De la défense de la bouvine au rassemblement extrême
En publiant une tribune dans le Monde qui demandait une réforme des pratiques entourant la bouvine (ou bouvino en provençal : nom donné aux jeux et spectacles autour de la course camarguaise et aux lâchers de taureaux organisés dans les villages) les personnalités politiques et les associations animalistes ne s’attendaient sans doute pas à la levée de bouclier du samedi 11 février à Montpellier. Ils ont réussi à faire venir la Camargue à Montpellier ! Un exploit
Rien à voir a priori avec la corrida venue d’Espagne à l’époque de la reine Victoria : dans la bouvine aucune mise à mort , juste une coutume du sud de la France . Mais c’est avec plaisir politique que les deux furent associées.
Eddine Arztegui du parti animaliste et élu de Montpellier, n’a jamais demandé l’interdiction de la bouvine , juste de supprimer « les pratiques les plus génératrices de souffrance pour les animaux » : la ferrade (marquage au fer rouge) l’escoussure (l’entaille de l’oreille des jeunes veaux) et surtout les méthodes de stérilisation réalisées à vif .
En ce qui concerne la ferrade et l’escoussure, elles sont rendues obligatoires pour l’identification au registre du ministère de l’agriculture. Les signataires demandaient donc une remise en question de cette loi jugée par les auteurs archaïque puisque « d’autres méthodes indolores d’identification des animaux comme des médailles accrochées à l’oreille, existent »
Pour la stérilisation à vif, l’enjeu est autre. Elle existe vraiment, et les auteurs demandent « de rendre obligatoire l’anesthésie lors de la stérilisation ». Et là, les éleveurs renaclent. Pour les uns « évidemment ça leur fait mal , mais ça dure maximum cinq minutes », pour les autres un taureau anésthésié relaché dans un troupeau « risque de se faire attaquer, le troupeau n’accepte pas la faiblesse » Or selon les nouvelles lois « il y a obligation de la part de l’éleveur à respecter le bien-être animal » .
Le 11Février, la foule était au rendez vous Cette journée qui devait voir la grande manifestation contre les retraites commença par un long défilé de plus de 200 cavaliers et cavalières sur leur chevaux blancs avant de laisser la parole à tous ceux qui étaient venus « bouffer de l’écolo » !
Fini le politiquement correct et la défense des traditions. Place aux discours nauséabonds chasse, pêche et traditions, huant les députés européens, sifflant les végans, et les agriculteurs bio, louant l’agriculture qui « nourrit le monde » , la viande saignante, et nos beaux paysages …On était venu voir des chevaux blancs et défendre une juste modernisation des traditions , on se retrouvait complice malgré nous d’une mise à mort de l’écologie et d’un élu.
Un amalgame qui rendra bien difficile la défense des traditions face à un possible universalisme, quand des identitaires transforment une juste revendication en bataiille extrémiste…..
Dominique Martin Ferrari