Les régions les plus menacées par le réchauffement
Par Mathilde Golla, Jean-Marie ColombPublié le 20 févr. 2023 à 6:33Mis à jour le 20 févr. 2023 à 11:07: les Echos
Montée des eaux, inondations, chaleur extrême, incendies, mouvements de terrain… le monde sera inégalement dévasté par les phénomènes climatiques extrêmes d’ici 2050. Les terres seront touchées, mais aussi le bâti : la société australienne XDI a concentré son analyse sur ce point précis, en compilant plus de 320 millions de données. Elle a ainsi dressé un classement des territoires les plus exposés aux « risques climatiques physiques », prenant avant tout en compte les dommages causés aux infrastructures. « Les événements météorologiques affectent tout ce qui est construit, comme les maisons, les tuyaux, les bâtiments, les infrastructures… », souligne Rohan Hamden, CEO de XDI, lors d’une conférence de presse.
Selon cette étude, la Chine sera le pays le plus touché, devant l’Inde et les Etats-Unis. Sur les 20 territoires les plus exposés aux « risques climatiques physiques », 17 sont des provinces chinoises avec de vastes zones comme le Jiangsu (à côté de Shanghai), le Shandong, le Hebei, le Guangdong et le Henan. Le pays dispose en effet d’une forte densité d’infrastructures et de bâtiments dans des zones inondables ou de submersion. Des Etats américains apparaissent également comme étant particulièrement concernés, la Floride occupant la 9e place mondiale, la Californie la 19e et le Texas la 20e.
Huit régions françaises à risques élevés
La France n’est pas en reste. Ses infrastructures seront aussi secouées par le dérèglement climatique. La région la plus touchée sera les Hauts-de-France (121e), suivie de la région PACA (176e) et le Grand Est (200e). Au total, huit régions françaises figurent parmi les 10 % des zones les plus menacées au monde.
Ces risques s’ils se réalisent, se traduiront par des pertes en termes de vies humaines , mais aussi par des ruptures d’approvisionnement pour l’économie mondiale : dans une économie mondialisée, les ateliers et usines du monde sont majoritairement basés dans ces territoires à hauts risques. « Les principaux pôles de l’économie mondiale sont basés dans des lieux exposés au changement climatique », souligne ainsi Rohan Hamden.L
Les entreprises vont ainsi devoir tenir compte de ces risques au moment de sélectionner leurs fournisseurs, surtout si leur chaîne d’approvisionnement se trouve dans des zones à risques. « Les investisseurs et les entreprises ne peuvent plus occulter les risques physiques du changement climatique », martèle Rohan Hamden.
Des données encore abstraites
Pour établir ce classement, XDI s’est appuyé sur les modélisations du Giec combinées à des données météorologiques et environnementales. Huit phénomènes climatiques ont été pris en compte : les inondations fluviales et de surface, les inondations côtières, la chaleur extrême, les incendies de forêt, les mouvements de terrain (liés à la sécheresse), les vents extrêmes et le gel dégel.
« L’intérêt pour une meilleure prise en compte des conséquences du changement climatique augmente au fur et à mesure que les risques se concrétisent », constate Thibault Laconde, fondateur de Callendar, cabinet spécialisé dans l’évaluation des risques climatiques. « Mais nous sommes encore très en retard », ajoute l’expert. Il voit ainsi d’un bon oeil la démarche de XDI car « on manque d’études ». Il regrette toutefois que les données de l’entreprise restent abstraites et ne soient pas quantifiées en millions de dollars et/ou vies humaines.
Mathilde Golla