L’accord céréalier en mer Noire prolongé de deux mois (les Echos)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé le renouvellement de l’accord entre l’Ukraine et la Russie, crucial pour l’économie ukrainienne et pour la sécurité alimentaire mondiale. Moscou dénonce toutefois une application « déséquilibrée ».Lire plus tardCommenterPartagerAgricultureChimie
Par Sophie AmsiliPublié le 17 mai 2023
C’est à chaque fois un soulagement. L’accord céréalier entre Moscou et Kiev a de nouveau été prolongé ce mercredi, quelques heures avant son expiration. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en pleine campagne présidentielle , a annoncé son extension pour « deux mois supplémentaires », confirmée ensuite par Moscou. Ankara a joué le rôle de médiateur dans la signature de cet accord, avec l’ONU.
Signé le 22 juillet dernier , soit cinq mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, cette « initiative de la mer Noire » permet l’exportation de céréales d’Ukraine via ses ports de la mer Noire. En dix mois, plus de 30 millions de tonnes ont ainsi pu transiter par ce corridor crucial pour la sécurité alimentaire mondiale. Pour moitié du maïs, mais aussi du blé, des graines et de l’huile de tournesol ou encore du soja. La Chine, l’Espagne et la Turquie en sont les premiers bénéficiaires, selon les données de l’ONU .
Cet accord avait permis de vider les silos ukrainiens, de soulager les pays très dépendants des importations de céréales, en particulier ceux en développement, et de faire refluer les cours mondiaux des céréales. Après avoir atteint un pic en mai 2022, avec un blé à près de 440 euros la tonne sur le marché européen, les prix ont reflué, jusqu’à passer sous leur niveau d’avant-guerre, autour de 235 euros récemment, à la mi-mai.
Exigences du Kremlin
En échange de cet accord, Moscou avait obtenu des garanties pour que ses propres exportations de céréales et d’engrais ne subissent pas de blocages – dans les transports, les finances… – en raison des sanctions occidentales. Mais les progrès sur ce volet sont insuffisants, selon les Russes, qui menacent à chaque échéance de ne pas accepter son renouvellement.L
L’accord avait ainsi été prolongé in extremis de 120 jours en novembre. Puis de seulement 60 jours en mars . Il en est de même cette fois-ci. Le Kremlin dénonce de nouveau une mise en oeuvre « déséquilibrée » de l’accord. Il exige notamment la reconnexion au système bancaire international Swift de la banque russe spécialisée dans l’agriculture Rosselkhozbank et l’annulation des entraves pour assurer des navires et accéder aux ports étrangers.
« Nos principales appréciations des accords […] n’ont pas changé », a martelé, ce mercredi, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. « Les déséquilibres dans leur mise en oeuvre doivent être corrigés le plus rapidement possible », a-t-elle ajouté.
La Maison Blanche a, elle, salué l’extension de l’accord, estimait qu’il s’agissait d’une « bonne chose ». Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan a toutefois estimé que « le monde a besoin d’être sûr que cette voie sera là de manière durable », en reprochant à la Russie de « tenir en otage » cet accord crucial.
Sophie Amsili