l’Espagne sort du nucléaire: casse tête, que faire des déchets?

Les centrales fermées devront conserver en leur sein les dechets lesplus dangereux. À moins de deux heures de route de Madrid, la future usine de La Moncloa à Villar de Cañas (province de Cuenca) devait servir à stocker les déchets nucléaires les plus dangereux. Elle ne verra finalement pas le jour, a tranché le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez (El País, 27 décembre 2023).

Après huit ans de retard, le septième « Plan général des déchets radioactifs » a finalement été validé en conseil des ministres. Or, ce texte constitue « une étape indispensable pour que l’Espagne puisse procéder à la fermeture ordonnée des cinq centrales nucléaires encore en activité, qui débutera en 2027 et s’achèvera en 2035″, écrivent nos confrères.

Démantèlement des centrales nucléaires

En effet, la sortie du nucléaire, annoncée en 2019, implique le démantèlement des centrales – et, par conséquent, un important volume de matières radioactives à gérer.

« Les déchets de très faible, faible et moyenne activité iront à El Cabril, le dépôt situé dans la province de Cordoue, qui devra être agrandi », précise le quotidien national espagnol. « Le problème a toujours été celui des déchets de haute activité (combustible usé) ».

Le plan de gestion actuel prévoyait une « usine de stockage temporaire »(almacén temporal centralizado, ou ATC) pour garder pendant « des décennies » ces déchets de haute activité, en attendant un lieu de stockage définitif. L’emplacement de cette infrastructure avait été fixé à Villar de Cañas par le gouvernement du libéral-conservateur Mariano Rajoy, non sans protestations.

Un projet définitivement enterré par le nouveau plan, selon lequel chaque centrale nucléaire devra construire, en son sein, son propre centre de stockage temporaire. Il y en aura donc sept, dont cinq pour les centrales en activité et deux pour celles déjà en cours de démantèlement, recense El País.

Un site de stockage définitif d’ici la décennie 2070

Les coûts de gestion des déchets prévus pour la période allant de 2024 à 2100 sont désormais estimés à plus d’une vingtaine de milliards d’euros. Soit environ deux milliards de plus qu’avec la solution basée sur un site de stockage commun à toutes les centrales, comparent nos confrères.

Le plan établit également une « feuille de route » pour que l’Espagne se dote, d’ici la décennie 2070, d’un site de stockage définitif (Almacén Geológico Profundo ou AGP), à l’instar de la Finlande, de la Suède, de la Suisse et de la France (projet d’enfouissement Cigéo) – pays qui ne les ont toutefois pas encore mis en service.

Les cinq centrales nucléaires espagnoles en activité, qui comptent sept réacteurs au total, fournissent aujourd’hui 20 % de l’électricité du pays. Un chiffre qui devra passer à zéro d’ici 2035, principalement grâce aux énergies renouvelables. En 2023, ces dernières auront déjà généré plus de la moitié de l’électricité – un record atteint à l’issue d’une « année exceptionnelle pour l’éolien et le solaire photovoltaïque« (Red Eléctrica, 19 décembre 2023).

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