repression policière
Un homme de 58 ans a été interpellé à son domicile près de deux mois après les faits qui lui sont reprochés. Ce militant anti-autoroute du collectif La voie est libre dénonce la violence de l’interpellation. Il dément également avoir commis les violences dont on l’accuse et affirme les avoir reconnus sous la pression.
Jean* dénonce la répression dont il estime faire l’objet dans le cadre de la lutte contre le chantier de l’autoroute A69. Il a été interpellé à son domicile le 25 avril dernier devant sa femme et sa fille, plaqué au sol et placé en garde à vue puis condamné dans la foulée à 10 mois de prison avec sursis.
La justice lui reproche des violences envers un gendarme alors qu’il tentait le 1er mars dernier, avec d’autres militants, d’apporter nourriture et eau aux « écureuils », ces opposants à l’A69 perchés dans des arbres, pour empêcher leur arrachage. Une action qui s’est déroulée quelques jours après l’alerte d’un émissaire de l’ONU en mission sur place.
« J’ai 58 ans, je suis père de deux enfants. Je vis sur ce territoire depuis plus de vingt ans. Je le parcours pour aller travailler sur les routes de l’Agout et du Girou ».
J’ai vu naître l’idée inexplicable d’un projet d’autoroute qu’on voudrait nous imposer, nous dépouillant de nos routes et de nos paysages. Je m’y oppose depuis le début, aujourd’hui au sein collectif La voie est libre.Jean, membre du collectif anti-autoroute A69
« Mais ce matin du 25 avril, les forces de l’ordre avaient décidé de me détruire… poursuit le militant. À peine le temps d’ouvrir les yeux et de sortir du lit, me voici plaqué au sol par des gendarmes, avec le visage 3 fois fracturé, un genou fracassé au sol, j’entends hurler derrière moi… On pensait à une erreur, ils ont investi notre maison, notre jardin, dans leurs gestes je ressentais une haine qui me mettait dans la peau d’un criminel, tout ça sous les yeux sidérés de ma fille ! Ils menacent de perquisitionner ma maison si je ne leur donne pas mon téléphone, je m’exécute… ».
Jean raconte qu’il est transporté, menotté, toutes sirènes hurlantes « dans un état de panique et de douleur à peine soutenable ». Il est interrogé durant plusieurs heures, montré à un médecin qui, dit-il, minimise ses blessures puis présentée à une substitut du procureur « qui décide de (le) mettre sous pression pour signer ». Des conditions d’interpellation et de traitement dénoncées par son avocate, Claire Dujardin.
Fractures et traumatisme crânien
« Elle me menace de peines incompréhensibles. Enfin elle m’annonce la sentence, je ne comprends pas… Je signe pour que tout s’arrête. Je sors de ce cauchemar, mais la peine qu’ils m’infligent m’enferme dans leur récit. Tout juste sorti, mes maux de tête me sont insupportables, je vomis sur le trottoir du tribunal. Ma famille est là, abasourdie et désemparée. Mes enfants ne me reconnaissent pas. Le soir aux urgences, derrière les œdèmes et les ecchymoses, les médecins me diagnostiquent trois fractures au visage et un traumatisme crânien ».
Par la voix de Jean, le collectif La Voie Est Libre affirme que les autorités brutalisent les opposants à ce projet et tentent de « criminaliser des habitants qui défendent un territoire et un avenir ». Il estime dans un communiqué qu’une répression est désormais à l’œuvre pour faire taire les personnes qui s’opposent au chantier de l’autoroute.
« Le 1er mars, nous étions déterminés à ravitailler celles et ceux qui se trouvaient encore dans les arbres. Les séquences filmées par quelques-uns d’entre nous ne montrent aucune violence de notre part. Affirmer deux mois après que l’un d’entre nous a violenté un gendarme relève d’une nouvelle manipulation inacceptable. Nous la dénonçons par avance en soutenant notre camarade et ses proches, sans oublier celles et ceux qui sont aussi poursuivis dans le cadre de cette lutte en cours contre ce projet inutile, écocidaire, antisocial et antidémocratique ».
Malgré de nombreuses tentatives, nous n’avons obtenu aucune information du parquet de Castres à l’heure où nous publions cet article.
*Le prénom a été modifié car l’intéressé souhaite pour l’heure préserver son anonymat