villes barbares ou rêves de ville?
De nouvelles images ou scenarii apparaissent . Souvent qualifiées de « barbares » dans les années 2016 , la ville du 21° siècle se rêve aujourd’hui comme un écosystème naturel.
Quelques articles, documentaires , IT écrits et réalisés par Dominique Martin Ferrari:
Carlos Moreno Enregistrement 2015 real : Dominique Martin Ferrari
Film 52’ réalisation D martin Ferrari et Loic chauveau
Dossier La ville : l’outremer en metamorphoses rédaction Dominique Martin Ferrari : https://www.calameo.com/books/005063242aa251f659ca6
Alors villes barbares ou ecosystème du 21° s iécle ? Les avis divergent
Les villes ont-elles encore un avenir ? Par Marie-Christine Jaillet GEOGRAPHE (2023)
Cette dernière décennie, les grandes villes ont fait l’objet de nombreuses critiques jusqu’à être qualifiées de « barbares ». Dans ce grand maelström des villes, de leurs édiles et services, de leurs habitants et usagers, de leurs acteurs, qui tâtonnent pour répondre aux nombreux défis qui les attendent, quelle part peuvent prendre les artistes ? Une réponse à l’occasion du festival le Nouveau Printemps à Toulouse, dont la designeuse matali crasset est cette année l’artiste associée. Les villes ont joué un grand rôle dans le développement des civilisations. Lieu de l’établissement du commerce et des échanges économiques, de la concentration et de l’exercice des pouvoirs, mais également de l’effervescence culturelle, elles ont été aussi, au cours des siècles, pour nombre de leurs habitants, le lieu d’une double expérience anthropologique, d’un affranchissement émancipateur de la communauté d’origine et de son contrôle social, et d’une confrontation à la densité, la diversité et l’altérité, autant d’éléments fondateurs d’une civilité régulée par l’intériorisation de normes et de règles de comportement qui ont autorisé la cohabitation et la coprésence. En Europe, elles ont été le creuset culturel de la fabrique démocratique et elles le restent aujourd’hui de par le monde, là où la lutte contre les formes contemporaines d’autocratie ou de dictature trouve d’abord à s’exprimer sur la scène de l’agora urbaine. Mais il ne s’agit pas pour autant de faire l’apologie des villes : d’abord, parce que selon leur taille, elles recouvrent des réalités bien différentes. Quoi de comparable en effet entre le tissu français des petites villes, les métropoles régionales que sont Toulouse ou Montpellier, les capitales à l’instar de Paris ou Londres et les mégalopoles mondiales comme Mexico ou Lagos ? Si l’on s’en tient à la France, en dehors de Paris qui peut être qualifiée de « ville globale », les autres grandes agglomérations urbaines sont tout au plus, à l’échelle planétaire, des villes moyennes. Cependant, sans atteindre le degré de ségrégation que connaissent les mégalopoles, elles sont le lieu d’inégalités sociales, dans les conditions de logement, dans l’accès aux services et équipements, dans la capacité à profiter des aménités urbaines, qui conditionnent les vies urbaines ; elles sont le lieu des solitudes qui broient les destinées des plus fragiles, de l’invisibilité des plus pauvres ; elles peuvent se montrer inhospitalières, rejetant à leurs marges ou dans leurs interstices les « indésirables ». Elles se sont construites contre la nature, la domestiquant ou s’en protégeant, tournant le dos à leur géographie ou l’ignorant. Inscrites depuis l’origine dans une concurrence que le néo-libéralisme a exacerbé, elles ont souvent privilégié, dans ce dernier quart de siècle, des politiques d’attractivité, en multipliant les grands projets architecturaux ou événementiels qui font signe, attirent le regard et les investisseurs, au détriment des politiques du quotidien, avec pour effet d’accroître les divisions sociales de l’espace et parfois de remettre en question le droit de tous à la ville. Dans un contexte sociétal d’individuation croissante, où l’automobilité a facilité le développement d’une logique d’appariement électif qui permet à ceux qui en ont les moyens matériels de choisir leur lieu de vie et leur environnement social, ces grandes agglomérations urbaines sont devenues de vastes archipels traversés par des frontières invisibles, mais pourtant bien réelles : entre les quartiers, du centre-ville aux anciens faubourgs et premières couronnes, qui se sont gentrifiés, les grands quartiers d’habitat social, souvent localisés en périphérie, qui se sont ghettoïsés, et la vaste mosaïque des extensions périurbaines, les circulations, et surtout les échanges entre leurs habitants, restent limités. Cette fragmentation de la ville s’accompagne d’une aggravation des distances sociales et d’un affaiblissement des interactions sociales. Le regard que les uns et les autres se portent reste trop souvent marqué par la méfiance, voire le ressentiment. Reste l’espace commun des places et lieux publics, des événements festifs, investi et, heureusement encore, partagé, mais qui ne suffit pas à retisser ces liens qui se défont et les solidarités. Les conditions de la vie urbaine se sont dégradées pour nombre de citadins de ces grandes villes : encombrement, bruit, déplacements qui fatiguent, pics de pollution, quotidien malmené, inscrit dans un rythme qui s’est accéléré, conditions de logement qui ne répondent plus aux aspirations à la tranquillité sociale, à un environnement moins minéral, au désir de retrouver la maîtrise de son temps. S’ils le pouvaient, les citadins quitteraient ces métropoles. Le confinement instauré pendant la pandémie de la Covid-19 est venu confirmer ce désir : lorsqu’il s’agissait de devoir cohabiter 24 heures sur 24 avec les siens, dans le même logement, avec pour seul horizon ses voisins immédiats et pour seule promenade l’autorisation d’arpenter la rue ou de faire le tour de son îlot, ceux qui en avaient le loisir et la possibilité matérielle ont quitté la ville pour une maison de famille, une villégiature ou une résidence secondaire à la campagne. Si, le confinement levé, ils ont, pour la plupart, réintégré leur appartement urbain, cet « exode » momentané a montré combien les grandes villes étaient devenues, a minima, inconfortables à vivre, voire même, inhabitables. Cette inhabitabilité a été éprouvée à nouveau lors de l’épisode caniculaire de l’été 2022 qui a rappelé les conséquences dramatiques de celui de l’été 2003 caractérisé par une surmortalité des personnes âgées et des « sans domicile ». Cette dernière décennie, les grandes villes ont fait l’objet de nombreuses critiques jusqu’à être qualifiées de « barbares ». À leur disqualification ont répondu l’éloge de la petite ville « à taille humaine » où il ferait bon vivre et l’utopie « rustique » de remettre les villes à la campagne. Néanmoins, ces grandes villes sont bien là. Elles ne disparaîtront pas, d’autant qu’elles assument des fonctions peu dispersables, malgré la révolution numérique qui facilite l’accès à nombre de services depuis chez soi et sans avoir à se déplacer. Mais les apprécier au seul prisme de leur fonctionnalité, c’est faire fi de ce qu’elles ont, aussi – avant tout ? –, apporté : être la matrice d’un « faire société » qui ne se réduit pas à la juxtaposition de petites communautés organiques, fussent-elles, sinon heureuses, du moins apaisées. Certes, le cosmopolitisme urbain n’est pas exempt de tensions, mais le brassage des origines, des conditions, des âges, des genres, produit une vitalité sans pareil qui nourrit les dynamiques sociales et la créativité. Et la « multitude » – pour ne pas dire « le peuple » –, quelles que soient la volonté ou les technologies pour l’encadrer et la contrôler, parvient toujours à retrouver, dans la ville, des espaces de liberté pour réinventer le jeu démocratique. L’enjeu, pour les politiques urbaines, est de parvenir, dans les transformations à venir de leur modèle de développement, à « embarquer » l’ensemble de la société. On le voit, l’avenir des grandes villes, fortement contestées et où la qualité de vie du plus grand nombre s’est détériorée, est confronté à nombre d’enjeux. Comment peuvent-elles se réinventer, réenchanter la citadinité, tout en s’adaptant au changement climatique et à la sobriété, sans que cette adaptation ne renforce les inégalités sociales ou n’en crée de nouvelles ? À l’heure où la « fabrique urbaine » ne peut faire abstraction des citoyens tant ceux-ci revendiquent d’y être pleinement associés, l’enjeu, pour les politiques urbaines, est de parvenir, dans les transformations à venir de leur modèle de développement, à « embarquer » l’ensemble de la société : car ces transformations auront des conséquences sur les modes de vie, dans les manières d’habiter, dans les pratiques de déplacement et de consommation. Et cette conversion à des modes de vie plus sobres ne sera possible que si les citadins ont le sentiment qu’elle est juste et que l’effort demandé est proportionné à l’empreinte carbone de chacun. Redoutable défi que de tenir « en même temps » exigence de justice sociale, transition écologique et réenchantement/habitabilité de la ville. Néanmoins les villes s’y essaient, explorant des chemins de transition, expérimentant des modalités de participation qui ne se réduisent pas à de simples consultations. Elles retrouvent leur géographie, ses ressources et ses contraintes, « atterrissent » dans leur environnement, s’engagent dans une renaturation qui ne consiste pas seulement à « reverdir » l’espace public et les bâtiments, s’essaient à la sobriété par les circuits courts, l’économie circulaire et le réemploi des matériaux et déchets, développent des relations de coopération avec leurs voisins, proches ou plus lointains, pour préserver et cogérer des « biens communs » – l’eau, le sol, l’énergie –, éprouvent d’autres modes d’urbanisation, associant densité, logements abordables et qualité des espaces, étendent les pistes cyclables et l’aménagement des espaces publics pour faciliter la mobilité active, etc. Le font-elles à la hauteur de l’urgence à laquelle nous rappelle la multiplication et l’aggravation des dérèglements climatiques ? D’aucuns jugeront la transition trop lente. Mais elles s’y engagent cependant délibérément, dans un autre rapport aux citoyens, qui s’esquisse prudemment, par le « bas », en prenant appui sur les initiatives des associations et des collectifs qui, à leur échelle, inventent et expérimentent des solutions. Dans ce grand maelström des villes, de leurs édiles et services, de leurs habitants et usagers, de leurs acteurs, qui tâtonnent pour répondre aux nombreux défis qui les attendent, quelle part peuvent prendre les artistes ? Pourvus d’antennes plus sensibles pour capter ce que traversent nos sociétés, leurs peurs, leurs espoirs, leurs angoisses, leurs incertitudes, leurs doutes, les drames qui les guettent, dans un monde qui n’en est pas dépourvu, où les catastrophes « naturelles » se démultiplient (mégafeux, submersions maritimes, sécheresse, inondations), où la guerre est aux portes de l’Europe, où la démocratie est fragilisée, où la perception d’un monde fini diffuse lentement, où le débat s’hystérise trop souvent, où le soupçon et les théories complotistes supplantent les faits et la science, ils peuvent, par l’émotion que suscitent leurs œuvres ou leurs actes, contribuer, par l’émotion, à « ouvrir les consciences », poser la perspective du changement comme un horizon indispensable, mais désirable. Ils peuvent aider à porter un autre regard sur la ville et ce que l’on n’y voit pas d’emblée : présences et pratiques discrètes, traces et signes ténus, lieux ordinaires effacés par la monumentalité, non humains effacés par les humains, etc. Ils peuvent aussi, par la pratique partagée d’une création, redonner aux habitants le sentiment qu’ils ont des ressources, du pouvoir, qu’ils peuvent être acteurs de leur destin et ne plus seulement le subir, que le champ des possibles reste ouvert à qui prend le risque d’explorer. Ils peuvent aussi, dans ce « faire ensemble », contribuer à retisser ces liens qui se distendent – que l’injonction à la mixité sociale ne renouera pas –, retrouver, à faire ainsi ensemble, le plaisir du commun. Là où la raison et le dire peinent à convaincre, l’émotion, parce qu’elle permet de ressentir par le corps et les sens, peut sans doute plus aisément faire tomber les barrières, les rétractions sur soi pour ne pas voir, entendre ou comprendre. NDLR : cet article a fait l’objet d’une commande à l’occasion du festival de création contemporaine le Nouveau Printemps, qui se déroule à Toulouse dans le quartier de Saint-Cyprien sur les rives de la Garonne jusqu’au 2 juillet, avec pour artiste associée la designeuse matali crasset. Marie-Christine Jaillet GEOGRAPHE, DIRECTRICE DE RECHERCHE EMERITE AU CNRS, SPECIALISTE DES ETUDES URBAINES
Autre point de vue : D MARTIN-FERRARI : « quelle ville rêvons-nous demain ? »
REVONS LA VILLE é2016)
– Préparation et participation à la Convention sur la biodiversité (COP 13) à Cancun (Mexique) du 4 au 17 décembre. Enjeux de taille pour l’outre-mer
– COP 22 à Marrakech (7 au 19 Nov.) : premier bilan de la mise en œuvre de l’accord de Paris. Que deviennent promesses et engagements ?
– Habitat 3 (17 au 20 Octobre à Quito, Equateur) : La Troisième conférence des Nations unies sur le logement et le développement urbain durable.
– Le 30 Mai l’Europe aura adopté son agenda urbain : quelle place la France aura-t-elle réservé aux réalités tropicales ?
De nombreuses rencontres réunissent les acteurs de la ville. On se souvient de celle de Nantes, Ecocity, en 2014 où pour la première fois se réunissaient les villes du monde en Europe. Elles y avaient exprimé une grande colère. Villes et régions sont fatiguées de l’incurie des états, du nombre de responsabilités qui leur reviennent sans être accompagnées des financements. De nombreuses villes sont en faillite. Les besoins explosent au moment où la crise financière s’invite. Une situation qui met en péril gravement les équilibres public/privé.
Les « villes Phénix « , ces villes qui font face à une crise brutale, un conflit, une catastrophe économique ou climatique , comme Haïti expriment régulièrement leur profonde détresse
La Maire de Port au Prince soulignant que « les fonds internationaux sont confiés à des organismes qui ne connaissent pas les réalités…Il faudrait suivre les fonds vers leur
acheminement, pour éviter toute corruption…A Port au prince on a voulu traiter le choc
physique et on a oublié le choc mental.La ville durable doit répondre à l’ensemble des enjeux en même temps : l’environnement mais aussi le social »` Les villes travaillent en réseaux s’échangent les bonnes pratiques et surtout sont proches des besoins, des citoyens et du réel. Elles voient les problèmes arriver avec une efficacité supérieure à celle des Etats.
Pourquoi se soucier de la rencontre Habitat 3 à Quito en octobre 2016 😕
Au milieu de ce siècle, il est vraisemblable que deux habitants sur trois vivront en ville, aspirant à un cadre de vie épanouissant pour eux et leurs proches. En croissant rapidement, les villes portent des défis particuliè-rement aigus qui constituent autant de risques que d’opportunités, des lieux paradoxaux qui concentrent les difficultés, mais aussi les espoirs.
C’est sur cette question que se penchera la Conférence des Nations unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III) organisée par l’Assemblée générale des Nations unies se tiendra à Quito (Équateur) du 17 au 20 octobre 2016 sur le thème : le développement urbain durable : l’avenir de l’urbanisation
La Conférence Habitat I, qui s’est tenue en 1976 à Vancouver, reconnaissait le besoin d’établissement humain durable dans le cadre d’une urbanisation rapide et importante.
La Conférence d’Habitat II (Istanbul ) reconnaissait les villes comme moteur de croissance, l’urbanisation étant une opportunité pour réduire la pauvreté. La Déclaration d’Istanbul appelait aussi à reconnaître le rôle des autorités locales dans le développement durable et mettait l’accent sur la participation des habitants dans la construction de la ville et sur l’habitat décent pour tous.
Vingt ans après, Habitat III constituera un événement majeur pour le développement urbain, dans un contexte marqué par les nouveaux défis de l’urbanisation devant tenir compte des accords climat, biodiversité et des objectifs du développement durable de réduire la pauvreté
Ces conférences contrairement aux COP ont lieu tous les vingt ans.
Elles s’adressent de plus en plus aux villes et territoires qui aimeraient avoir la main sur le développement des territoires et leur planification en place des Etats . Elles obligent progressivement à une gouvernance de toutes les parties prenantes (conditions d’obtention des financements). Elles marquent profondément notre quotidien: Par exemple, Istanbul a mis en place les agendas 21, la sortie de la voiture de la ville, la fin de la Charte d’Athènes, la lutte contre la pollution atmosphérique, le pouvoir de plus en plus important des collectivités locales et territoriales qui se sont organisées en grandes associations.
Comme pour toute conférence des Nations unies, le processus est piloté par les États membres. 193 pays seront réunis afin de trouver un accord global sur un nouvel agenda urbain international.Le bureau Habitat III, chargé de la préparation de la Conférence Habitat III, est composé de : 2 co-présidents : Équateur, France et de 10 membres : Allemagne, chili, Emirats Arabes Unis, Indonésie, République Tchèque, Sénégal, Slovaquie, Tchad
Campagne urbaine mondiale :http://www.worldurbancampaign.org/
Si 80% de la population mondiale rejoindra la ville dans les 20 ans à venir, cela concerne de moins en moins l’Europe. Ce sont bien les zones tropicales et équatoriales qui vont être concernées par les débats de Quito et par les décisions qui vont y être prises. D’où l’intérêt de faire entendre la voix des doms qui peuvent faire des propositions en adéquations
Quatre textes conduisent la négociation:
– la ville inclusive (on ne laisse personne sur le bord du chemin) ,
– la ville résiliente capable de faire face aux risques, la ville productive ‘(emplois attraction…)
– la ville productive
– la gouvernance des parties prenantes
Sur le plan de l’organisation des débats philosophiques : la ville demain sera t elle minérale ou organique ? La remise en question de la charte d’Athènes où la vie se concevait par zone d’activités (habitat, travail, loisir avec augmentation de transports) verra t elle le retour à une ville intégrée dans son territoire , et la tentative de faire entrer le territoire dans la ville réussira t elle à s’imposer ?
Pourquoi Quito est important? Même si le texte final n’est qu’incitatif, les financements qui aideront à construire la ville tiendront compte des décisions. C’est pourquoi métamorphose outremers a décidé de par-ticiper. Nous avons demandé notre accréditaton pour Quito et voulons participer à un event (évenement) en lien avec le PFVT, le club France, Greencross….
Les ministères en charge de la préparation d’habitat 3 ont impliqué les acteurs dans la construction de la position française via le PFVT, partenariat français villes et territoires, qui regroupe 600 parties prenantes (entreprises, collectivités territoriales, associations, experts, urbanistes, organismes de recherches…)
Un Pavillon France sera organisé à Quito . Il permettra de promouvoir les messages prioritaires de la France, d’encourager les échanges entre acteurs français et acteurs internationaux et de valoriser les expériences et savoir-faire des acteurs français à travers des ateliers, des expositions, des films, etc. Métamorphose pourra y organiser plusieurs rencontres
La ville écosystéme du 21° siècle : une nouvelle vision plus proche du fonctionnement de la nature
En quoi le génie de la nature peut-il constituer une méthodologie de conception innovante vers l’avènement d’un aménagement de la ville ? Si la ville connaît un développement économique sans précédent, elle cristallise au même moment les plus grands défis écologiques et sociologiques : surexploitation des ressources naturelles, surconsommation d’énergie et d’eau, surproduction de déchets, de pollutions : la ville est devenue le laboratoire d’expérimentation privilégié pour les sociétés humaines de demain
Le bio mimétisme tente de relever le défi en reconnaissant le « génie de la nature et du vivant », redécouvert, et promu au rang de méthodologie pour l’innovation durable. Tissant des interactions nouvelles entre technosphère et biosphère, le bio mimétisme, par essence transdisciplinaire, propose de revisiter les mécanismes de penser de la noosphère, prenant pour principal guide les stratégies complexes de développement élaborées au cours de 3,8 milliards d’années de recherche exercées par le vivant. La « bibliothèque d’inventions naturelles » est ré ouverte et annonce même pour certain « un tremplin vers une nouvelle révolution industrielle, où l’organisation humaine serait en équilibre durable avec la terre, avec pour objectif le « zéro déchets – zéro pollution »
A l’image des citadins, animaux, végétaux, bactéries habitent eux aussi des milieux naturels autonomes appelés écosystèmes au sein desquels les concepts de pollution ou de déchet n’ont aucun sens. L’utilisation de toutes formes de ressources, matières, énergies, informations est soumise à la plus grande optimisation. Les modes de communications sont démultipliés au sein de flux d’échanges complexes décentralisés. Et enfin, seul l’approvisionnement local suffit à satisfaire les besoins de la communauté d’êtres vivants.
Si le vivant s’illustre depuis toujours comme source d’inspiration et d’inno-vation foisonnante pour l’être l’humain, la notion de bio mimétisme, popularisée il y a seulement une vingtaine d’années aux Etats Unis et moins de dix ans en France donne un nouvel élan dans les rapports que l’homme entretient avec son milieu naturel. beaucoup d’innovations restent au stade de la recherche et du développement quel que soit le secteur concerné.
Si les villes cristallisent les difficultés, elles portent également en elles des solutions innovantes à travers une nouvelle gouvernance urbaine. Noeud relationnel, la ville est le territoire de coopération entre tous les acteurs publics et privés, permettant de décloisonner les politiques sectorielles et d’articuler les différentes échelles. Elle favorise la création de synergies pour répondre à des enjeux devenus trop complexes pour pouvoir être traités à une seule échelle par un seul acteur. Elles détiennent également les clés de l’innovation et de l’expérimentation (technologique et sociétale) pour lutter contre le changement climatique et développer des stratégies de développement durable.Il n’y a pas de modèle unique de villes durables, mais un ensemble d’initiatives, qui reposent sur des spécificités locales et des caractéristiques intrinsèques à chaque société.Beaucoup de villes ont déjà entrepris leur mutation grâce à la volonté d’élus convaincus, à l’instar des 700 maires qui ont répondu présents en décembre 2015 pour prendre des engagements en faveur du climat sous l’initiative d’Anne Hidalgo, maire de Paris, et de Mickaël Bloomberg, envoyé spécial des Nations unies pour les villes et le climat et ancien maire de New York.Ils ont ainsi pris la décision ambitieuse de réaliser la transition vers une énergie 100 % renouvelable ou une réduction de 80 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.Pour rappel à Quito ce qui sera discuté prioritairement : la ville durable possède quatre caractéristiques : elle met l’homme au coeur du projet, cherche à atteindre la meilleure performance possible, repose sur une gouvernance forte et participative et s’adapte aux spécificités locales.
L’apport des savoirs traditionnels : Après que la reconnaissance scientifique moderne ait été accordée à l’agro forestrie, à la médecine traditionnelle, à la gestion raisonnée des ressources, de nouveaux corpus de connaissances méritent que l’on s’y arrête. De récents partenariats avec les scientifiques du climat produisent déjà un savoir neuf, qui découle des synergies entre les deux systèmes de savoirs pour partie déjà rassemblé dans un recueil « weathering uncertainty : traditional knowledge for climate change assessment and adaptation » www.impcc.org Plusieurs domaines se dégagent : nuances entre climatologie et météorologie ; sauvegarde des cultures d’adaptation ; protection des ressources permettant la résilience ; sociologie , liens entre culture et nature… Nous avons sept noms pour dire la pluie, rappelle les dayaks. A partir du 5° nous savons que s’annoncent des pluies très fortes et dangereuses « . Cette sémantique séculaire vaut bien nos niveaux d’alerte météo !« Nous croyons en une étoile annonciatrice des semailles. Grâce à nos connaissances millénaires, selon la lune, le soleil, les étoiles, nous cultivons nos terres. Quels sont les liens entre eux et nous ?… Liées aux songes, aux danses rituelles, le mouvement des astres organise notre calendrier social. Tout cela est connecté au cosmos et est scientifique. Les changements climatiques rompent la relation au calendrier, bouleversent les connexions» Jusqu’à présent ces savoirs accumulés depuis des millénaires « à une échelle spatiale et d’une grande profondeur temporelle » n’ont pas forcément été pris en compte par les scientifiques du climat..
Connaissance des caprices du ciel mais aussi des stratégies de conservation in situ augmentent les capacités d’adaptation . On cultive à nouveau le riz de montagne au Thibet , le riz des fleuves soumis aux eaux plus hautes et à la salinisation chez les dayaks; en territoire andin plus de 1500 espèces de pomme de terre sont protégées par les communautés … résistant ainsi à « ce qui menace le plus les peuples et leur savoir, l’efficacité et la standardisation. » Se poursuit donc un travail autour du moyen de réaffirmer le respect de leurs droits et ceux de leurs savoirs traditionnels. Ce qui les menace doit être clairement reconnu. Ils veulent que les jeunes soient informés, et encouragés à protéger les deux diversités : culturelle et alimentaire
Dans leur œuvre collective « résilience et environnement, penser les changements socio écologiques », deux chercheurs Raphaël Mathevet et François Bousquet nous conduisent sur le chemin de la résilience, au sein des relations entre environnement, société et économie. Appliquons la fable du chêne et du roseau de Jean de la Fontaine à notre monde en bouleversement, nous proposent les auteurs. L’ensemble de nos activités impactent les écosystèmes.Jusqu’à quel point un système socio-écologique est il capable d’absorber les perturbations d’origine naturelle ou humaine ? À se réorganiser de façon à maintenir ses fonctions et sa structure ? Quelle est sa capacité à changer tout en gardant son identité ?». Ce système éminemment complexe observé à l’échelle mondiale nous fait vivre en situation d’incertitude. La première réponse aux perturbations écologiques est souvent d’ordre technologique : « la mer monte, on construit des digues », et repose sur la foi en notre capacité à restaurer un climat favorable, une productivité agricole satisfaisante et des paysages harmonieux et équilibrés. Les auteurs sont dubitatifs et proposent de « considérer le fonctionnement du monde comme un véritable système : les interactions sociales et écologiques sont liées et il faut les aborder ensemble pour comprendre le système qu’elles forment et éventuellement agir ».
Tous deux membres d’une équipe internationale « résilience alliance » évoquent les travaux en cours entre controverses, illusions, atouts et limites de cette pensée de la complexité. « Qu’on l’aborde sous l’angle de la science ou de l’idéologie, la résilience peut nous aider à penser nos problèmes environnementaux et à agir. » (P11). Suit une passionnante évocation de systèmes de relations déjà mis à l’épreuve à travers le monde et objets d’études : équilibres, effets de seuil, variables clés, indicateurs, collection de bonnes pratiques connues et plus ou moins appliquées. On a un peu l’impression en parcourant « ces solutions, ces modèles» d’être transformé en ce funambule qui traverse un gouffre sur son fil ! Car constamment au bout de la solution, dans les cas graves, quand elle atteint le seuil, la « nature » rattrape l’homme, le moindre écart rompt la belle mécanique du système.
L’analyse des quatre phases du cycle adaptatif reste très intéressante (cf p 30/31) : Phase 1, face aux changements apparaissent de nouveaux acteurs, un réseau de relation se fixe en auto réorganisation et sans centre organisateur. Phase 2, période de capitalisation, d’accumulation, de consolidation les gains d’efficacité génèrent une perte de flexibilité. L’organisation confère une stabilité trop importante qui rend le système vulnérable aux perturbations imprévues, toutes les connexions se brisent. Phase 3 : Alors on réorganise dans le chaos de la phase précédente car on se trouve à nouveau dans un cycle d’incertitude important. Penser la résilience socio-écologique doit permettre d’agir à chaque étape du cycle.
Viennent les controverses. Lors d’un colloque organisé par le CIRAD et le réseau international « Résilience Alliance » à Montpellier entre le 4 et 8 Mai dernier, les chercheurs venus du monde entier ont confronté leurs travaux. De nombreuses communications relevaient le fait que pour construire un système résilient, il fallait en connaître les indicateurs environnementaux, sociaux… Or comment intégrer l’outil pertinent de résilience pour comprendre l’évolution d’une société après une catastrophe puisque nous ne disposons d’aucun indicateur ? À moins de travailler directement sur la phase de rupture et de tenter de la prévoir au mieux. Les ingénieurs ont déjà la réponse «calculons l’indicateur de la vulnérabilité ».
Pour l’instant, les analyses de post catastrophes relèvent toujours de la boule de cristal, si mathématiques qu’en soient les mesures. Plus efficaces sans doute sont les travaux menés sur les effondrements de civilisation, les catastrophes nucléaires, les catastrophes climatiques… Mais ce type d’approche, conduite en temps réel, demande malgré tout du temps et nous ne sommes pas sûrs d’en disposer.
Raphael Mathevet (CNRS) et François Bousquet (CIRAD) sont chercheurs dans le domaine de l’environnement. Leurs travaux portent sur la conservation de la biodiversité et la gestion concertée des ressources naturelles renouvelables.
Résilience et environnement, penser les changements socio-écologiques, ed Buchet Chastel,
À SAVOIR
La résilience est un vieux concept qui vient du latin « Resilio », rebondir. Il est utilisé en physique pour mesurer la résistance d’un solide au choc. En psychologie la résilience est un chemin qui consiste à prendre acte de son traumatisme pour ne plus vivre dans la dépression. Il nous est devenu familier grâce à Boris Cyrulnick qui en a fait un élément clé de ses thérapies, et c’est en 1973 que C. Holling définit pour la première fois la résilience écologique d’un écosystème en fonction de l’ampleur de la perturbation. Il y définit pour la première fois la notion de seuil. (à ne pas franchir). voir aussi Divergence FM, podcast société, « nous n’avons qu’une terre » D martin Ferrari