AJE, voyage en Guyane , le plan biomasse 1/2
LA COMPLEXITE A LA MANŒUVRE : RENDRE FORET et AGRICULTURE COMPATIBLES………
Des milliers d’hectares devraient selon les derniers accords nationaux (2017) être rétrocédés par l’état aux communes du Nord et du Sud du pays pour répondre aux besoins induits par une démographie en augmentation permanente. Jusqu’à présent cette région ne pouvait disposer à sa guise de ses ressources forestières protégées. Mais l’impératif de développement durable conduit à reconsidérer le statut et les usages des ressources naturelles et la Guyane revendique son autonomie de gestion
Elle cherche donc d’autres voies pour valoriser sa forêt par des politiques de développement endogène, en rupture avec les politiques nationales. Une vision en expérimentation qui contient ses propres contradictions
Jean Christophe Roggy est chercheur INRA, directeur adjoint d’ECOFOG avec Eric Marcon (CNRS). Créé en 2001 entre l’ENGREF, le CIRAD et l’INRA, Ecofog est venu consolider une dynamique scientifique locale autour de l’objet d’étude « Forêt ») Il s’intéresse plus particulièrement aux projets agro forestiers de Guyane.
Le plan biomasse
JC Roggy suit sérieusement la projet. Rappelons qu’il était inscrit dans le plan priorité énergie signé par Ségolène Royal en Avril 2017, et a été confirmé par Emmanuel Macron lors de son récent voyage , proposant le «développement des filières bois et biomasse, la création autour de l’université de «cluster de compétences» pour le développement des activités liées aux énergies renouvelables et à la biodiversité de la forêt amazonienne. »
A la lecture des projets, le milliard promis sera versé. La volonté politique étant désormais affichée, les services de l’état se donnent des outils de fiscalisation avec une délimitation des zones d’intérêt prioritaires que l’on retrouve affichées sur le site d el’ EPAG.
Le partenaire industriel privilégié des projets est Voltalia, né en 2005.
Déjà à Kourou en 2009, a été mise en service une centrale biomasse dont les toits sont équipés de 2 000 m2 de modules photovoltaïques d’une puissance total de 185 kWc. Cette centrale « multi-énergies » valorise plus de 30 000 tonnes de déchets de bois, issus des principales scieries de Guyane, et produit l’équivalent de la consommation d’environ 9800 personnes.
Prés de Cacao, là où se trouve une des principales scieries de Guyane, on travaille à une centrale de 5,1 MW
La diversité de gisements en Guyane fait de la filière biomasse « une filière d’avenir pour le territoire, créatrice d’emplois présentant un débouché pour le traitement des déchets issus des scieries et des défriches agricoles et à des fins de constructions » martèle la région. Effectivement, de tous les territoires ultramarins répertoriés par l’ADEME, la Guyane est peut être le seul à proposer une voie crédible pour la biomasse. De gros gisements ont été identifiés : défriches à des fins de constructions immobilières, déchets d’exploitation forestière (ouverture de pistes), déchets de scieries, exploitation forestière de bois-énergie en complément du bois d’œuvre, exploitation de forêts à vocation énergétique.
Restent à concilier protection et usage !
D Martin Ferrari