Comme en 2019, les élections européennes se joueront à trois (vu dans Ouest France)
Pour beaucoup, la chose est entendue : le dimanche 9 juin 2024 prochain, les européennes se joueront entre le Rassemblement national et la majorité présidentielle. Cette certitude est non seulement trompeuse – rien n’est jamais écrit, en politique – mais elle écrase un autre match, d’importance : la bataille pour la troisième marche du podium, qui va compter tout particulièrement cette année.
Ouest-France Stéphane VERNAY, rédacteur en chef délégué à Ouest-France, directeur de la rédaction de Paris.Publié le 03/04/2024 à 06h30
Curieux scrutin, curieuse campagne. L’Europe est à la croisée des chemins, l’élection du 9 juin sera déterminante pour l’avenir du continent, mais la France s’obstine à voir le sujet par le petit bout de la lorgnette. Comme s’il s’agissait d’un match d’essence purement nationale, un simple tour de chauffe avant la présidentielle de 2027, et dont le résultat serait couru d’avance. Le Rassemblement national et la majorité présidentielle sont vus – à ce stade – comme les deux seules écuries capables de caracoler devant. Censées dominer de la tête et des épaules, on les croit assurées d’occuper les deux premières marches du podium au soir du 9 juin.
Cette manière de voir les choses n’est pas faite pour mettre du piment dans les débats. Elle peut même s’avérer redoutablement contreproductive, via « l’effet 3D » redouté par les équipes de campagne : « Démobilisation » (puisque tout est déjà joué, pourquoi aller voter ?) ; « Dispersion » (étant certain que mon ou ma candidate va gagner, pourquoi ne pas donner ma voix à un ou une autre, qui me plaît moins mais qui aurait bien besoin d’un petit coup de pouce ?) ; « Déception » (si mon camp faisait finalement moins qu’espéré).
Dans ce scénario annoncé, la bataille que les autres concurrents ont commencé à se livrer pour la troisième place promet d’être plus intéressante que le combat des chefs. Les Verts, emmenés par Yannick Jadot, avaient décroché cette fameuse troisième marche du podium en 2019. Contre toute attente, en obtenant quasiment deux fois plus de voix qu’il ne leur était promis par les sondages. Aujourd’hui pilotés par Marie Toussaint, Les Écologistes rêvent de créer à nouveau la surprise, en restant le troisième homme du scrutin.
Combat âpre
Ce sera très dur, le titre étant convoité par quatre autres formations politiques, qui jouent gros. La doublette formée par le Parti socialiste et Place Publique, d’abord, qui a le vent en poupe. Raphaël Glucksmann, très en forme, se voit déjà en haut de l’affiche. Mais il est talonné par Les Républicains de François-Xavier Bellamy, La France Insoumise de Manon Aubry et les Zemmouristes de Reconquête, rangés derrière Marion Maréchal. Trois familles politiques et trois personnalités condamnées à s’illustrer en juin si elles veulent pouvoir se maintenir sur la scène politique.
Le combat sera d’autant plus âpre que les amis d’hier ont tendance à se disputer les mêmes électeurs. À droite, LR, RN, Renaissance et Reconquête ne se cachent plus pour surenchérir autour des mêmes thèmes dans l’espoir d’attirer le chaland. À gauche, on cultive la division, et plus seulement entre Insoumis, écologistes et derniers représentants de feu « la gauche de gouvernement ».Irez-vous voter aux élections européennes le 9 juin ?Débattez !
Unis à Place Publique et au Parti Socialiste en 2019, Nouvelle Donne et le Parti Radical de Gauche, répudiés en 2024, veulent monter leur propre liste. Celle de Nouvelle Donne sera dirigée par l’eurodéputé sortant Pierre Larrouturou. Celle du PRG, par Guillaume Lacroix, en binôme avec Régions et Peuples Solidaires, anciens alliés des Verts, lâchés et fâchés avec eux depuis. Rajoutez les Communistes, menés par Léon Deffontaines, et vous aurez au moins six attelages à gauche – sans compter les habituelles formations de la gauche révolutionnaire – sur la ligne de départ.Contenus SponsorisésAilleurs sur le webClimatisation sans tuyau d’évacuation : Une solution intelligente pour votre maison ?Climatiseur sans tuyau | Annonces de rechercheRecherchezpar Taboola
C’est beaucoup. Partis comme nous le sommes, nous pourrions tout aussi bien battre le record du dernier scrutin européen. Dans la foulée des Gilets jaunes, 34 listes s’étaient bousculées au portillon. Dont six – seulement – étaient parvenues à obtenir plus de 5 % des suffrages exprimés permettant d’avoir des députés élus. La dispersion avait conduit les électeurs à concentrer leurs votes. On peut parier sur le même scénario cette année. Et que l’on ne retiendra les noms, après le vote, que du trio gagnant. Comme en 2019.