L’action pour le climat « peut » continuer

Après les élections, l’espace de défense du climat de l’UE doit faire face à une réalité embarrassante : contrairement aux projections, le centre a résisté face à l’extrême droite et les progrès restent envisageables.Certes, les partis d’extrême-droite ont progressé et les Verts ont perdu un quart de leurs sièges, mais le Parti populaire européen (PPE) de centre droit, les Socialistes et démocrates (S&D) de centre gauche et le parti libéral Renew ont remporté 400 sièges. Cette majorité stable en faveur de la négociation sur les sujets climatiques permet à l’action du Parlement en la matière de se poursuivre.Ainsi, l’UE « peut » continuer à jouer un rôle positif sur les questions climatiques à l’échelle mondiale, a déclaré Dan Jørgensen, responsable de la diplomatie climatique du Danemark.Linda Kalcher, directrice du nouveau groupe de réflexion bruxellois Strategic Perspectives, financé par le réseau philanthropique américain The Meliore Foundation, a expliqué que « l’extrême droite a fait des progrès évidents, mais cela ne se traduit pas nécessairement par plus de pouvoir ».En d’autres termes, les prédictions de blocage sur les questions climatiques faites par les écologistes, notamment pour mobiliser leurs partisans avant les élections, s’avèrent erronées. Plus encore depuis qu’une coalition des deux groupes d’extrême-droite, les Conservateurs et réformistes européens (CRE) et Identité et démocratie (ID) semble improbable – en l’état des deux groupes.En parallèle, Ursula von der Leyen, qui espère être réélue présidente de la Commission européenne, a déclaré lundi 10 juin à Berlin qu’ « indépendamment des résultats des élections, le changement climatique se poursuit », indiquant clairement à son collègue du PPE et leader de la CDU, Friedrich Merz, que la négociation de politiques climatiques se maintiendrait.Certes, le PPE n’est pas opposé fondamentalement aux politiques climatiques de l’UE. Néanmoins, les limites que fixent ses membres à la prise en compte du climat dans les politiques européennes, sont plus strictes que celles des membres de Renew ou du S&D.En forme de pic, Ursula von der Leyen a rappelé que le PPE s’était engagé à « lutter contre le changement climatique », rappelant que « le cap est fixé ». La présidente ne s’y trompe pas, puisque c’est la Commission qu’elle a dirigé qui a engagé l’Europe vers l’objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici à 2030 avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050.Dorénavant, l’UE est juridiquement engagée pour atteindre cet objectifs et tous les objectifs sectoriels.Les Verts, considérablement diminués en nombre de sièges (de 71 à 53), ont déjà annoncé leur intention de travailler avec Ursula von der Leyen, mettant fin à leur opposition de principe durant la campagne.Tout reste encore à faire, puisque certains textes ont été mis en difficulté lors de la dernière mandature, comme la fin de vente des voitures thermiques neuves en 2035 ou le texte sur la restauration de la nature. Selon Laurent Tubiana, président de la Fondation européenne pour le climat (European Climate Foundation, ECF), « l’arrêt » de la transition verte « nuirait à la compétitivité de l’UE et à sa position sur la scène internationale ».Tous les regards devraient se tourner maintenant vers les plans nationaux intégrés en matière d’énergie et de climat (PNEC) pour 2030, oubliés dans l’agitation. Les pays de l’UE ont jusqu’au 30 juin pour soumettre leurs plans définitifs.Cependant, les projets de certains pays sont en deçà des ambitions climatiques de l’UE, et les Français refusent de se conformer au cadre fixé. Et même si tous les plans actuels sont appliqués, les réductions d’émissions ne s’élèveront qu’à 51 %, au lieu des 55 % visés.Les plans définitifs seront le véritable signal de l’engagement de l’Europe en faveur de la décarbonation.

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