts conséquents, la pêche illégale reste prégnante . Bateaux venus du Brésil ou même chinois sont dans le collimateur des autorités qui n’hésitent plus désormais à faire usage de la force. L’IFREMER, en lien avec le CNRS, et l’université de Guyane, développe des études sur l’interaction des systèmes amazoniens ( LIGA : Littoral guyanais sous influence Amazonienne- autour du littoral Guyanais.), tente d’évaluer pour les décideurs la viabilité écologique et économique des pêcheries, notamment des stocks de vivaneau et analyse les effets de l’exploitation pétrolière surinamienne sur les écosystèmes locaux
A la Réunion, dans l’océan indien, se sont développés les sites « pilotes » pour de nombreux projets : Télédétection , systèmes d’information ensuite déployés dans les autres outre-mer (ex : BD RECIF), biodiversité le long des côtes malgaches…Un travail majoritairement orienté vers la connaissance de la biodiversité marine. Mayotte et la Réunion servent de base d’études des pollutions marines liées à une augmentation démographique constante. Ces pollutions sont une des plus grandes menaces pesant sur les récifs coralliens indispensables à la protection de ces deux îles. La récente éruption sous-marine à Mayotte a amené l’institut à se mobiliser fortement au travers de campagnes scientifiques dédiées (MAYOBS) menées avec les moyens de la flotte océanographique française, du partenariat avec d’autres établissements (BRGM, CNRS, IPGP) et de l’implication de chercheurs en géosciences marines basés à Brest. Par ailleurs, la situation en Océan Indien représente un enjeu géostratégique de premier ordre pour la France (Mayotte et Iles éparses plus particulièrement).
Dans le Pacifique et dans le contexte du changement global, une des priorités reste d’acquérir des connaissances fondamentales pour le développement durable de diverses filières : les huîtres perlières (en collaborations scientifique avec l’Australie), le développement des microalgues. Dans cette zone, industriels et chercheurs en biologie marine travaillent de plus en plus sur la crevetticulture et l’aquaculture. Pour l’instant le modèle chinois s’est imposé. Il dépend du coût élevé de la nourriture des élevages à base de farine de poisson et d’une forte pollution. Or il faut absolument préserver les écosystèmes récifo-lagunaires. IFREMER travaille à ce double enjeux aidé par les données historiques sur le corail de l’EPHE et du CRIOBE à Moréa. Les laboratoires néo calédoniens renseignent sur les virus et communautés microbiennes. Leur expérience de gestion de la mer de corail permet un appui aux politiques publiques en matière de gestion des AMP (aires marines protégées) , un des gros enjeux du 21° siècle, comme celui de l’APA , partage juste et équitable des Avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques, censé garantir l’accord Nord sud autour de la biodiversité.
Les études satellitaires ont également permis aux labos d’IFREMER de nombreuses avancées : traçage des bateaux illégaux, teneur et abondance du phytoplancton, analyse des turbidités, des pollutions telluriques, suivi des sargasses….. L’étude plus approfondie de l’état de la biodiversité marine va apporter certaines réponses à la baisse des rendements « En accord avec cet objectif, la France approfondit ses connaissances sur la pêche artisanale ultramarine à travers les nombreux projets initiés par ou avec l’Ifremer sur cette thématique dans le cadre de son Plan d’Action Outre-mer (PAOM) 2021-2025. »
Dominique Martin Ferrari