Teahupo’o

Kauli Vaast dompte Teahupo’o et se pare d’or. Le Tahitien Kauli Vaast a obtenu, dans la nuit de lundi à ce mardi à Teahupo’o (lundi après-midi, heure locale), le premier titre olympique tricolore en surf et la première médaille d’or du sport tahitien, en battant avec panache en finale l’Australien Jack Robinson. Le surfeur de 22 ans a pris les deux plus belles vagues d’une finale très relevée pour s’imposer quelques dizaines de minutes seulement après le bronze remporté par la Réunionnaise Johanne Defay.

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La Française Johanne Defay, lors de la finale de surf féminine des JO de Paris, à Teahupoo, à Tahiti, le 5 août 2024.
La Française Johanne Defay, lors de la finale de surf féminine des JO de Paris, à Teahupoo, à Tahiti, le 5 août 2024.  BEN THOUARD / VIA REUTERS

Le bronze puis l’or. En quelques minutes, lundi 5 août, le surf français a écrit sa plus belle page avec le sacre olympique de Kauli Vaast, originaire de Tahiti, magnifiant avec panache la troisième place obtenue juste auparavant par sa compatriote Johanne Defay, sur la vague enivrante de Teahupoo, à Tahiti.

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« Je ne m’en rends pas vraiment compte, mais je viens d’écrire l’histoire », s’est exclamé le premier champion olympique du surf français. « Je ne peux pas être plus fier de représenter Tahiti et la France à domicile », s’est-il réjoui, après une finale de prestige parfaitement maîtrisée face à l’Australien Jack Robinson.

Habitant tout près du spot et porté par la ferveur de toute la Polynésie, le surfeur de 22 ans a pris l’ascendant sur la série, dès sa première vague, notée 9,50, pour finalement obtenir un total de 17,67, contre les 7,83 de son adversaire, résigné lors des derniers instants, faute de trouver des vagues.

« J’ai mis un beau score sur ma première vague et ensuite, c’étaient les quinze minutes les plus longues de ma vie. Mais il n’y a plus eu de vague pendant quinze minutes… le mana était avec moi », a confié Kauli Vaast, en référence à la force surnaturelle de la culture polynésienne.Le Monde Mémorable

Dès que la cloche de fin de série a sonné, le héros de Teahupoo a filé dans les bras de l’entraîneur de l’équipe de France, Jérémy Florès, seul Français à s’être jamais imposé lors d’une étape du tour pro à Tahiti en 2015. Florès, l’un des grands architectes de cette victoire et du bronze obtenu par la Française Johanne Defay, quelques dizaines de minutes plus tôt, était fier de ses troupes.

« On a essayé de faire le maximum pour qu’ils se sentent bien (…) sans trop se mettre de pression, et c’est là où ils ont réussi à vraiment gérer », a-t-il estimé.Lire aussi |  Article réservé à nos abonnés  Surf aux JO 2024 : de la joie et des larmes pour l’équipe de FranceAjouter à vos sélections

Pensionnaire depuis plusieurs années de la 2e division du surf mondial (les Challenger Series), Kauli Vaast a souvent été capable de battre les meilleurs surfeurs du circuit élite sur ce spot, comme, en 2022, quand il a atteint la finale du Tahiti Pro sur invitation. « Mon but désormais, c’est de me qualifier sur le Championship Tour [le circuit élite du surf] et c’est ce que je vais continuer à faire mais c’est un boost énorme pour la confiance », a-t-il dit peu après sa victoire olympique.

Le Français Kauli Vaast, lors de la finale de surf masculine des JO de Paris, à Teahupoo, à Tahiti, le 5 août 2024.
Le Français Kauli Vaast, lors de la finale de surf masculine des JO de Paris, à Teahupoo, à Tahiti, le 5 août 2024.  JEROME BROUILLET / AFP

Kauli Vaast a grandi à Mahina, dans le nord de Tahiti, avant de s’installer avec ses deux parents véliplanchistes face à la vague de la presqu’île, rendue célèbre dans le monde entier au début des années 2000. Sa victoire a suscité rapidement des démonstrations de joie un peu partout à Tahiti. Sa mère, en revanche, n’a pas voulu voir son fils surfer : « Quand il fait les compétitions à Tahiti, je fais le jardin », a déclaré Natou Vaast, se fiant aux cris des voisins pour connaître les résultats.Newsletter « Paris 2024 »« Le Monde » décrypte l’actualité et les enjeux des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.S’inscrire

Kauli Vaast succède comme champion olympique de surf au Brésilien Italo Ferreira, titré, en 2021, à Tokyo, pour la première apparition du sport aux Jeux olympiques.

Proche du sacre mondial

Pour Johanne Defay, la médaille de bronze récoltée, lundi, n’a pas le même éclat, mais la Réunionnaise restera dans l’histoire comme celle qui a donné au surf français sa première récompense olympique.

Battue en demi-finales par Caroline Marks – championne du monde 2023 et finalement championne olympique – à l’issue d’une série très serrée, au cours de laquelle les deux surfeuses ont terminé à égalité de points, mais pendant laquelle l’Américaine avait scoré la meilleure vague, Johanne Defay, 30 ans, a parfaitement réagi lors de sa petite finale face à la Costaricienne Brisa Hennessy.

La Française a fait la différence (12,66) avec des manœuvres très engagées sur des vagues modestes pour le spot. Brisa Hennessy (4,93), habituellement plus performante que son adversaire dans les tubes tahitiens, n’a pas trouvé la vague qui lui convenait et a trop attendu.

Preuve d’un parcours remarquable, Johanne Defay avait commencé sa compétition olympique dans la douleur avec une blessure à la tête sur la première vague de sa première série. Elle avait été suturée sur le haut du front, avant de battre deux favorites à Teahupoo : sa compatriote tahitienne Vahine Fierro, puis la championne olympique en titre, Carissa Moore.

Avec six victoires d’étapes en dix ans, au sein du circuit pro et désormais une médaille de bronze olympique, Johanne Defay est considérée comme la plus grande surfeuse française de tous les temps.

Arrivée dans l’élite à 20 ans, après une enfance passée à La Réunion, où elle a appris à surfer, Defay a été proche du sacre mondial plusieurs fois et avait terminé 9e pour la première apparition olympique du surf à Tokyo. A Tahiti, l’outsider a répondu aux attentes

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