Vu dans Les Échos: Les impasses environnementales du projet de loi agricole dénoncées
Pour les ONG et les associations de défense de l’environnement, le texte présenté ce mercredi en Conseil des ministres fait l’impasse sur la nécessaire évolution des pratiques agricoles face au dérèglement climatique.Ajouter à mes articlesCommenterPartagerClimatEnvironnement
Par Marie BellanPublié le 3 avr. 2024 à 16:57Mis à jour le 3 avr. 2024 à 18:49
Ils l’ont écrit quasiment main dans la main. Le projet de loi d’orientation agricole, présenté ce mercredi en Conseil des ministres, est en quelque sorte une oeuvre commune. Celle du gouvernement et celle des syndicats agricoles, qui ont été maintes fois reçus ces dernières semaines par Gabriel Attal ou ses ministres, Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher notamment. Le gouvernement s’en prévaut comme une preuve de sa bonne connexion avec les attentes du terrain.
Mais pour les ONG et associations de défense de l’environnement, cette association se traduit par une déconnexion totale avec les enjeux du changement climatique.
« Rien de concret »
« Il est paradoxal que le mot de « transition écologique et climatique » soit utilisé si souvent dans le texte, mais que rien de concret ne vienne l’étayer, à l’exception des stress climatiques, ces diagnostics qui pourraient être faits lors de la transmission de l’exploitation. Mais faire un diagnostic sans accompagnement, ça ne va pas servir à grand-chose », déplore Thomas Uthayakumar, le directeur du plaidoyer et des programmes de la Fondation pour la nature et pour l’homme.
Pesticides absents du texte
La déception est générale parmi les ONG, que Gabriel Attal s’était pourtant appliqué à rassurer en les recevant à Matignon le 14 mars dernier. « Ce projet de loi s’attache à renouveler les générations en agriculture mais en omettant le renouvellement des pratiques. Aucune mesure ne s’engage à concilier l’agriculture de demain avec la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles », a réagi le WWF, à la suite de la présentation du projet de loi.
Le texte n’aborde pas non plus la question des pesticides, « trop risquée d’un point de vue politique », pointe Thomas Uthayakumar, ce qui empêche de traiter un autre sujet de taille : l’agriculture biologique. Pour rappel, l’Etat s’est fixé comme objectif d’augmenter de 20 % les surfaces bio en France d’ici à 2030.
Une étape pour passer la crise
Des omissions donc, mais aussi des reculs, estiment certains experts, notamment sur la requalification des sanctions pénales en sanctions administratives pour certaines atteintes à l’environnement : « Politiquement et juridiquement, il est compliqué de toucher aux normes environnementales. En diminuant les sanctions, on contourne le problème tout en répondant aux attentes de la profession agricole majoritaire », détaille Aurélie Catallo, chercheuse à l’Iddri et spécialiste des questions agricoles. Le message est essentiellement politique car comme le reconnaît le cabinet du ministre Marc Fesneau, « très peu de sanctions pénales sont prononcées en réalité ».
Si le texte a fait naître beaucoup d’attentes, il ne s’agit manifestement pas d’un point d’aboutissement, mais plutôt d’une étape censée aider à passer la crise agricole… et les élections européennes . Un signe qui ne trompe pas : la rencontre des syndicats agricoles avec le président de la République, promise par le chef de l’Etat lui-même, n’a toujours pas eu lieu.
Voir colloque du 19 mars à l’initiative des En métamorphose:
Iréne TOLLERET: https://www.dailymo0on.com/video/x8vdkx2
Georges FANDOS:https://www.dailymo0on.com/video/x8vedp6