29 Décembre 21h : l’étang de Thau est fermé pour cause de norovirus. Une catastrophe pour les producteurs
C’est un coup dur à la veille du réveillon de la Saint-Sylvestre. Le préfet de l’Hérault, à la demande de l’ARS, vient de prendre un arrêté qui suspend la récolte et la commercialisation des huîtres, des moules et des palourdes sur le bassin de l’étang de Thau en raison de plusieurs intoxications. Les producteurs qui venaient d’achever les préparatifs de leurs étals et commandes pour la Saint Sylvestre sont furieux . la décision a été prise avant contrôle vétérinaire par mesure de précaution.
À la suite de plusieurs cas déclarés d’infections alimentaires collectives après avoir mangé des huîtres en provenance de l’étang de Thau, des analyses sur les coquillages ont démontré la présence de norovirus.
Le préfet de l’Hérault a donc décidé de suspendre provisoirement la récolte et la commercialisation des huîtres, des moules et des palourdes en provenance de ce secteur de production.
« Les coquillages filtreurs peuvent être contaminés par ce virus lorsque celui-ci est présent dans leur milieu de vie. Il est fort probable que l’épisode pluvieux particulièrement intense survenu le 15 décembre, dans un contexte de gastro-entérite virale à norovirus dans la population, ait entraîné la contamination du milieu », explique le préfet dans un communiqué.
Les coquillages récoltés antérieurement au 15 décembre 2022, ou provenant d’autres zones de production, ne sont donc pas soumis à cette mesure de restriction.
Recommandations
Il est demandé aux personnes qui détiendraient ces produits de ne pas les consommer et de les rapporter au point de vente. En cas de doute, il convient de se renseigner auprès de son détaillant habituel pour savoir si le produit acheté est concerné par l’alerte.
Le norovirus est la cause la plus courante des gastro-entérites aiguës. Les toxi-infections alimentaires causées par ce virus se traduisent par des symptômes gastro-intestinaux dans les 6 à 48 heures suivant la consommation. Les personnes qui auraient consommé les produits mentionnés ci-dessus et qui présenteraient ces symptômes sont invitées à consulter leur médecin traitant en lui signalant cette consommation.
Cette mesure temporaire sera levée dès lors que les conditions de sécurité sanitaire seront réunies pour une réouverture des zones de production.
https://www.anses.fr/fr/system/files/MIC2011sa0036Fi.pdf
Les norovirus sont l’une des causes les plus fréquentes de gastro-entérite virale. Très contagieux, on le retrouve notamment dans les selles et les vomissures. Comment s’en protéger ? Quelles solutions pour prendre en charge les infections à norovirus ?
Sommaire
Les norovirus (NoV), constituent une catégorie d’agents infectieux responsables de gastro-entérites. Leur appellation (norovirus) est récente : ils ont longtemps été surnommés les virus Norwalk, Norwalk-like ou Calicivirus.
« Les NoV sont très variables sur le plan antigénique et génétique », indique l’Anses (source 1). Actuellement, ils sont répartis en cinq génogroupes (G) comprenant respectivement pour les GI à GV, 9, 19, 2, 2, et 1 sous-groupes (parfois appelés génotypes). « Seuls les GI, GII et GIV ont été mis en évidence chez l’Homme infecté », précise l’Agence.
Les norovirus sont responsables de gastro-entérites virales, aussi appelées diarrhées virales ou grippes intestinales, qui correspondent à une inflammation de la muqueuse de la paroi digestive.
Infection à norovirus : quels sont les symptômes ?
Les norovirus n’occasionnent parfois aucun symptôme. Mais lorsque c’est le cas, ces derniers apparaissent généralement de façon très soudaine. Ils comprennent :
Certaines personnes présentent aussi une légère fièvre, accompagnée de frissons, de maux de tête, de douleurs musculaires et d’une grande fatigue peuvent être rapportés.
Prudence : les femmes enceintes, les personnes dont le système immunitaire est affaibli, les jeunes enfants et les personnes âgées sont les plus à risque de développer des complications graves, comme la déshydratation.
Les symptômes se manifestent généralement entre 12 et 48 heures après la contamination.
Ils disparaissent spontanément après un ou deux jours, sans laisser de séquelles.
L’infection est souvent bénigne, et les patients récupèrent en quelques jours, sans complications. Mais comme indiqué ci-dessus, le risque de déshydratation est plus élevé chez les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées. Une attention particulière doit donc leur être portée, ils risquent notamment une déshydratation.
L’infection par un norovirus déclenche une réponse immunitaire robuste, qui élimine le virus en quelques jours, mais dont l’efficacité s’avère de courte durée. « La plupart des études ont montré que l’immunité contre la réinfection par la même souche de norovirus dure moins de six mois », explique la Pre de biologie américaine, Patricia L. Foster (Indiana University), dans un article publié par The Conversation en janvier 2020 (source 2). Par ailleurs, une infection par une souche de norovirus offre peu de protection contre une infection par une souche différente. Il est donc possible de subir plusieurs infections à norovirus, parfois même à répétition.
En théorie, nous sommes tous susceptibles de contracter une infection à norovirus. Mais, comme l’indique Patricia L. Foster, nous ne sommes pas tous égaux face à ce virus. Selon elle, notre groupe sanguin pourrait influencer nos chances de tomber malade : « Lorsque le norovirus est ingéré, il infecte d’abord les cellules qui tapissent l’intestin grêle. Les chercheurs ne savent pas exactement comment cette infection provoque ensuite les symptômes de la maladie. Mais un aspect fascinant de l’infection par le norovirus est qu’après l’exposition, c’est le groupe sanguin qui détermine, en grande partie, si une personne va ou non tomber malade ».
Et la scientifique de poursuivre : « de nombreuses souches de norovirus ont besoin d’un oligosaccharide appelé antigène H1 pour se fixer aux cellules qu’ils infectent. Or 20 % de la population européenne est constituée de personnes qui ne fabriquent pas ledit antigène H1. Elles sont donc résistantes aux nombreuses souches de norovirus qui l’utilisent pour s’arrimer aux cellules ». Selon ses observations, les personnes les plus résistantes sont donc celles qui ne fabriquent pas l’antigène H1, ainsi que celles qui appartiennent au groupe sanguin B. À l’inverse, les personnes de groupe A, AB ou O ont davantage tendance à tomber malades. « Cependant, ce schéma dépend de la souche spécifique de norovirus responsable de l’infection », précise-t-elle.
Les norovirus sont très tenaces : ils peuvent résister au savon et aux solutions d’eau de Javel peu concentrées, ainsi qu’aux gels hydroalcooliques. Ils peuvent par ailleurs survivre à des écarts de température importants, allant de 0 °C à 65 °C environ (soit la température de l’eau dans un lave-vaisselle). Par conséquent, ils peuvent persister pendant des heures sur les mains, et pendant des jours sur les surfaces solides ou les aliments.
Sans compte qu’il suffit d’être au contact d’une infime dose de norovirus pour déclencher des symptômes : seules 10 particules virales sont nécessaires, sachant qu’une personne infectée peut en excréter plusieurs milliards.
Leur transmission peut donc se faire par contact direct ou indirect :
- via les selles diarrhéiques ou les résidus de vomi d’une personne contaminée ;
- via fines gouttelettes projetées dans l’air pendant les vomissements d’une personne contaminée ;
- via la consommation d’aliments et de boissons contaminés par les mains sales d’une personne malade ou parce qu’ils ont été entreposés dans une zone contaminée pat des résidus de selles ou de vomi ;
- via la contamination d’eau potable contaminée par des matières fécales humaines ou par des aliments contaminés.
Malheureusement, il ne suffit pas de serrer la main d’une personne malade pour être contaminé. Les porteurs de norovirus peuvent contaminer à leur insu des établissements de soin, des établissements scolaires, des restaurants, des navires de croisière, etc. On peut doc être exposé au virus en touchant un bouton de chasse d’eau, un robinet, une poignée de porte, de la vaisselle souillée, etc.
Les malades peuvent transmettre les norovirus dès le début de leurs symptômes et jusqu’à au moins 48 heures après la fin de leurs symptômes. Chez certaines personnes, ces virus sont même présents dans leurs selles jusqu’à deux semaines après l’arrêt des symptômes. C’est pourquoi il faut continuer à suivre les gestes barrière et des mesures de nettoyage strictes après une infection.
Plusieurs mesures permettent de limiter les infections à norovirus :
- se laver fréquemment les mains avec de l’eau et du savon, pendant 15 secondes et bien les assécher (surtout après être allé aux toilettes, après avoir changé une couche, avant de manger ou de préparer un repas) ;
- laver avec précaution ses fruits et légumes et nettoyer régulièrement les plans de travail et le linge de cuisine ;
- bien nettoyer puis désinfecter les surfaces souillées immédiatement après un épisode de diarrhée ou de vomi (à l’eau de javel par exemple) ;
- ôter rapidement et laver les vêtements, les draps ou autres tissus qui peuvent avoir été contaminés. De même avec les serpillières ou torchons utilisés dans le cadre du nettoyage de l’environnement.
Lorsque vous êtes malades, restez à l’isolement et patientez au moins 48 h après la fin de vos symptômes avant de reprendre vos activités quotidiennes. Évitez de faire la cuisine pour d’autres ou de trop interagir dans des parties communes.
Il n’existe ni médicaments classiques, ni antibiotiques, ni vaccins contre les norovirus. Comme pour toutes les maladies à l’origine de diarrhées ou de vomissements, l’essentiel est de rester bien hydraté. Objectif ? Compenser les pertes hydriques et prévenir la déshydratation.
Si les symptômes persistent plus de quelques jours, ou si l’état général du malade se dégrade, consultez un médecin. S’il l’estime nécessaire, le médecin pourra recommander l’administration de solutions spécifiques par voie intraveineuse à l’hôpital.
Au quotidien, appliquez les règles de prévention précédemment citées pour éviter de contaminer d’autres personnes. Et rappelez-vous, ce n’est pas parce que vous avez déjà été infecté par un norovirus que vous ne pouvez pas l’être de nouveau !