Les mangroves , protections à chouchouter

A l’occasion du colloque « la forêt + 4° » l’ AJE (association des journalistes environnement )a reçu Alain BRONDEAU, délégué Outre-mer au Conservatoire du littoral. Cet ingénieur forestier est spécialisé dans la gestion des forêts tropicales et plus particulièrement chargé de la protection des mangroves

Il était interviewé par Dominique Martin Ferrari (4 52 à 5 24)

A Brondeau : » les forêts tropicales outre-mer sont soumises à un mode de gestion très différent de celui de nos forêts françaises hexagonales. Notamment la forêt guyanaise morceau d’Amazonie.

Grâce aux Outre mer la recherche française travaille sur la biodiversité des mangroves et leur capacité de stockage du carbone. Elles  se développent en zone côtière. Formant une interface unique entre les écosystèmes terrestres et marins, elles abritent une biodiversité encore en partie méconnue, stockent d’importantes quantités de carbone atmosphérique On pourrait croire que la richesse de la mangrove tient à ses palétuviers, c’est une erreur. Ils sont peu variés. On compte soixante dix espèces dans le monde. La biodiversité végétale est donc relativement faible, du fait des contraintes particulières de ces milieux, la biodiversité animale est quant à elle plus importante, et la biodiversité et les capacités de captation résident dans la biodiversité des sols de mangrove. Ces capacités sont importantes mais la mangrove est peu étendue et même si on en doublait la surface on ne capterait qu’ 1% du carbone émis ».

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                                  (les mangroves sont représentées sur cette carte par un trait noir)

Les données satellitaires les plus récentes estiment la superficie totale des mangroves à environ 147 000 km² ce qui représente « seulement » un quart de la superficie de la France métropolitaine. Bien que cette superficie soit relativement restreinte, les mangroves s’étendent sur près de 75 % des rivages des régions tropicales et subtropicales de la planète, formant une fine interface entre les écosystèmes terrestres et marins généralement de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres de largeur

Le Programme des Nations unies pour l’environnement estime qu’environ 100 millions de personnes à travers le monde vivent à moins de 10 kilomètres d’une mangrove.

Les mangroves, agissent comme des barrières naturelles contre les événements climatiques extrêmes, atténuent l’énergie des vagues, limitent l’érosion . Un service écosystémique dont la valeur est estimée à plus de 65 milliards de dollars chaque année à travers le monde Avec le changement climatique, l’intensité et la fréquence des événements climatiques extrêmes augmentent : la protection offerte par les mangroves devient d’autant plus importante.

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Face au dérèglement climatique l’étude de la mangrove peut apporter des réponses. Contrairement à d’autres écosystèmes, tels que les récifs coralliens, les mangroves tolèrent bien l’élévation des températures. Au contraire, leur distribution est limitée par les températures plus froides. Ainsi, à mesure que le climat se réchauffe, les mangroves devraient réagir par une expansion de leur aire géographique vers les hautes latitudes

A Brondeau : « Sur les modifications de température nous savons peu du fait du cercle vicieux enclenché avec le corail . Si le corail ne protège plus la mangrove de la haute mer, c’est aussi grave que si la mangrove ne protège plus le corail des effluents terrestres. La mangrove va nous renseigner sur la modification du régime des eaux, sur la capacité de stockage des sédiments piégés par la mangrove. Plus ou moins d’apport d’eau change la mangrove et c’est ce que nous devons anticiper. Le rôle du Conservatoire est d’anticiper la migration vers l’intérieur, éviter le barrage d’un port, d’une route…Laisser la place à ce que sera la mangrove de demain. . Les élus ont compris l’importance, l’enjeu. Le Conservatoire peut acheter du littoral et empêcher la destruction de la mangrove. » Entre 1996 et 2010, la surface moyenne déforestée était de 327 km² (0,21 %) par an, tandis qu’entre 2010 et 2020, celle-ci a chuté à 66 km² (0,04 %) par an. Ces données montrent un ralentissement du déclin global de la superficie des mangroves.

« Mais plus difficile est d’acheter ce qui se trouve à l’arrière, cette parcelle de canne à sucre qui ne survivra pas dans trente ans à la montée du sel. On essaie donc d’anticiper la salinité. »

Ce que nous démontre ce reportage tourné dans le grand cul de sac marin en Guadeloupe (voir de 9’ à 12’) tourné en 2013

Dominique MARTIN FERRARI

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