Vu dans Challenges: le projet Bardella/RN est déficitaire

C’est une des questions qui va agiter la campagne : une victoire du Rassemblement nationale aux élections législatives 2024 va-t-elle mettre à genoux l’économie française ?

Le projet du RN est déficitaire

Les mesures phares du RN coûteraient environ 70 milliards d’euros au contribuable. Dans le détail, les dépenses liées au retour à la retraite à 60 ans coûteraient 17 milliards. L’exonération de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans est chiffrée à 3,7 milliards. L’augmentation de 10 % des salaires jusqu’à 3 smic exonérée de cotisations patronales coûterait 10,5 milliards, une mesure qui pourrait, en outre, loupée sa cible, comme l’estime l’économiste Stéphane Carcillo (OCDE). La nationalisation des autoroutes est estimée à 40-50 milliards. Au total, les dépenses seraient comprises entre 114 et 124 milliards d’euros selon Allianz.

LIRE AUSSI« Irréaliste, inefficace et fallacieux » : dix économistes alertent sur le projet de Jordan Bardella et du RN

En excluant le retour des routes dans le giron public, les dépenses ressortent à 74 milliards. Cette mesure était prévue dans le programme économique de Marine Le Pen lors de la présidentielle 2022. Reste à savoir si elle sera maintenue.

Les estimations des économistes d'Allianz concernant le programme économique du RN.

Les estimations des économistes d’Allianz concernant le programme économique du RN. Crédit: Allianz Research

Pas suffisant en tout cas pour éviter un déficit budgétaire du programme du RN. Car en face, les rentrées d’argent liées aux réformes promises sont estimées au mieux à 54 milliards d’euros. Les économies liées à l’immigration – et notamment sur l’aide médicale universelle – sont par exemple chiffrées à 16 milliards.

Le programme du RN augmentera le coût de la dette

Les économistes d’Allianz prennent également en compte le coût des emprunts, qui monteraient en flèche. « Dans ce scénario (celui d’une victoire de Bardella, N.D.L.R.), nous nous attendons à ce que les taux d’intérêt grimpent à 3,5 % en 2025 et restent supérieurs à 3 % en 2026, les marchés financiers réagissant négativement aux coûts budgétaires ».

Les obligations d’Etat à 10 ans connaîtraient un élargissement de +50 points de base. « Il s’agirait probablement d’une réaction aux risques accrus de dérapage budgétaire et à l’augmentation des tensions intra-européennes », estime Allianz Research. Les économistes notent toutefois qu’il ne faut pas sous-estimer un soutien de la Banque centrale européenne pour calmer les marchés. Les marchés actions pourraient, eux, dérailler de 10 %.

LIRE AUSSISondage législatives 2024 : raz-de-marée des députés RN en vue à l’Assemblée

Si le scénario de l’extrême droite au pouvoir se confirme dans les urnes, les économistes estiment que son exercice ne devrait pas durer. Allianz Research envisage l’arrivée d’un gouvernement technocratique après le renversement de Bardella à l’Assemblée nationale suite à une motion de censure. L’élection d’un « sage », façon italienne Mario Draghi en Italie, est envisagée. Ce scénario permettrait de limiter le glissement des comptes publics. Les perspectives de croissance seraient à peine affectées, mais le déficit public resterait proche de 5 % du PIB. « Les efforts d’assainissement budgétaire et les réformes structurelles seraient au point mort et il n’y aurait pas grand-chose à attendre sur le front de la politique économique », estiment-ils.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *