Tahiti: Fonds Macron : 1,2 milliard pour huit projets de transition énergétique
Une installation solaire dans les Tuamotu. Crédit photo : Archives TI;
Tahiti, le 27 novembre 2023 – Les premiers lauréats du Fonds de transition énergétique ont été dévoilés ce lundi, à l’issue du premier comité de pilotage. Aussi appelé Fonds Macron, ce dispositif est entièrement financé par l’État, dispose d’une enveloppe de 7 milliards de francs jusqu’en 2026. Cette année, huit initiatives, sur l’ensemble des cinq archipels, ont été subventionnées, à hauteur de 1.2 milliard. Au total, ces projets vont permettre de produire 4 gigawatt-heures (GWh) d’électricité propre, soit une économie de 3000 tonnes de rejet de CO2.
Le Fonds Macron est définitivement lancé. En effet, le premier comité de pilotage, coprésidé par le haut-commissaire et le président du Pays s’est déroulé ce lundi à Papeete. L’occasion pour les deux représentants de révéler les lauréats du premier appel à projets de ce fonds de transition énergétique (FTE), qui se déploiera jusqu’en 2026.
Rappelons que le FTE avait été annoncé par Emmanuel Macron lors de sa dernière visite en Polynésie française en juillet 2021, afin de soutenir le fenua dans sa transition vers une énergie plus propre. Basé sur un système de subvention, ce fonds aidera chaque année, pendant encore trois ans, des projets d’installations de production d’énergie renouvelable sur le territoire. À noter que la Polynésie est dépendante à 93% de l’importation d’hydrocarbures.
“C’est une bonne réussite car l’appel a été entendu” s’est d’ailleurs réjoui Moetai Brotherson à l’issue du comité de pilotage, en faisant référence au nombre de dossiers déposés pour ce premier appel à projets du Fonds Macron, qui s’est clôturé le 16 juin dernier.
Plus de projets que de financements
Car si d’ordinaire, comme l’a rappelé le haut-commissaire Éric Spitz, “on dit qu’on a beaucoup d’argent, mais qu’on ne trouve pas assez de projets pour le dépenser”, cette fois-ci, le nombre de projets déposés bat des records. En effet, pas moins de 28 dossiers ont été comptabilisés à l’issue de l’appel à projets. Au total, il aurait fallu une enveloppe de 4 milliards de francs de subvention pour financer l’intégralité de ces propositions, qui pèsent, en tout, 12 milliards de francs. Manque de chance, pour cette année le comité de pilotage ne disposait “seulement” que d’1,2 milliard de francs. “Pour une fois, on n’avait pas assez de subventions. Mais je vous rassure, toutes les demandes pourront être redéposées l’année prochaine” a souligné le haut-commissaire. Ainsi, huit projets ont été sélectionnés, tous portés par des communes, et sur chacun des archipels du fenua. “On met un point d’honneur à ce que la totalité des archipels soit représentée. Le projet de centrale hybride de Maiao (voir encadré “Huit projets pour 1,2 milliard de subventions”, NDLR), c’est 330 millions des francs de subvention, pour une population de 500 habitants. C’est conséquent. La République peut être fière. Tous nos concitoyens sont égaux en droits, et même s’il faut mettre beaucoup d’argent pour toucher les personnes les plus isolées, les plus éloignées, on le fera”, s’est enorgueilli Éric Spitz
4 GWh d’électricité propre en plus
La totalité des huit dossiers sélectionnés sont des projets basés sur l’hybride (mix thermique photovoltaïques/thermique) et sur le photovoltaïque. “On va produire 4 GWh d’énergie propre à l’année. Ce qui économise 3000 tonnes de rejet de C02 par an” a de son côté révélé le président du Pays. D’autant plus que la construction de ces édifices économisera le transport de milliers de litres fioul. “On ne peut que se féliciter de ce type de résultats” a ajouté le président du Pays.
À noter également que ces projets seront soumis à une garanti de maintenance, afin de ne pas retomber dans d’anciens travers, notamment sur Hao, où de nombreux projets coûteux sont désormais à l’abandon faute d’entretien. “C’était parmi les critères de recevabilité des projets (…) On essaye d’être précautionneux et de ne pas jeter l’argent public par les fenêtres” a également affirmé le représentant de l’État. “On est extrêmement attentif sur ce genre de dérives.”
Le fonds Macron doit monter en puissance sur les trois prochaines années, puisqu’en 2024 et 2025, la dotation sera d’1.8 milliard de francs tandis par an qu’il atteindra 2,36 milliards en 2026. Au total, ce seront 7,16 milliards de francs que l’État prévoit ainsi d’injecter dans le processus de transition énergétique en Polynésie. Le prochain appel à projets prévoit d’être lancé à la fin du premier trimestre 2024.
Huit projets pour 1,2 milliard de subventions
Le président du Pays, Moetai Brotherson, à gauche, avec le haut-commissaire, Éric Spitz, à droite, lors de la signature du premier comité de pilotage du Fonds de transition énergétique. Crédit photo : Thibault Segalard.Au total, ce sont huit dossiers qui ont été sélectionnés. Trois unités de production photovoltaïque sur toiture avec stockage, à Taha’a, Taputapuātea et Rurutu. Trois projets d’hybridation de centrale thermique à Tikehau, Hao et Tahuata. À Hao, l’installation prendra place sur la dalle vautour, une ancienne installation du CEP.
Les deux autres projets font partie d’une seule et même proposition, puisqu’il s’agit de la construction d’une centrale hybride à Maiao ainsi que la création d’un réseau de distribution d’électricité sur l’ensemble de l’île. “C’est sur ce projet que j’aimerais attirer l’attention” a notamment indiqué Moetai Brotherson lors du premier comité de pilotage du FTE : “Maiao est souvent une île oubliée. Et là, on met les moyens pour que les habitants puissent enfin disposer de ce qui est pour nous, à Tahiti, une évidence. Ça va changer leur vie.” La livraison de la centrale est prévue pour la fin de l’année prochaine. À noter que ces projets ont été financés jusqu’à 92% par ce Fonds Macron.
Ne pas confondre Fonds Macron et Fonds Vert
Comme le haut-commissaire l’a rappelé, 2023 a aussi été la création du Fonds Vert. Mais attention de ne pas confondre les deux. En effet, ceux-ci ne financent pas exactement les mêmes initiatives. Le Fonds Vert, vise lui à subventionner les investissements locaux qui ont pour objectif de favoriser la performance environnementale, l’adaptation au changement climatique et l’amélioration du cadre de vie. Il est destiné à toutes les collectivités territoriales. “Le Fonds Verts a notamment financé le projet d’instruction des îles Marquises à l’Unesco ou encore des projets de protection de tortues…” a expliqué le haut-commissaire. Cependant, la mise en place de ces deux dispositifs s’inscrit, toujours selon Éric Spitz, dans une forme de cohérence, “pour l’avenir de la Polynésie et des Polynésiens”.